André Chéret, Roger Lécureux, Rahan celui qui avait tué le fleuve - Planche originale
2480 

Rahan celui qui avait tué le fleuve

Planche originale
1973
Encre de Chine
50 x 65 cm (19.69 x 25.59 in.)
(50 x 60 pour le dessin)
Partager
Rahan est content
Rahan épie le chef
Un Rahan contemplatif sur toute la largeur de la planche
Sur le chevalet

Description

Planche 20, de fin du récit "celui qui avait tué le fleuve"

Inscriptions / Signatures

Signée André Cheret

Commentaire

Première parution dans PIF 223 en mai 1973

Difficile de choisir parmi la profusion de planches de Rahan soudain rendues disponibles.
Grace aux révélations lues sur le forum bdgest, je savais qu’il y avait une farde complémentaire à l’exposition visible sur le site internet de la galerie Huberty Breyne. L’opportunité d’une visite à Paris, et je passai plus de deux heures à feuilleter ce lot « bis ».

Mes moteurs de choix étaient le plus grand format possible, donc les planches du début jusque vers 1973.
Du beau dessin. Un ou plusieurs beaux portraits de Rahan. Une mise en page inventive. La présence du cri Rahaaa. Le côté humaniste ou inventif de Rahan…

J’avais d’abord jeté mon dévolu sur la planche 19 du collier de griffes. On y voit Rahan courir, avec quelques perspectives anatomiques forcées, dans les airs sur une liane à la façon de Tarzan, et pousser son cri.
Mais la planche commence par une rustine qui montre un chef de clan puni par Rahan pour lui avoir volé son collier: Rahan s’est vengé en lui rasant barbe et cheveux, le rendant indigne aux yeux de son clan. On voit ensuite Rahan s’échapper, satisfait de sa vengeance.
Il y a quelque chose de lâche qui me gênait dans cette épuration, c’était pas trop l’esprit Rahan. Mais quand même, j’ai beaucoup hésité.

En feuilletant les pages non exposées, en arrière boutique, j’ai ressenti plusieurs effets waouh, et d’autres critères possibles me sont apparus: des animaux, des ombres, une planche de titre? Bref, vraiment difficile de choisir.
Mais aussi je trouvais dommage que parfois Rahan soit trop petit, ou coupé, ou mal proportionné, ou qu’on le voit tuer des animaux. Petit à petit, j’ai su aussi ce que je ne voulais pas.

Bref, j’ai tamisé mon premier choix pour finir par hésiter entre cette planche ci, et la planche dont je parlais plus haut.
Quelques allers-retours dans l’espace de la galerie pour disposer les planches cote à cote, et finalement je suis reparti avec celle-ci.
Pourquoi?
Il y a des planches de tension et d’autres plus contemplatives, comme cette planche de fin. Pour avoir feuilleté récemment quelques pifs de mon enfance, je me suis rendu compte que parfois les dernières pages des récits de Rahan avaient été amputées de portraits, à grands coups de ciseaux. Comme quoi j’ai toujours été sensible au « découpage » des planches ;-)

L’esprit positif de Rahan est ici rassemblé, et il est heureux d’avoir bien agi.
Pour rappel, dans cet épisode, Rahan a inventé le harpon pour pêcher du poisson, il s’est fait attaquer par un ours (le balouas) et s’est défendu en lui plantant le harpon dans le cuir. Plus tard, il a réussi à soigner l’ours en lui retirant les pointes de harpon. Véto avant l’heure…
Dans le même temps, sa pêche avait été observée par des hommes qui le voyaient tuer plein de poissons avec son harpon. Eux-mêmes par superstition ne mangeaient pas ces animaux de la rivière qu’ils confondaient avec l’âme de la rivière (de peur aussi de se recouvrir d’écailles). Rahan semblait bien avoir blessé la nature, en tuant ces poissons, car le fleuve s’était mis à saigner. Le clan le fit donc prisonnier et l’accusa d’avoir « tué le fleuve ». Une petite enquête géologique plus tard, Rahan s’apercevra qu’il s’agit simplement d’un éboulement d’argile en amont du campement.
Pour être autorisé à partir faire son enquête, Rahan avait laissé en gages son collier et son coutelas. Ses deux seuls trésors, et pourtant le ressort de près d’une histoire sur deux, il n’arrête pas de les perdre!!
Donc, en première case, une sorte de poster de Rahan, de pied en cap, qui est pleinement satisfait de retrouver coutelas et collier, son identité; Heureux aussi d’avoir « soulagé le balouas », comprendre extrait le harpon de la peau de l’ours (ce n’est donc pas une expression de la préhistoire pour dire qu’il aurait fait pipi ;-) )
Et heureux d’avoir mis fin à une superstition un peu stupide.
Dans les 3 cases suivantes, Rahan essaie encore de convaincre le chef du clan que manger du poisson n’est pas dangereux. Dans La case où il observe, amusé, le chef en train de pêcher, Cheret déploie son talent à mêler ombres, corps et décors.
Et il reste cette dernière case hors normes qui voit un immense Rahan accroché à une liane bord à bord de la planche. Un Rahan apaisé qui contemple le coucher de soleil sur le fleuve avant de quitter ce clan pour d’autres aventures. C’est un Rahan grandeur presque nature accroché dans le salon. Il faut bien se rendre compte de la taille de cet original. Nous parlons ici d’une feuille 65x50…
J’essaierai d’ailleurs dorénavant de montrer les planches en lien avec le même support chevalet pour avoir une référence de leur taille.
A noter, le lettrage est ici à l’encre de chine, ce qui garantit une meilleure conservation, et est plutôt inhabituel chez Cheret.
Cerise sur le gateau, cette planche de fin est également signée par Cheret.

Publication

  • Tome 4
  • Soleil Productions
  • 08/2009
  • Page intérieure

Voir aussi :   Rahan

25 commentaires
Pour laisser un commentaire sur cette œuvre, veuillez vous connecter

A propos de André Chéret

André Chéret est un dessinateur de bande dessinée français. Son œuvre la plus connue est probablement Rahan, qu'il a dessiné à partir de 1969 avec Roger Lecureux puis avec son fils Jean-François Lecureux qui a repris la série à la mort de son père. Il a également créé avec Greg au scénario puis Van Hamme la série Domino.