Dans la collection de Ludovic
Retourne dans ta cage - オリにかえれ
Encre de Chine
21 x 24.5 cm (8.27 x 9.65 in.)
Ajoutée le 20/02/2022
Lien copié dans le presse-papier !



Description
オリにかえれ - Retourne dans ta cage
Planche 35
Première publication dans Yoshihiro Tatsumi Dynamite Magazine (辰巳ヨシヒロダイナマイト・マガジン) #2
Tokyo Top Company
Encre de Chine, encre bleue et gouache blanche
Textes collés dans les phylactères
Planche 35
Première publication dans Yoshihiro Tatsumi Dynamite Magazine (辰巳ヨシヒロダイナマイト・マガジン) #2
Tokyo Top Company
Encre de Chine, encre bleue et gouache blanche
Textes collés dans les phylactères
Commentaire
A propos de la démarche de Yoshihiro Tatsumi (辰巳 ヨシヒロ - 1935-2015)
A propos de la fondation du mouvement gekiga
Histoire du gekiga
Récompenses
1972 : Prix d'Encouragement » de l'Association des auteurs de bande dessinée japonais pour Hitokuigyo
2005 : Prix spécial du Festival d'Angoulême
2006 : Prix Inkpot pour The Push Man and Other Stories
2007 : Prix Harvey pour Abandon the Old in Tokyo
2009 : Grand prix du prix culturel Osamu Tezuka pour Une vie dans les marges
2010 : Prix Eisner pour Une vie dans les marges
2012 : Prix regards sur le monde du festival d'Angoulême pour Une vie dans les marges
Nos aînés nous avaient enseigné que la bande dessinée était comique, usant d'ellipses, de déformations, d'amplification des expressions ou des attitudes, de gags. Il s'agissait de faire rire les lecteurs. Nous ne voulions plus de cela. Au cinéma, on voyait des films noirs, tel Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot, montrant les peurs et la laideur humaines. Nous nous sommes donc intéressés au rendu de la réalité, contenant l'expression graphique dans son style, développant à travers le dessin ce que nous voulions faire entendre, nous attachant aux mouvements, plaçant sous les lumières du premier plan des personnages en buste dont on pouvait alors saisir les émotions sur le visage, cherchant à rendre compte de leurs états psychologiques. Nous nous adressions à des lecteurs plus mûrs, en mesure de comprendre.
Yoshihiro Tatsumi in Coups d'éclat, 2003
A propos de la fondation du mouvement gekiga
Histoire du gekiga
Né à Osaka, c’est à l’âge 15 ans que Yoshihiro Tatsumi fait une rencontre décisive, celle de l’homme incontournable lorsqu’il est question de bande dessinée au Japon, Osamu Tezuka (手塚 治虫 - 1928-1989). Dès l'âge de 17 ans, il publie son premier manga, L’Île aux enfants (子供島) ), mais se rend vite compte que ce genre d’histoires destinées aux plus jeunes, nimbées de merveilleux et de naïveté, ne lui convient pas. C’est ainsi que dès 1957, dans son œuvre Ghost Taxi (幽霊タクシー), il utilise le terme gekiga sur la couverture pour qualifier le style d’histoire qu’il dessine, terme que l’on peut traduire par images dramatiques, en opposition à l'appellation manga, signifiant images dérisoires.
Loin de l’imagerie des contes et récits destinés au jeune public, Yoshihiro Tatsumi va développer une bande dessinée ancrée dans son époque, évoluant dans des contextes sociaux réalistes, le plus souvent désenchantés. Ses histoires sont peuplées d’alcooliques, de prostituées et de personnages frappés par la dureté de la vie. Il n’hésite pas à décrire des scènes violentes et crues, et accorde une place centrale à la psychologie. Ce style va donner lieu à un courant adulte de bande dessinée dont Yoshihiro Tatsumi et Yoshiharu Tsuge (つげ義春 - 1937-) deviendront les chefs de file, et dont l’influence sera décisive dans l’évolution et le développement de la bande dessinée nippone.
