Dans la collection de Ludovic 
Carmen Levi, Michel Motti, Pif - Pêches en tous genres - Planche originale
103 

Pif - Pêches en tous genres

Planche originale
1981
Encre de Chine
32 x 24 cm (12.6 x 9.45 in.)
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Pif Gadget #652
Julie March pour Le Monde

Description

Pif - Pêches en tous genres
Planche 5 (finale)
Récit court paru dans Pif gadget #652 - Septembre 1981
Première histoire de Pif publiée par l'autrice
Encre de Chine
Signée

Inscriptions / Signatures

C. Levi

Commentaire

A propos de Carmen Levi et de la place des femmes dans la bande dessinée

Présentée comme La seule femme ayant dessiné Pif, Carmen Levi fait simplement partie des femmes trop peu représentées dans la bande dessinée française. Dans une étude menée en 2010 par l'ACBD (Association des journalistes et Critiques de Bande Dessinée), les femmes représentaient seulement 12% des auteur.e.s de BD en France. Si aujourd’hui, ce chiffre en hausse est accompagné d’une reconnaissance institutionnelle accrue, il illustre néanmoins une réalité historique.

Avant les années 70, il n’y a guère que Colette Pattinger dans La semaine de Suzette et Manon Lessel ou Janine Lay dans les revues Lisette ou Bernadette pour se faire une place dans l’aventure de la bande dessinée. Parallèlement à ces revues dites féminines, regardées avec dédain par les lecteurs d’une bande dessinée elle-même peu valorisée, les revues sont exclusivement masculines. En Belgique, les mastodontes Spirou et Tintin n’accueillent ainsi que des hommes dans leurs pages, à l’exception de Blanche Dumoulin, qui sous le pseudonyme Davine, dessine la seule héroïne du journal au début des années 40 dans Les Aventures de Zizette. Épouse de Rob-Vel, elle écrit pour lui les scénarios de Toto entre 1937 et 1940 et assiste son mari lors de la création de Spirou. Enfin, lorsqu'il est mobilisé en 1939, elle l'aide à poursuivre la série en terminant les planches inachevées. Une femme de l'ombre comme tant d'autres, dont le travail sur Spirou ne sera que très tardivement reconnu.

Claire Bretécher, dès la fin des années 60, Florence Cestac et son Grand Prix, miraculeux dans ce contexte, en 2000 font figures d’exceptions. Grand Prix qui sera d'ailleurs loin de faire l'unanimité. Un article de 1996 rédigé par Annie Pilloy pour le site bdparadisio recense seulement une vingtaine d’autrices parmi lesquelles Nicole Claveloux, Annie Goetzinger ou encore Chantal Montellier pour ne citer qu’elles. Il faudra attendre 2016 et le boycott du vote pour désigner les trois finalistes du Grand Prix d’Angoulême à l’initiative d’un collectif d’auteures pour que les choses changent.

Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes.

C’est aussi à ce moment que l’on commence à parler de l’enquête de deux journalistes américaines du New York Times autour du producteur Harvey Weinstein et que le mouvement #MeeToo explose, mouvement qui s'étend alors à tous les enjeux discriminatoires liés au genre. Julie March illustrera un article du Monde sur le boycott angoumoisin qui entre en parfaite résonance avec ce hashtag : We Do It Too !. Il y a clairement un avant et un après Weinstein sur les droits, la reconnaissance et la visibilité des femmes dans la société, la BD n’y échappe pas. En 50 ans d’existence, et donc 50 Grands Prix, le Festival International de la Bande Dessinée n’aura décerné que quatre prix à des autrices, dont trois depuis 2019…

Alors lorsqu’au début des années 70, Michel Motti, crée un atelier Pif, dont l'un des piliers deviendra François Corteggiani et qu’il recrute Carmen Levi en 1981, c'est au milieu d’une équipe uniquement masculine qu'il le fait. Michel Motti fait alors figure d'exception et Carmen Levi, dont le trait n'a rien à envier à ses collègues, devient La seule femme ayant dessiné Pif. N’oublions pas qu'au début de cette période jaune (80-90), Pif Gadget, devenu Pif et son Gadget cette même année 1981, est toujours ce phénomène éditorial dont le tirage dépassait régulièrement les 500 000 exemplaires… Participer à cette aventure était une vraie reconnaissance.

Enfin, il n’est pas inutile de se pencher sur la représentation des femmes dans les collections d’originaux, mais plus encore sur la valeur des œuvres dessinées par des femmes. A l’exception notable de Marjane Satrapi, dont la vente chez Sotheby’s fut un succès, quelle valeur pour les œuvres d’autrices ? Quelle représentation ? Comment expliquer l’absence totale d’œuvres de Carmen Levi ici alors que tous les auteurs masculins de Pif sont représentés ?

A lire :

Les femmes de la bande
https://www.linflux.com/art/les-femmes-de-la-bande/

Sur le boycott de 2016
https://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/05/le-festival-de-bd-d-angouleme-accuse-de-sexisme-apres-une-selection-100-masculine_4842193_4420272.html#

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A propos de Carmen Levi

Carmen Levi a débutée sa carrière de dessinatrice de bande dessinée dans les années 60, où elle travaillait pour les éditions Toray et après pour l'agence Espagnole "Selecciones ilustradas" qui publiait ses bandes dans les revues "Roxy" puis "Valentine" aux édition "Fleetway" en Angleterre. En France c'est chez l'éditeur Impéria que l'on retrouva quelques unes des BD de cette période. Dans les année 70 elle vient s'installer en France où elle sera connue pour être la seule Femme à avoir dessiné le personnage "Pif le chien" de Cabrero Arnal aux éditions Vaillant. Ensuite elle dessinait et écrivait des textes pour beaucoup d’albums BD à thème religieux aux éditions Fleurus, Bayard et aux Editions Signe de Strasbourg. C'est aussi en tant que coloriste dans diverses bandes dessinées grand format qu'on la verra, elle travailla aussi en tant que coloriste avec Victor de la Fuente et Julio Ribera, et anonymement avec son mari sur plusieurs ouvrages, elle dessina avec son mari l'album Dadadou et ils collaborèrent ensemble régulièrement dans plusieurs ouvrages. En 1989, elle reçoit le prix international de la bd chrétienne Francophone avec d'Alex Lochen, pour leur BD "Mathilde Wrede" parue aux "éditions Signe". Elle a été, pendant 37 ans, l'épouse du dessinateur Jose de Huéscar. Texte (c) BD'Gest