In p4intkillr 's collection
Thorgal - Tome 17 "La Guardienne des Clés", planche 40
Ink
Added on 12/20/24
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Thorgal - La Gardienne des clés (T.17), Le Lombard 1991
Planche originale n° 40, prépubliée dans Hello BD n° 83 du 23 avril 1991.
Encre de Chine sur papier 36,5 × 51,1 cm
La série Thorgal est le produit de la rencontre de deux génies: un génie du scénario d'abord, Jean Van Hamme qui, mêlant habilement les mythologies nordiques avec un zeste de science-fiction, arrive à écrire des séquences très resserrées où le rythme ne faiblit jamais, tout en restant dans une lumineuse simplicité des enjeux. Le génie de Rosinski ensuite, dont le dessin est original et moderne, très différent du «style franco-belge ».
Roman Surzhenko dira de la série :”Dans les années 90, mes seules lectures en matière de bande dessinée se résumaient à de courtes histoires figurant dans Pif Gadget. Les albums de Thorgal découverts à cette époque par hasard ont eu sur moi l'effet d'un coup de tonnerre. Ou plutôt d'un coup de foudre. Quel graphisme ! Un trait à la fois léger et énergique, une lumière sublime, une tonalité tour à tour réaliste et magique... Cette révélation a non seulement complètement changé ma vision de la BD, elle est aussi devenue ma source d'inspiration inépuisable jusqu'à ce jour.”
L’album:
Dans ce tome, trois personnages emblématiques de la saga font leur retour : le perfide serpent Nidhogg, le fourbe Volsung de Nichor, et la délicieuse Gardienne des clés. Nidhogg charge Volsung de voler à la Gardienne la ceinture qu’elle ne quitte jamais. Grâce à cet objet, Volsung devient invincible et projette de soumettre les Vikings à son pouvoir. Thorgal parvient à déjouer ses plans, mais réalise que sa destinée met constamment en péril sa famille. Lassé d'être sans arrêt la cible des dieux et autres démons, il décide de partir seul en exil pour leur offrir une chance de vivre en paix. À la fin de cet album, il quitte Aaricia et ses enfants, espérant les protéger ainsi : « Je t'aime, Aaricia, tu es ce que j'ai de plus précieux au monde. Et c'est précisément pour cela que je dois partir », confie Thorgal, marquant ainsi le début du cycle de "Shangai sans merci".
La planche:
Côté dessin, Rosinski est à son apogée! La planche commence par un case exceptionnelle et mémorable, une scène panoramique où l'on découvre avec effroi la gardienne des clés, prisonnière du gigantesque et maléfique serpent Nidhogg. Cette scène, aux allures de peinture mythologique, rappelle le supplice d'Andromède. Dans ce mythe grecque, Andromède est attachée nue à un rocher en guise de sacrifice à un monstrueux serpent marin, envoyé par le dieu Poséidon pour punir sa mère.
Rosinski exploite à merveille le contraste entre le noir et blanc pour souligner l’atmosphère sinistre et menaçant. L’encrage noir profond accentuent la dangerosité du serpent et de la menace qui pèse sur la gardienne tandis que les zones claires autour de Thorgal permettent de le distinguer en tant que héros lumineux dans cet univers oppressant.
Le jeu des champs contrechamps accentué par l'utilisation d’un cadrage en plongée démontre une maîtrise unique et inégalée de la narration. Il nous permet d'évaluer tout le risque que prend l'archer pour tirer à cette distance et tenter de libérer la gardienne. Cette perspective montre également la démesure entre ce démon titanesque et cet homme minuscule, vulnérable et seul face à l'immensité de l'adversité. Grâce à ces cadrages, Rosinski donne une profondeur psychologique à l'action, en soulignant les dilemmes et la nature héroïque du personnage principal.
La Gardienne possède des traits fins, un regard intense et une beauté à la fois mystérieuse et froide, des caractéristiques qui rappellent Isabelle Adjani à l'époque où elle était très populaire. Il est probable que Rosinski se soit inspiré de la féminité à la fois forte et vulnérable qu’Adjani dégageait dans ses rôles à l'écran, comme dans Possession (1981) ou L'été meurtrier (1983), pour donner vie à sa déesse.
Cette œuvre est un exemple parfait du talent exceptionnel de Rosinski où, en jouant sur les cadrages, la composition et le rendu des expressions, il construit une scène d'une dramaturgie puissante, riche en émotion et en tension.
