Tibet - Chick Bill - Chick Bill en Arizona - Planche 3 - 1953

Tibet

1951-1952. C’est l’époque où Raymond Leblanc, fondateur du journal "Tintin", attentif à la concurrence de « Mickey-Magazine » dont le tirage avoisine les 100 000 exemplaires, demande à quelques jeunes dessinateurs du journal de lui faire une proposition pour une nouvelle aventure à suivre destinée plus particulièrement aux très jeunes lecteurs de l’hebdomadaire.

Tibet, qui a 21 ans, propose en huit illustrations le projet d’une histoire animalière. Fort de la publication de son premier récit complet le 26 septembre 1951 dans le numéro anniversaire des 5 ans de l’hebdo « Tintin » édition belge, il met en scène le héros principal de ce récit, le singe Yoyo, pour présenter dans le rôle "d'ambassadeur", Chick Bill, Kid Ordinn, Dog Bull et quelques autres - Ces illustrations sont dans ma galerie : Tibet - Chick Bill - Projet en 8 illustrations pour la création de la série.

Le projet est recalé par Hergé : « Hergé m’a félicité, m’a dit que mon graphisme était au point, avait du dynamisme, qu’à mon âge, il n’en faisait pas autant… mais qu’il n’en voulait pas dans Tintin. L’horreur ! Je suis rentré chez moi effondré. J’en ai pleuré de rage et d’impuissance ». Source : « Tibet, la fureur de rire » de Patrick Gaumer, édition du Lombard, 2000.

Début 1953, Tibet qui effectue alors son service militaire dans l’armée de l’air, du coté de Dijon, reçoit une lettre d’André Fernez, le rédacteur en chef de « Tintin » qui lui apprend le lancement de l’hebdomadaire « Chez Nous-Junior » et lui demande s’il peut dessiner deux planches hebdomadaires de Chick Bill…

Tibet parle de cette époque : « Chaque semaine durant mes dix-huit mois de service militaire j’envoyais deux planches de Chick Bill en Arizona. Mon frère indiquait les couleurs sur calque. On m’avait commandé une première histoire d’une cinquantaine de planches, et aucun ouvrage n’avait alors de pagination. Je me suis lancé dans l’aventure avec, pour point de départ, une simple idée, cette vague histoire « d’invisible ». J’ignorais complètement ou j’allais, mon seul souci étant d’entretenir un suspense au bas de chaque planche. J’aimais bien travailler comme cela, sans contrainte. Lorsque j’étais un peu en panne de scénario, j’avais trouvé une solution pratique, j’introduisais un nouveau personnage. L’action était alors relancée. Hergé procédait exactement de la même manière avant-guerre... J’ai naturellement employé les bulles rectangulaires « à la Hergé », et puis Franquin est arrivé, avec ses phylactères ronds et ovales. Je les trouvais tellement plus modernes que je les ai progressivement adoptés. » Source : "Mystères", une biographie en images, édition D. Maghen, 2015.

Sous le titre Chick Bill en Arizona, cette planche 3 qui se lit au format à l’italienne sur toute la longueur de chaque strip est parue pour la première fois dans :

- Junior n°3 du 12 novembre 1953
- Ons Volkske n°37 du 16 septembre 1954.

Cette histoire sera reprise en album sous le titre « Chick Bill contre l’invisible ».

Dans son projet initial rejeté par Hergé, Chick Bill, appelé initialement Mac Aniche était un cow-boy à la tête de... caniche, mais Dog Bull était déjà un shérif a la tête de bouledogue et Kid Ordinn, son adjoint, avait bien un museau de cochon. Tibet humanisera progressivement les têtes animalières de ses personnages et Chick Bill fera son apparition, humanisé, dans l’hebdo « Tintin » en octobre 1955 sous le titre « Les diables à quatre ».