Dans la collection de Vertommen
Greg, Alain Saint-Ogan, Zig et Puce - Planche Originale - Le voleur fantôme - Planche 32. - Planche originale
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Zig et Puce - Planche Originale - Le voleur fantôme - Planche 32.

Planche originale
1963
Encre de Chine
Mine de plomb, encre de chine, gouache blanche.
36.8 x 45 cm (14.49 x 17.72 in.)
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Détail partie supérieure de la planche.
Détail partie inférieure de la planche.
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Détail de ce beau cadrage en perspective cavalière.
Plan rapproché avec beau découpage de cette séquence.
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Verso avec cachet de l'imprimerie.

Description

Zig et Puce - Planche Originale - Le voleur fantôme - Planche 32.

Inscriptions / Signatures

Verso : Cachet imprimerie et remarque du correcteur.

Commentaire

Prépublié dans le journal tintin N° 28 du 1963, en page 07.
Parutions dans le Samedi Jeunesse N° 118 d'août 1967 dans un récit complet de 44 pages.
Rassemblé, en album, dans la Collection Jeune Europe des Editions Lombard en 1965
Ensuite, dans diverses éditions et rééditions (Lombard, Dargaud, Glénat).


Créés en 1925 par Alain Saint-Ogan, Zig et Puce ont connu un succès foudroyant jusqu'en 1956.
Prévu à l'origine pour combler un manque publicitaire dans l’hebdomadaire «Dimanche illustré» (1), Zig et Puce voient le jour sous la plume de Alain Saint-Ogan dans le n° 11 du 3 Mai 1925.
Ils occupaient la dernière page du Dimanche-Illustré, supplément dominical au journal "Excelsior".
La recette est fort simple : trois personnages simples et attachants. Zig est grand, Puce est un petit gros aux cheveux roux
Dans le n° 148 du 27 Décembre 1925, ces deux amis font la connaissance du manchot (2) Alfred ; lequel va leur devenir inséparable.
Les deux petits garnements connaissent rapidement un succès phénoménal : les lecteurs écrivent en masse et réclament leur présence plus régulière.
Ce qui sera fait dès le n° 202 du 9 Janvier 1927.

Le graphisme d'Alain Saint Ogan est simple, clair, lisible.

Révolutionnant la lecture en introduisant ce que l'on appellera le "phylactère" de manière plus constante. La "BD" d'alors était plutôt "narrative", avec le textuel sous l'image.

Autre révolution, une véritable "explosion" avec, pour l'époque, un énorme merchandising.

Alfred devient un fétiche national et international.
Sous forme de poupée porte-bonheur, il est adopté par Jeanne Renouard qui épousera Fernand Gravey peu après, Mistinguett, Joséphine Baker, Yvonne Printemps.
Lindbergh l’emporte dans le Spirit of Saint-Louis pour sa traversée de l’Atlantique.
Lors d’une compétition de voitures de course, le président Doumergue remet le "pingouin d’Alfred" (alors que c'est un manchot !) aux vainqueurs en guise de coupe.
Marcel Doret, le pilote aux 22 victoires, le commandant Byrd pour L’America, l’adoptent.
Alfred est mis en chanson. Dans la rue, on entend la scie : « Alfred, Alfred, c’est le nom de mon joli pingouin, à tous il vient en aide. Grâce à lui, on a plus de tintouin, tout devient très facile ».
Et Alfred, Zig et Puce montent également sur les planches du théâtre.

A son tour, Benjamin Rabier dessine Alfred en hommage à son auteur.
C’est d'ailleur à peu près l’époque où un jeune homme vient demander à Alain Saint-Ogan ce que valent les dessins qu’il lui soumet. Le jeune homme c’est Hergé. Le maître l’encourage.
Plus tard Hergé saura dire ce que Tintin et Milou doivent à Zig et Puce.

Toujours est-il qu’on voit encore Alfred, en ornement de lustre, de bouchon de radiateur, en jeu de massacre, en personnage de marionnettes.
C’est le premier gadget européen, « kitch » dirait-on aujourd’hui.