En 1959, il fonde le Gekiga kōbō (劇画工) en compagnie de Takao Saitō (さいとう・たかを - 1936-2021), auteur du futur manga de référence du gekiga, Golgo 13, série fleuve débutée en 1968 et toujours en cours. Six autres auteurs font partie de l'aventure : Fumiyasu Ishikawa (石川 フミヤス - 1937-2014), Shōichi Sakurai (桜井 昌一 - 1935-2015), Masahiko Matsumoto (松本 正彦 - 1934-2005), Kei Motomitsu (K・元美津 - 1935-1996), Susumu Yamamori (山森 ススム - 1935) et Masaaki Satō (佐藤 まさあき - 1937-2004). Mais, très vite, une scission s'opère avec le départ des deux acteurs principaux. L’expérience dure à peine un an, mais elle suffit pour codifier le genre, narrativement mais aussi graphiquement, et lui donner une impulsion qui va s'accentuer dans les années 1960 et 1970.
Le développement du gekiga est à rapprocher des mouvements sociaux et étudiants de l’époque, qui vont y trouver une forme de contre-culture en adéquation avec leurs attentes et leurs revendications. Yoshihiro Tatsumi ne cessera de produire des récits dans ce style adulte avec une diversité thématique étonnante, passant de l’action-gekiga, domaine de prédilection de Takao Saitō à des recits plus intimistes. Osamu Tezuka désapprouvera cette démarche artistique, du moins dans les premiers temps, car le maître va lui aussi finir par dessiner du gekiga, avec certaines histoires de sa saga Phoenix, mais surtout avec L’Histoire des 3 Adolf (1983-1985), dans lequel il assimile le style de Yoshihiro Tatsumi et l’institutionnalise.
Notons que Yoshihiro Tatsumi fut publié en France dans Le Cri qui tue (1978-1981), puis en 1983, avec deux histoires courtes, Good bye et L’Enfer, éditées sous le titre de Hiroshima, chez Artefact, par Atoss Takemoto, créateur du Cri. Dans les années 2000, d’autres de ses œuvres sont publiées En France, chez Vertige Graphic et Cornélius : Coups d’éclat, Les Larmes de la bête, Good bye, sans oublier Une Vie dans les marges, un récit autobiographique qui a reçu le Prix Regards sur le monde lors du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2012.
Une Vie dans les marges a également donné lieu à un long métrage d’animation réalisé par Eric Khoo (Be With Me, My Magic), nommé Tatsumi, sorti à Singapour en septembre 2011, après avoir été présenté au festival de Cannes 2011 dans la compétition Un certain regard. Le film est ensuite sorti en France le 1er février 2012.
Enfin signalons que depuis 2002, l’éditeur canadien Drawn and Quarterly, en collaboration avec le bédéiste américain d’origine japonaise Adrian Tomine, s’est attelé à une publication annuelle et en plusieurs volumes des œuvres de Yoshihiro Tatsumi, divisées par périodes, et depuis 1969. Un travail exceptionnel et impressionnant disponible dans la langue de Shakespeare.
Loin de l’imagerie des contes et récits destinés au jeune public, Yoshihiro Tatsumi va développer une bande dessinée ancrée dans son époque, évoluant dans des contextes sociaux réalistes, le plus souvent désenchantés. Ses histoires sont peuplées d’alcooliques, de prostituées et de personnages frappés par la dureté de la vie. Il n’hésite pas à décrire des scènes violentes et crues, et accorde une place centrale à la psychologie. Ce style va donner lieu à un courant adulte de bande dessinée dont Yoshihiro Tatsumi et Yoshiharu Tsuge (つげ義春 - 1937-) deviendront les chefs de file, et dont l’influence sera décisive dans l’évolution et le développement de la bande dessinée nippone.
