Dans la collection de Vertommen
Jidéhem, Vicq, Sophie - Illustration page de titre - Les bonheurs de Sophie - Tome 3. - Illustration originale
2030 

Sophie - Illustration page de titre - Les bonheurs de Sophie - Tome 3.

Illustration originale
1968
Encre de Chine
Mine de plomb noir et bleu, encre de chine. Calque : indications de couleur à la mine de plomb.
30.5 x 22.2 cm (12.01 x 8.74 in.)
Dimension du dessin : 60 x 13 mm.
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Détail.
Calque avec ses indications de couleur à la mine de plomb.
Détail.
L'ensemble des deux pièces.
Spirou N° 2154 du 26 juillet 1979 contenant un portrait sur Jidéhem et parlant de la Sophie de 1963.

Description

Illustration page de titre pour le troisième album de Sophie "Les bonheurs de Sophie".
Mine de plomb noir et bleu, encre de chine. Calque : indications de couleur à la mine de plomb.
Dimension (de la planche) : 305 x 222 mm.

Inscriptions / Signatures

Inscription des indications devant se trouver sur la page de titre (titre, nom du dessinateur et scénariste, maison d’édition avec liste de ses sièges). Signée en bas à droite.

Commentaire

« Les bonheurs de Sophie » est le 3ème album de la série de bande dessinée « Sophie » dessinée par Jidéhem (les initiales de Jean De Maesmaker) sur un scénario d’Antoine Raymond qui signe Vicq.

« Les bonheurs de Sophie » est une série d’histoires complètes qui ont été publiées sous ce titre dans le journal de Spirou.
Certaines d’entre elles ont été reprises dans l’album 3 « Les bonheurs de Sophie » ou en complément des albums 1, 2 et 4 des « Aventures de Sophie ». Les scénarios étant de Vicq
Nous aurons :
- « L’œuf de Bouvreuil » (Spirou N° 1408 du 08 avril 1965 et dans l’album N° 3).
- « Le puit magique » (Spirou N° 1444 du 16 décembre 1965 et dans l’album N° 2).
- « Le poisson d’avril » (Spirou N° 1459 du 31 mars 1966 et dans l’album N° 3).
- « La pelle mécanique » (Spirou N° 1476 du 28 juillet 1966 et dans l’album N° 1).
- « Calamity Sophie » (Spirou N° 1513 du 13 avril 1967 et dans l’album N° 3).
- « Lord Nelson » (Spirou N° 1524 du 29 juin 1967 et dans l’album N° 3).
- « Le trombone de la bonté » (Spirou N° 1548 du 14 décembre 1967 et dans l’album N° 3).
- « Figarossi glacier » (Spirou N° 1565 du 11 avril 1968 et dans l’album N° 3).
- « Le poisson volant » (Spirou N° 1576 du 27 juin 1968 et dans l’album N° 4).
- « Les bonheurs de Sophie : Sophie kidnapée ! » (Spirou N° 1616 du 03 avril 1969).
- « Les bonheurs de Sophie : L’Ichtyologue » (Spirou N° 1641 du 25 septembre 1969).
- « Les bonheurs de Sophie : Les deux voeux » (Spirou N° 1652 du 11 décembre 1969).
- « Les bonheurs de Sophie : Le scaphandrier » (Spirou N° 1702 du 16 novembre 1970).
Jidéhem est également l’auteur d’une courte histoire complète – « La voiture à quatre dimensions » - parue le 14 juillet 1966 dans le Spirou N° 1474. (1)
Elle a été, ensuite, recueilli sous forme d'album en 1959 pour la première édition originale.
Plusieurs rééditions s'ensuivirent et nous retrouvons cette histoire, en mars 2013, dans le tome 2 de l’intégral de la série.

Jidéhem est au sommet de son art pour cette illustration page de titre qui fut publiée, dans l’album « Les bonheurs de Sophie », en 1969, 1981 et 1990 et cela aux éditions Dupuis.
De même dans l’intégrale N° 2 « Sophie : 1965-1969 » en 2013. Toujours aux éditions Dupuis.


Nous n’allons pas nous attarder sur la carrière de Jidéhem mais bien sur le contexte de la naissance de son héroïne de papier : Sophie (2).

Retour en arrière …
C’était en 1956.
Le printemps s’annonçais radieux.
Un afflux soudain de lettres convergeaient vers la rédaction du journal Spirou.
Chaque lecteur cherchait à imaginer quelle forme aurait la nouvelle Turbotraction de Spirou et de fantasio.
Ce fut une révélation … pourquoi ne pas ouvrir une chronique auto régulière dans les pages du journal ?
Ainsi est né la rubrique et son personnage titre : Starter.

