Rahan - Couverture - Le maître des fauves.

Illustration originale pour les couvertures du magazine « PIF » et « BOUM ! BANG ! ».

Signé en bas. Cachet de l’auteur au dos du support.

Illustration originale pour les couvertures des magazines « PIF » N° 822 du 25 décembre 1984 (N° 2060 « Vaillant ») et pour « BOUM ! BANG ! » (voir visuels).


Le maître des fauves est une histoire de 40 planches dont la parution fut subdivisée en quatre épisodes comme suit.
A savoir :
- « Pif » n°2059/821 12/1984 Le maître des fauves + couverture + illustrations p.61 et 62 pour le gadget :"l'outil des âges farouches" - 10 planches
- « Pif » n°2060/822 12/1984 Le maître des fauves (suite) + couverture (présentée ici) - 10 planches
- « Pif » n°2078/840 04/1985 Le maître des fauves : Le défi de l'ours (suite) + couverture - 10 planches
- « Pif » n°2079/841 05/1985 Le maître des fauves : Le grand feu (suite et fin) - 10 planches

La série « Rahan » a connu moultes intégrales et a été adaptée deux fois en série d'animation.


Ce dessin de 1984 a été réalisé, me concernant, durant la meilleure période d’André Chéret.
Nous le voyons, entouré de trois fauves, confiant et avec beaucoup d'assurance.
Ceci dénotant avec l’image traditionnel d’un Rahan affrontant souvent des bêtes sauvages (notamment des fauves) en ponctuant ses victoires par un cri de triomphe (« Raaahaa ! »), les bras levés.
Les plus attentif.ve.s remarqueront, d’une part l’absence de son coutelas en ivoire (logé dans un fourreau en peau, maintenu à son pagne) et d’autre part, la présence de son collier de cinq griffes, symbole des valeurs que lui a transmis Crâo le sage.
Mais lorsque l’on regarde attentivement la version couleur, nous constatons qu’en fait, du côté de la main gauche, c’est son pouce et que du côté droit, la partie supérieure du coutelas est bien visible (mais confondu avec l’avant-bras en version N&B).


Rahan, héros créé en 1969 par Roger Lécureux et André Chéret a marqué toute une génération de lecteurs assidus de « Pif Gadget », son statut de héros absolu et les processus de transmission mis en œuvre dans ses aventures sont également remarquables.

Issue de la fertile imagination de Roger Lecureux, et dessinée par Chéret, la première histoire de Rahan sort dans le N°1 de « Pif Gadget » en 1969.
L’universalité du personnage Rahan est mal connue.
Sans renter dans les détails de l’idéologie politique qui colle à cette série (1), elle était la réponse laïque à des valeurs habituellement défendues par la presse jeunesse catholique de l’époque, soutenant des valeurs, comme la fraternité, la solidarité et la tolérance.

Notre héros à un faux air d'Amanda Lear et de Patrick Juvet pour le côté capillaire, une connaissance de son environnement à la Sylvain Tesson et Mike Horn réunis, un sens de la bricole à la MacGyver, une invention et une curiosité intellectuelle à la Léonard de Vinci.
Ce « fils des âges farouches » est un peu l'homme idéal pour toute lady sapiens.
Pourtant, n'allez pas imaginer que parce qu'il vit à plus de deux millions d'années de chez nous, il n'a pas les mêmes névroses !
Rahan est bien notre ancêtre « préhistopathologique », mais aussi le premier des biomimétiques.

En plus d'être beau, musclé (merci la vie au grand air), d'aller à la découverte du monde et de la nature, Rahan est écolo avant l'heure.
Chasseur-cueilleur responsable, il ne prélève au monde que ce dont il a besoin, il ne tue que quand il a faim ou qu'il est menacé, il prône la solidarité et l'ingéniosité.
Porteur de solutions, il est contre le gaspillage, ne surconsomme pas de la « fast-préhisto-fashion », ne portant qu'un slip en peau, et il découvre même, bien avant Galilée, que la Terre est ronde !
Il n'y a pas plus inspiré que Rahan par la nature, qu'il observe, jusqu'à en reproduire les mécanismes pour progresser.
Cette œuvre met en scène des disputes, des postures connotant une intense réflexion, des gestes disruptifs qui, dans le cadre de ces retournements, font de Rahan un véritable artiste s’épanouissant dans son opposition aux routines et aux paresses intellectuelles.
La mise en scène de conflits cognitifs, intellectuels et moraux, de déconstruction de croyances, l’illustration des tensions inévitables entre liberté individuelle et responsabilité collective, s’opèrent par la plastique graphique de Chéret.
Rahan apprend, en plus, le droit de vote aux divers clans, lutte contre l'obscurantisme et transmet ses connaissances pour améliorer celles de « ceux qui marchent debout ».

Zéro défaut, ce Rahan (2)

Bref, Rahan a été une révolution pour les enfants de l’époque.
Mais soyons honnête en affirmant que ce grand gaillard blond et musclé, nous ayant fait vivre de nombreuses aventures, dont certaines totalement irréalistes (mais nous nous en moquions complètement en tant qu’enfant), sans savoir qu’en traversant les âges farouches avec Rahan en lisant ses aventures, qu’elles seraient encore restées très actuelles en ce moment …


(1) Il existe de nombreux articles et/ou thèses sur le sujet consultable en ligne.

(2) Rageant pour l'Homo modernus, n’est-ce pas ?