En 1959, il fonde le Gekiga kōbō (劇画工) en compagnie de Takao Saitō (さいとう・たかを - 1936-2021), auteur du futur manga de référence du gekiga, Golgo 13, série fleuve débutée en 1968 et toujours en cours. Six autres auteurs font partie de l'aventure : Fumiyasu Ishikawa (石川 フミヤス - 1937-2014), Shōichi Sakurai (桜井 昌一 - 1935-2015), Masahiko Matsumoto (松本 正彦 - 1934-2005), Kei Motomitsu (K・元美津 - 1935-1996), Susumu Yamamori (山森 ススム - 1935) et Masaaki Satō (佐藤 まさあき - 1937-2004). Mais, très vite, une scission s'opère avec le départ des deux acteurs principaux. L’expérience dure à peine un an, mais elle suffit pour codifier le genre, narrativement mais aussi graphiquement, et lui donner une impulsion qui va s'accentuer dans les années 1960 et 1970.
Le développement du gekiga est à rapprocher des mouvements sociaux et étudiants de l’époque, qui vont y trouver une forme de contre-culture en adéquation avec leurs attentes et leurs revendications. Yoshihiro Tatsumi ne cessera de produire des récits dans ce style adulte avec une diversité thématique étonnante, passant de l’action-gekiga, domaine de prédilection de Takao Saitō à des recits plus intimistes. Osamu Tezuka désapprouvera cette démarche artistique, du moins dans les premiers temps, car le maître va lui aussi finir par dessiner du gekiga, avec certaines histoires de sa saga Phoenix, mais surtout avec L’Histoire des 3 Adolf (1983-1985), dans lequel il assimile le style de Yoshihiro Tatsumi et l’institutionnalise.
Notons que Yoshihiro Tatsumi fut publié en France dans Le Cri qui tue (1978-1981), puis en 1983, avec deux histoires courtes, Good bye et L’Enfer, éditées sous le titre de Hiroshima, chez Artefact, par Atoss Takemoto, créateur du Cri. Dans les années 2000, d’autres de ses œuvres sont publiées En France, chez Vertige Graphic et Cornélius : Coups d’éclat, Les Larmes de la bête, Good bye, sans oublier Une Vie dans les marges, un récit autobiographique qui a reçu le Prix Regards sur le monde lors du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2012.
Une Vie dans les marges a également donné lieu à un long métrage d’animation réalisé par Eric Khoo (Be With Me, My Magic), nommé Tatsumi, sorti à Singapour en septembre 2011, après avoir été présenté au festival de Cannes 2011 dans la compétition Un certain regard. Le film est ensuite sorti en France le 1er février 2012.
Enfin signalons que depuis 2002, l’éditeur canadien Drawn and Quarterly, en collaboration avec le bédéiste américain d’origine japonaise Adrian Tomine, s’est attelé à une publication annuelle et en plusieurs volumes des œuvres de Yoshihiro Tatsumi, divisées par périodes, et depuis 1969. Un travail exceptionnel et impressionnant disponible dans la langue de Shakespeare.
C’est donc un auteur fondamental qui disparaît aujourd’hui dont l’œuvre restera non seulement pour la qualité de sa représentation, débarrassée des oripeaux de la fiction du Japon contemporain , une représentation sans fard où l’individu est représenté dans un monde moderne, impitoyable et écrasant, mais aussi par la qualité graphique de son travail, qui magnifie et en même temps modernise le courant classique du manga impulsé par Tezuka. Une forme de récit que l’on regroupe aujourd’hui sous le vocable de roman graphique lui est pour une bonne part redevable.
Guillaume Boutet, Yoshihiro Tatsumi : du dérisoire au dramatique in ActuaBD - Mars 2015
Récompenses
1972 : Prix d'Encouragement » de l'Association des auteurs de bande dessinée japonais pour Hitokuigyo
2005 : Prix spécial du Festival d'Angoulême
2006 : Prix Inkpot pour The Push Man and Other Stories
2007 : Prix Harvey pour Abandon the Old in Tokyo
2009 : Grand prix du prix culturel Osamu Tezuka pour Une vie dans les marges
2010 : Prix Eisner pour Une vie dans les marges
2012 : Prix regards sur le monde du festival d'Angoulême pour Une vie dans les marges
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