Mais Jidéhem rêve pourtant toujours d'une série personnelle alors que l'éditeur se montre réticent à laisser se disperser le parfait collaborateur de son auteur vedette. "Franquin me conseilla d'en parler à Delporte, " se souvient Jidéhem.
"Et Delporte me déclara : -"Il n'y a qu'une seule solution. Je vais t'écrire un synopsis. Comme je suis le rédacteur en chef, je serai bien forcé de l'accepter..." Et il le fit avec "Starter contre les Casseurs".

Donc, après avoir prêté la main aux décors en engins de Spirou dans « L’ombre du Z », Stater s’évada de sa chronique pour vivre quelques aventures dessinées. Le succès souligna l’introduction de Zoé, la voiture au grand cœur, puis celle de Sophie.
Comme Jidéhem avait envie de raconter les aventures d’un personnage féminin, il décida de dessiner non plus une jeune fille (voir explication plus bas), mais une petite fille.
Elle devenait la fille du célèbre inventeur Karamazout. Et Pipelette gardait un voile pudique sur sa vie privée … Les aventures de Sophie pouvaient débuter dans le journal.
« L’œuf de Karamazout » était la première d’une longue série.
L’univers Jidéhem commençait à prendre forme.
Le moment était venu de le laisser voler de ses propres ailes.
Se consacrer entièrement à son œuvre personnelle.
Franquin reprit les décors de Gaston et Spirou à sa charge.
Sophie devint une héroïne régulière de l’hebdomadaire.


C’est dans le Spirou N° 2154 du 26 juillet 1979 que nous y retrouvons un article signé Fantasio et écrit par Alain De Kuyssche (alias Alain Hammerstein) qui était, depuis 1978, rédacteur en chef de Spirou.
Le portrait (en pied et tout en forme) de Sophie, que vous voyez ici en visuel dans les images additionnelles et qui est reproduit dans ledit article, ne correspond pas tout à fait à l’image que nous connaissons de cette héroïne.

Ce dessin, réalisé par Jidéhem, date de … 1963.
Jidéhem : "Après avoir dessiné l’aventure de Starter intitulé « la maison d’en face », j’avais envie de raconter les démêlés de Pipelette amoureux.
On l’aurait vu se pomponner, faire les pires folies pour les yeux d’une jeune fille, dont il serait tombé éperdument amoureux : Sophie. "

Une fin de non-recevoir accueillit cette proposition.
En 1963, les filles n’avaient pas encore droit de cité dans les magazines de BD !

Avant toute chose, il faut se rappeler du contexte entre 1945 et 1970 (3).
A savoir qu’entre les garçons et les filles, lecteurs et lectrices, comme entre personnages, c’est plutôt globalement l’ère de l’ignorance et de la séparation.
Dans les années 1960, tout en voyant se développer pleinement l’univers franco-belge asexué ayant été mis en place, sont en même temps témoins des premiers signes de remise en question de ce modèle.
Mai 68 et la modernité annonçaient la libération de la femme et son autonomie ébranle le système, pour aboutir aux premières héroïnes tout publiques, et à une nouvelle mixité moins ou non hiérarchisée.

La première étape fut avec la série « La Ribambelle » de Roba, avec la jeune Grenadine en 1962.
« Le petit Nicolas » croise également une Louisette et une Marie-Hedwige, jusqu’à envisager le mariage.
« Les 4 As », dessinée en 1964 fait apparaître Dina jolie et étourdie (Valable pour le reste de la troupe).
D’autres personnages féminins vont, eux, tenir un point d’équilibre face aux héros masculins.
- La fille du proviseur qui focalise l’attention du Grand Duduche de Cabu en 1962 ;
- Line de Cuvelier qui est le pivot de la série ;
- Plus emblématique, Laureline dans la série « Valérian ». D’abord second rôle, elle devient le faire-valoir du héros en y apportant une note d’humour, à des histoires assez pessimistes, pour finalement devenir son égale dès 1969 ;
- Equilibre chez Tabary pour la série « Corinne et Jeannot » en 1966.

