XIII - Le jugement

Planche 26

Je voulais absolument une planche avec Jones et XIII.
Mais quand on regarde l’évolution graphique de la série, il faut bien reconnaître que sur les premières apparitions de Jones (tome 2), Vance se cherche un peu et alterne le bien et le vraiment moins bien avec une fâcheuse tendance à beaucoup mieux la réussir de profil que de face. Heureusement, ça va bien vite s’améliorer dès le tome 3, et à partir de ce moment-là, cette amélioration sera quasi permanente avec à chaque album une Jones de plus en plus désirable avec ses yeux de biche qui vont devenir sa marque de fabrique.
Même si certains puristes de XIII considèrent que l’âge d’or de la série s’arrête au tome 8, (qui nous donne d’ailleurs droit à la première présence de Jones sur la couverture), personnellement je considère le tome 12 comme le sommet graphique de William Vance. Si on place le tome 13 à part, je trouve que dans les tomes suivants, les visages de XIII et de Jones sont parfois un peu moins bien et j’ai l’impression que Vance délaisse son personnage fétiche (Jones) au profit de la nouvelle venue, Jessica.
Après, si je vous dis que j’ai acheté cette planche en 1999, vous me direz que mon analyse est un peu orientée … Mais je ne crois pas. Dans ce tome 12, on a droit à une succession de mises en scène et de dessins magnifiques exploitant tous les registres les uns après les autres comme une sorte de catalogue : la ville, la campagne, la plage, les militaires, un avion, un hélico, une jeep, la pluie (la fameuse pluie de Vance), le coucher de soleil sur un lac (fameux aussi), de l’action, de l’émotion, des coups de feu, des explosions … impossible de tout lister !!!
Et donc dans tout ça, si on cherche une planche exceptionnelle avec Jones et XIII,
- il y a la planche 12, que William Vance n’avait déjà plus à l’époque (j'ai toujours pensé que c'était Jean Van Hamme qui l'avait récupérée) … snif …
- il y a la 11 (encore de la pluie), magnifique mais avec des personnages pas trop visibles (si j’avais eu suffisamment de sous pour en acheter 2, peut-être …) – et d’ailleurs en la regardant, je me dis que mon petit crayonné de Jones http://www.2dgalleries.com/art/xiii-crayonne-major-jones-72397 est très certainement en rapport avec cette scène (maintenant que j’ai découvert l’avion, je vois bien que c’est le même !!)
- et puis il y a la planche 26 que j’ai choisie parce que Jones est partout, qu'elle est plus féline que jamais dans les cases 5 et 6, parce que la case 8 est extraordinaire (on la retrouve d’ailleurs dans le dossier de presse), parce que la case 4 avec Jones et XIII en tête à tête est parfaitement représentative de la relation très particulière qui unit les 2 personnages et aussi parce qu’on a droit aux magnifiques yeux de biche de Jones dans la case 7 … et puis mine de rien, la composition de la planche est parfaite, elle raconte une histoire avec une progression d’abord tranquille puis avec de la tension et pour finir une chute tout en suspense … j’adooooore !!!! D'ailleurs, en ce qui concerne la case de chute, l'angle de vue est parfait d'un point de vue mise en scène, mais c'était quand-même un choix sacrément gonflé et ultra casse-gueule de représenter Irina sous cet angle ... et pourtant, Vance a su maîtriser cette posture à la perfection : chapeau !

Pour conclure, je vais me permettre de citer le maître :
"Je ne fais pas de décors hyper fouillés où chaque case nécessite deux jours de travail. On peut mettre autant de temps que l'on veut pour réaliser une image et dessiner une multitude de détails dans le décor mais c'est un piège, car la planche doit être lisible au format de l'album. Je ne suis pas un remplisseur de papier. Je me limite. L'important c'est que le dessin soit très lisible, quitte à supprimer certains détails. Dans le fond, quand les personnages sont bien représentés, quand la lecture de l'action est claire, on pourrait, à l’extrême, se passer des décors. Au départ d'une séquence, il faut planter le décor, le mettre en vedette, mais après, on peut le laisser tomber. C'est le personnage qui prime, le décor est superflu."
(extrait de "XIII - 20 ans sans mémoires" éditions HORIZON-BD décembre 2004)

Merci Monsieur Vance !