Planche originale n° 40, prépubliée dans Hello BD n° 83 du 23 avril 1991.
Encre de Chine sur papier 36,5 × 51,1 cm
La série Thorgal est le produit de la rencontre de deux génies: un génie du scénario d'abord, Jean Van Hamme qui, mêlant habilement les mythologies nordiques avec un zeste de science-fiction, arrive à écrire des séquences très resserrées où le rythme ne faiblit jamais, tout en restant dans une lumineuse simplicité des enjeux. Le génie de Rosinski ensuite, dont le dessin est original et moderne, très différent du «style franco-belge ».
Roman Surzhenko dira de la série :”Dans les années 90, mes seules lectures en matière de bande dessinée se résumaient à de courtes histoires figurant dans Pif Gadget. Les albums de Thorgal découverts à cette époque par hasard ont eu sur moi l'effet d'un coup de tonnerre. Ou plutôt d'un coup de foudre. Quel graphisme ! Un trait à la fois léger et énergique, une lumière sublime, une tonalité tour à tour réaliste et magique... Cette révélation a non seulement complètement changé ma vision de la BD, elle est aussi devenue ma source d'inspiration inépuisable jusqu'à ce jour.”
L’album:
Dans ce tome, trois personnages emblématiques de la saga font leur retour : le perfide serpent Nidhogg, le fourbe Volsung de Nichor, et la délicieuse Gardienne des clés. Nidhogg charge Volsung de voler à la Gardienne la ceinture qu’elle ne quitte jamais. Grâce à cet objet, Volsung devient invincible et projette de soumettre les Vikings à son pouvoir. Thorgal parvient à déjouer ses plans, mais réalise que sa destinée met constamment en péril sa famille. Lassé d'être sans arrêt la cible des dieux et autres démons, il décide de partir seul en exil pour leur offrir une chance de vivre en paix. À la fin de cet album, il quitte Aaricia et ses enfants, espérant les protéger ainsi : « Je t'aime, Aaricia, tu es ce que j'ai de plus précieux au monde. Et c'est précisément pour cela que je dois partir », confie Thorgal, marquant ainsi le début du cycle de "Shangai sans merci".
La planche:
Côté dessin, Rosinski est à son apogée! La planche commence par un case exceptionnelle et mémorable, une scène panoramique où l'on découvre avec effroi la gardienne des clés, prisonnière du gigantesque et maléfique serpent Nidhogg. Cette scène, aux allures de peinture mythologique, rappelle le supplice d'Andromède. Dans ce mythe grecque, Andromède est attachée nue à un rocher en guise de sacrifice à un monstrueux serpent marin, envoyé par le dieu Poséidon pour punir sa mère.
Rosinski exploite à merveille le contraste entre le noir et blanc pour souligner l’atmosphère sinistre et menaçant. L’encrage noir profond accentuent la dangerosité du serpent et de la menace qui pèse sur la gardienne tandis que les zones claires autour de Thorgal permettent de le distinguer en tant que héros lumineux dans cet univers oppressant.
Le jeu des champs contrechamps accentué par l'utilisation d’un cadrage en plongée démontre une maîtrise unique et inégalée de la narration. Il nous permet d'évaluer tout le risque que prend l'archer pour tirer à cette distance et tenter de libérer la gardienne. Cette perspective montre également la démesure entre ce démon titanesque et cet homme minuscule, vulnérable et seul face à l'immensité de l'adversité. Grâce à ces cadrages, Rosinski donne une profondeur psychologique à l'action, en soulignant les dilemmes et la nature héroïque du personnage principal.
La Gardienne possède des traits fins, un regard intense et une beauté à la fois mystérieuse et froide, des caractéristiques qui rappellent Isabelle Adjani à l'époque où elle était très populaire. Il est probable que Rosinski se soit inspiré de la féminité à la fois forte et vulnérable qu’Adjani dégageait dans ses rôles à l'écran, comme dans Possession (1981) ou L'été meurtrier (1983), pour donner vie à sa déesse.
Cette œuvre est un exemple parfait du talent exceptionnel de Rosinski où, en jouant sur les cadrages, la composition et le rendu des expressions, il construit une scène d'une dramaturgie puissante, riche en émotion et en tension.
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About Grzegorz Rosinski
Grzegorz Rosiński, born in Poland, formerly known as Rosek, is a Polish comic book artist living in Switzerland. He is best known for being the historical cartoonist of the Thorgal comic strip.