La dernière étape de cette évolution, dans la bande dessinée pour jeune public majoritairement masculin, est l’apparition des premières héroïnes autonomes.
Elles émergent d’une œuvre conçues autour de personnages masculins, les vampirisent et les remplacent et ceci dans le journal « Spirou » pourtant réputé plus conservateur et sur ce plan … finalement plus innovant.
Nous aurons :
- Sophie, personnage secondaire de Starter, se détache et elle devient, du coup, l’héroïne et obtient sa série ;
- Yoko Tsuno ou en 1970, les deux héros du début (Vic Vidéo dit essentiellement Vic et Pol Pitron) sont devenus de parfaits faire-valoir d’une héroïne exotique ;
Natacha qui offre, le 26 février 1970, la première héroïne sexy inspirée notamment de Mireille Darc.

Sophie est née avant Natacha et Yoko Tsuno et fut de ce fait la toute première héroïne de la bande dessinée franco-belge.


Concernant le scénariste, Antoine Raymond, qui signe le plus souvent ses scénarios du pseudonyme Vicq commence dans "Spirou" et "Tintin" au début des années 60.
Il travaille pour un grand nombre de dessinateurs de ces deux titres de la presse belge : Deliège ("Théophile et Philibert"), Roba ("La Ribambelle"), Will ("Eric et Artimon"), Remacle (quelques épisodes de "Vieux Nick" et "Hultrasson"), Azara ("Taka Takata", "Hadada Surmamoto"), Franz ("Korrigan"), Bar ("Max l'explorateur"), Jidehem ("Sophie"), Pat Mallet ("Peg"), Mazel (Fleurdelys"), Francis, Greg, Guilmard ("Le frères Bross"), Godi, Benn ("Tom Applepie"), Wasterlain, Hulet, Brouyère, Franquin, etc.
L'un des derniers scénarios est une aventure de "Lucky Luke" pour Morris, "Le magot des Dalton" en 1980. (4)

Vicq était un homme marginal, à l'imagination débordante, mais qui ne s'est jamais soucié de sa réputation ou d'une quelconque gloire. Il aurait pu le revendiquer au nom de son talent.
Le plus intéressant, c'est qu'il était lui aussi au départ un dessinateur, mais il n'a jamais fait carrière dans ce métier.

Vicq est décédé en 1987.
Disparition découverte beaucoup plus tard lors de recherche faites par Yvan Delporte pour des paiements des droits d’auteurs. (5)


(1) : D’après un dossier réalisé par Thierry Martens pour le Spirou n° 1724 daté du 29 avril 1971.

(2) : Sa femme attendait une petite fille à ce moment-là qui allait se prénommer ... Sophie.

(3) : « Être une fille, un garçon dans la littérature pour la jeunesse: France 1945-2012 » Par Gilles Béhotéguy et Christiane Connan-Pintado.

(4) : Spirou n° 2121 Spécial Noël du 7 décembre 1978.

(5) : Pour savoir, un tout petit peu, sur Vicq :
Vicq vu par Jidéhem dans l'Age d'Or N° 20
Vicq vu par Roba dans la monographie de Philippe Cauvin (édition Toth).

Publications

  • Les bonheurs de Sophie
  • Dupuis
  • 01/1969
  • Page intérieure
  • Sophie : 1965-1969
  • Dupuis
  • 11/2013
  • Page intérieure

Voir aussi :   Sophie

Thématiques


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A propos de Jidéhem

Jean De Mesmaeker, dit Jidéhem, né à Bruxelles est un scénariste, dessinateur et décoriste de bande dessinée belge, représentant de l'école de Marcinelle. Assistant de Franquin sur les séries Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe, il créera ensuite Sophie, sa série la plus connue. Influencé par le travail de Maurice Tillieux et de sa série Félix, il crée une série policière dont le héros est également un détective du nom de Ginger dont les premières planches apparaissent en 1954 dans le journal Héroïc-Albums, dirigé par Fernand Cheneval, aux côtés de Greg, Tibet et Tillieux lui-même. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de « Jidéhem », créé à partir des initiales de son nom. En 1957, Jidéhem entre au journal Spirou. Charles Dupuis l'envoie épauler André Franquin sur les séries Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe, pour lesquels le jeune homme assure les décors et l'encrage Jidéhem reprend également à Franquin les illustrations de la série Starter — nom d'un jeune mécanicien qui fait des « essais voiture — qu'il continuera jusque dans les années 1980. Finalement Sophie, petite fille espiègle et malicieuse créée dans l'aventure de Starter L'Œuf de Karamazout, est si populaire qu'elle devient l'héroïne d'une série de vingt albums publiés jusqu'en 1995 chez Dupuis.