Pin-Up - Tome 7 - Las Vegas

Planche 29

Signée en bas à droite au crayon : Berthet

Dorothy Partington, Dottie pour les amis, est une sculpturale rouquine aux yeux verts. Pendant la deuxième guerre mondiale, au chômage, grâce à ses formes pulpeuses et généreuses, elle a été modèle pour une pin-up de propagande sous le sobriquet de Poison Ivy. Elle a une fâcheuse tendance à s'attirer les ennuis et à se faire des ennemis avec ses réparties. Déçue par les hommes, avec la maturité et les mésaventures son caractère s'est durci et la transformée en une personnalité forte qui apprend vite. Début années 70, quand Las Vegas était encore aux mains de la mafia, Dottie a travaillé pendant plus d'une année pour mémoriser dix-mille visages et est devenue la meilleure physionomiste de la capitale des jeux. Elle fait l'admiration de son employeur, le patron du casino Le Flamingo, car elle repère sans difficultés les tricheurs, les interdits de casino et les black-listés. Elle a de la répartie (peut-être un peu trop) pour refroidir les ardeurs des clients trop entreprenants et s'attire l'inimitié de certains, affiliés à la mafia. Comme d'autres personnages de BD, le physique de Dottie ne semble guère affecté par les années bien qu'elle a vieilli de 30 ans entre 1942 et 1972. Son visage a juste perdu les rondeurs de l'adolescente. Mais pas une ride alors qu'elle a fréquemment une cigarette au bec !!!. Sous le titre générique Pin-up, il aurait peut-être mieux valu raconter les aventures de plusieurs femmes différentes. Surtout que Dottie, femme potiche au tout début se transforme en une tueuse de sang froid. Moyennement plausible !

Dottie est attaquée par un tueur qui exorbite ses victimes et qui la confondue avec sa colocataire fille d’un ancien mafieux. Dottie se défend et le tue puis l'enterre dans le désert (comme c'est la coutume à l'époque), suivie discrètement par Sinatra qu’elle a traité de rital et qui va lui créer des ennuis.Virée par son employeur, un pansement sous l'œil pour cacher sa blessure, Dottie cherche une nouvelle place et réalise rapidement qu'elle a été mise sur une liste noire. C'est alors qu'une mystérieuse jeune femme vêtue de rose, Pinky, que Dottie identifie rapidement comme une playmate du mois prend contact avec elle. Hugh Hefner semble s'intéresser à ses talents de physionomiste, et après vérifications de ceux-ci par Pinky, Dottie est invitée à se rendre à l'aéroport de Las Vegas où une hôtesse de l'air dans l'uniforme des 'Jet Bunnies' l'invite à embarquer à bord du 'Big Bunny', un Douglas DC-9 noir avec le Playboy bunny en blanc sur la dérive, avion privé de Hugh Hefner, le directeur de l'empire Playboy (un avion qui coûte fort cher à l'entretient !). Pinky, qui est la copine officielle de Hugh, l'accueille à bord et lui fait la visite des lieux. Comme son ironie acerbe et ses réparties sur l'aménagement intérieur ne sont pas du goût de Pinky, Dottie se fait rapidement une nouvelle ennemie.

J'aime cette planche, en plus se ses qualités graphiques, de sa mise en page et de ses dialogues, pour le côté documentaire. Une dernière case fait référence au titre de l'album et Dottie est bien présente sur la planche. En plongeant dans le monde de Playboy, on est bien dans le monde des pin-up. Celles-ci sont maintenant photographiées au lieu d’être peintes. Mais si une femme nue est peinte, c’est de l’Art, et ça devient de la pornographie si elle est photographiée (cf « l’Origine du Monde »). Quant à la ressemblance du personnage de Pinky avec Barbara Klein alias Barbi Fenton (c'est plus sexy), la girlfriend de Hefner, elle est plus qu'approximative, mais je pense que Berthet a choisi de donner à Pinky un physique plus agressif et un brin vulgaire qui correspond au personnage. La vraie, au visage juvénile et au physique gracieux, (qui n'a d'ailleurs jamais été playmate du mois mais a fait plusieurs couvertures) n'aurait pas été crédible.