S.O.S. BAGARREUR

Planche 8 de S.O.S. BAGARREUR, aventure d’Alain Brisant.

Signée en bas à droite.

Une belle connivence entre Tillieux et Follet pour la réalisation de cette aventure de remorquage dans une mer déchaînée. Tillieux ayant été officier de marine, il connaît son sujet et cela se ressent directement à la lecture de l’histoire, tant au travers des aspects techniques qui sont relatés avec précision que pour l’ambiance présente au sein de l’équipage, avec la personnalité des marins, leur complémentarité et leur solidarité.

Le dessin de Follet est au diapason et son travail au noir et blanc est d’une grande beauté. S’agissant d’une aventure réaliste, Tillieux et Follet se sont rendus à Boulogne et à Dunkerque pour visiter des remorqueurs, se faire expliquer les manœuvres, récupérer de la documentation et prendre une multitude de photos qui seront bien utiles au dessinateur. On peut bien constater sur la planche ici présentée tout le soin apporté à la représentation du remorqueur.

Malheureusement, le travail a été gâché par une mise en couleur mal inspirée et le changement de rédacteur en chef chez Siprou en 1968 a sonné le glas des aventures d’Alain Brisant (dont les auteurs escomptaient faire une série) un an après leur création. L’histoire ne sera en fin de compte publiée en album qu’en 1985, de surcroît amputée de 6 planches pour la faire passer de 52 à 46 pages.

Ce sont les Éditions de l’Élan qui rendront finalement justice au travail de René Follet et Maurice Tillieux, en 2014 par un tirage de luxe en fac-similé des planches originales, puis en 2018 par une édition noir et blanc grand public enrichie d’un dossier de présentation.

Dans cette planche esthétique et équilibrée, j’aime beaucoup le rendu de la mer et des vagues (on s’y croirait), les angles de vue variés et le mouvement du bateau, ainsi que le portrait à contre-jour des deux marins dans la dernière case (Jijé n’est pas loin…).