Après la première guerre mondiale, un film avec acteurs est consacré encore à Zig et Puce.
La réplique « T’as le bonjour d’Alfred », dite régulièrement après que Zig et Puce aient défait un adversaire, devient une expression du langage courant utilisée lorsqu’on vient de donner une leçon à quelqu’un.

Bref, cela n'arrêtera plus malgré leur retraite prise en 1956.

Pour rappel, Alfred en était le prix remis aux vainqueurs des premiers salons de la BD d’Angoulême avant d'être détrôner par Hergé (Alph'Art).


Arriva Michel Greg (3) qui lui proposa, en 1962, de les reprendre pour de nouvelles aventures.
Alain Saint-Ogan lui céda les droits sur les personnages.
Lorsque le premier épisode des nouvelles aventures de Zig et Puce, "Le voleur fantôme", commença à paraître le 26 mars 1963 dans Tintin (4), Alain Saint-Ogan s’exclama par lettre interposée : « Parfait ! Superbe… Merci ».


Si les héros ne retrouvèrent pas leur gloire d’antan, Greg leur offrit une belle seconde vie par la douceur de son trait que nous pouvons particulièrement apprécier, dans cette planche, où il reprend les personnages dans un récit plein de mystère et d'action.
"Le voleur fantôme" sera suivi par 05 autres épisodes et 02 récits complets jusqu'en 1970.

Greg a rajeunit la bande et la modernisant et donnant, aux jeunes héros, une apparence graphique moins enfantine, et avec toujours son humour enjoué et subtil encore loin des facéties taloniennes, mais proche de ses autres créations humoristiques comme "Rock Derby", "Babiole et Zou" ou "Les As".
Greg y adjoignit des seconds rôles très amusants et finit même dans le scénario, et surtout dans les dialogues, à vraiment faire du Greg, ce qui était régalant à mes yeux.

Hélas le succès commercial ne fut pas suffisemment au rendez-vous et Greg finit par abandonner la série. Greg étant également accaparé par ses fonctions de rédacteur-en-chef du journal Tintin (5).

Avec "Le voleur fantôme", nous avons un récit plein de mystère et d'action, ou Greg, dans ce premier album, n'est pas complètement à l'aise.
Son évolution graphique correspond bien à un affranchissement progressif du style d'Alain Saint-Ogan pour une mise en page plus moderne (6).
Par exemple, avec Zig se rapprochant du héros belge canonique, au visage en forme d’urne, le front élevé dénotant l’intelligence et la maturité mais la joue ronde conservant au personnage le caractère foncièrement enfantin qu’ont tous les personnages comiques de l’école belge.


Cette reprise est sous la formule du feuilleton en une planche hebdomadaire, et il en découle l’usage d’une relance dramatique.

Les cinq premières planches du récit "Le voleur fantôme" s’achèvent toutes par une dernière case amenant une surprise hors-case.
Sur des suspens style un « attention ! », un « plus un geste ! », un « au voleur ! ». Ce qui procure du reste, à la lecture de l’album, une impression de répétitivité et d’artifice.

Ce que nous remarquons pour cette planche présentée ici, c'est cette relance dramatique par irruption d’un élément nouveau, annoncé dans la dernière case, étant un emprunt direct à un code d’Hergé, qui représente souvent la tête du personnage tournée vers la bulle annonciatrice de quelque catastrophe, réelle ou apparente.


Cependant, le changement le plus important est l’organisation de l’espace diégétique.
Le lieu physique de l’action correspond chez Greg à un décor tridimensionnel, repérable sur un plan, les cases fonctionnant dès lors comme des plans saisis par une hypothétique caméra comme si bien réalisé sur cette planche.
Ce décor s’inspire d’un référent naturel, ayant fait l’objet d’un reportage photographique. Greg écrit à Saint-Ogan : « Entendez par là que nous avons dessiné et fixé le plan complet du petit village imaginaire de France où va se passer l’action et où sont censés habiter nos héros. Le village, réduction humoristique de ce qu’on trouve dans la réalité, comporte son église, sa banque, sa mairie, sa promenade, ses magasins... (...) Ce fond sera immuable. On pourra y retrouver les détails de chaque déplacement de Zig et Puce. (...) Idem pour la maison de Zig et Puce, dessinée en plan, en écorché, avec chaque meuble à sa place. Il est important aujourd’hui que le lecteur s’y retrouve, s’y sente chez lui, apprenne à connaître le moindre recoin. » (7).
Exemple dans cette planche ou le décor interagit avec l’intrigue elle-même. "Le voleur fantôme" repose sur le motif de la « chambre close ».


Par contre, le manchot Alfred, qui chez Alain Saint-Ogan est plutôt un commentateur de l’action, occupe chez Greg une fonction dramatique, en provoquant des catastrophes ou en se mettant dans des situations critiques dont il faut le sauver.
Il se voit attribuer de plus un rôle de gardien, qu’on ne trouve pas du tout chez Alain Saint-Ogan. Il avertit contre les dangers ou prenant la défense de ses maîtres, à la manière de Milou dans les aventures de Tintin. À ce titre, Greg opère un changement important en le dotant d’une variété de cris (Krrrh ! comme dans cette planche ou Glouk ! à un autre moment de l'histoire).


Il faut préciser pour finir que Zig et Puce ne sont plus du tout, dans ce premier album de Greg, les marginaux adeptes du « système D » qu’ils étaient chez Alain Saint-Ogan.
Ils habitent, comme les personnages de Spirou et Fantasio dans leur version dessinée par André Franquin, une coquette villa de style moderne.
Et le manchot Alfred dispose même d’une trappe lui permettant de descendre l’escalier en glissant sur la rambarde.

Pour clore, nous retrouvons dans cette planche, les principaux protagonistes.
Zig, Alfred, Monsieur Croûte et Bonoeil, le Brigadier Fonducoeur, la mouche (case 3 du 3ème stip) et sa prison étant la flaque d'eau provenant du glaçon et, en fin de planche, le fameux voleur fantôme.
Même si Puce et le fameux cheval Marcel ne s'y retrouvent pas, ne boudons pas notre plaisir d'apprécier cette pièce qui m'a séduite par son intrigue s'y trouvant, sa mise en page avec plans cinématographiques et surtout, ce magnifique encrage de Greg.

Bref, série des deux auteurs à redécouvrir avec bonheur ;-)


1 : A la demande de Henry de Weindel et Camille Ducray, responsables d'éditions.
2 : Et non un pingouin !
Les pingouins volent, contrairement aux manchots comme Alfred.
3 : Michel Regnier, dit Michel Greg, étant un grand admirateur d’Alain Saint-Ogan.
À cet égard, on peut penser que le meilleur hommage à Saint-Ogan qu’ait pu produire Greg est sa série la plus connue Achille Talon, créé pour Pilote en 1963. Les proximités du personnage éponyme avec le Monsieur Poche d'Alain Saint-Ogan sautant aux yeux.
4 : Le numéro 13 de Tintin
5 : Après "Le Voleur fantôme", il y eu 5 autres épisodes et 2 récits complets jusqu'en 1970.
6 : Très bien expliqué par Harry Morgan dans "Zig et puce chez les belges".
7 : Lettre de Greg à Saint-Ogan, cité par Benoît Mouchart, « Zig et Puce de Saint-Ogan à Greg », Le Collectionneur de bandes dessinées No.91, été 2000, p. 24-27 ; citation p. 25.

Publications

  • Le voleur fantôme + le vagabond d'Asie
  • Lombard
  • 04/1965
  • Page 34
  • Le voleur fantôme + le vagabond d'Asie
  • Lombard
  • 05/1984
  • Page intérieure

Voir aussi :   Zig et Puce

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A propos de Greg

Michel Greg dit Greg, pseudonyme de Michel Louis Albert Regnier, est un dessinateur, scénariste, rédacteur en chef et directeur littéraire de bande dessinée belge naturalisé français. Avec plus de 250 albums à son actif, en tant que dessinateur et (ou) scénariste, il fait partie des créateurs les plus prolifiques de la bande dessinée franco-belge.

Autres planches originales et illustrations liées à Greg :