Dans la collection de Vertommen
Sirius, Pemberton - Couverture originale - Pemberton c'est rien qu'un menteur. - Couverture originale
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Pemberton - Couverture originale - Pemberton c'est rien qu'un menteur.

Couverture originale
1976
Encre de Chine
Encre de Chine, mine de plomb et rehauts de gouache blanche
33 x 22 cm (12.99 x 8.66 in.)
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Détail.
Détail.
Détail.
Détail.
Détail de la partie droite de l'illustration de couverture.
Détail.
Détail.
Détail.
Détail.
Dos du carton servant de support.
Signature.
Illustration de couverture avec son passe-partout et encadrement.

Description

Illustration originale pour la couverture de l'album « Pemberton c'est rien qu'un menteur ».
2ème album de la série, publié en 1977 aux éditions Dargaud.
Signée.

Inscriptions / Signatures

Signature en bas à droite. Inscriptions manuscrites au dos du carton.

Commentaire

Cette illustration de couverture se compose en quatre éléments suivants :

- Une frise supérieure avec cartouche contenant le nom du personnage.
Encre de Chine sur papier à dessin.
3 (3,5 avec cartouche) x 22 cm.

- Une illustration pour la couverture.
Encre de Chine, mine de plomb et rehauts de gouache blanche sur papier à dessin.
33 x 26,5 cm.

- Une frise inférieure avec cartouche vide à destination du nom de la maison d’édition.
Encre de Chine sur papier à dessin.
3 (3,5 avec cartouche) x 22 cm.

- Un feuille de carton servant de support pour les trois éléments, cités plus haut, s’y trouvant collés dessus.
Inscription manuscrite au dos.
40 x 31,7 cm.


Edité en janvier 1977 aux Edition Dargaud avec une réédition en octobre 1981.
Cette série humoristique a fait l'objet de plusieurs recueils en album, après prépublication durant 10 ans, dans Pilote, à partir de décembre 1972.
Il a été adapté en parodie par Sirius lui-même dans Le Trombone illustré sous le nom Arthur Gordon Penthergast.


Pour en savoir plus sur une partie de la vie et l’œuvre de Sirius, je vous engage à consulter une autre œuvre de cet artiste dans ma galerie 2DG :
https://www.2dgalleries.com/art/timour-la-tribu-de-l-homme-rouge-planche-de-fin-88722


Aussi à l’aise dans l’humour que dans le réalisme, Sirius figure parmi les plus importants et les plus prolifiques créateurs classiques de la bande dessinée franco-belge.
Dans cette série, il montre (si besoin en était) sa parfaite maîtrise du trait avec, dans cette série, des scénarii plus que jubilatoires.
Preuve de la diversité de son immense talent.


Mais d’où Sirius a-t-il pu trouver son inspiration et surtout, le nom de Pemberton ?
Le capitaine Pemberton, héros du film américain « La Vierge d'Istanbul », sorti en 1920 ?
Le John Stith Pemberton, pharmacien à Atlanta ayant inventé le Coca-Cola ?

Me concernant non.
Je pencherai plus pour ceci …

Le récit aussi tragique que mystérieux du navire la Mary-Celeste fait figure d’exception. Elle reste aujourd’hui une des énigmes les plus étranges de l’histoire depuis 150 ans …
Ce bateau fut retrouvé dérivant en mer, au large des Açores et abandonné de ses 10 occupants, le 4 décembre 1872.
Des hypothèses variées, mais aucune confirmation, enflammèrent l’imagination les plus fécondes.
Certains journaux de l’époque eux choisirent de mettre en avant des théories plus extravagantes. Comme celle de l’attaque d’un éventuel monstre marin ou calamar géant, qui aurait dévoré les passagers avant de disparaître dans les flots (ceci pour faire un clin d’œil à la partie gauche de la couverture).
Nous sommes en 1926 (soit 50 ans plus tard) où Laurence J.Keating, un jeune journaliste, lancé comme tant d’autres à la recherche de la vérité sur la Mary-Celeste, entend parler d’un vieux marin du pays de Galles, John Pemberton. C’est un loup de mer aux cheveux blanc ébouriffés, au menton en galoches, doté d’une jambe de bois et d’une soif intarissable ; prétendant avoir été présent, en tant que cuisinier, sur le Mary-Celeste.
Et le récit de Pemberton, Keating en a tiré un livre : « le voilier Mary-Celeste, révélations définitives sur le plus grand mystère de l’Atlantique », qui, pendant près de 50 nouvelles années, a constitué la vérité sur cette affaire.
Malheureusement, au début des années 1970, des enquêtes approfondies ont abouti à la conclusion que Laurence Keating avait tout inventé.
Tout était faux, à commencer par Pemberton lui-même.
Ce marin trop beau pour être vrai, avec sa jambe de bois et sa faconde gouailleuse, n’avais existé que dans l’imagination fertile du jeune journaliste.

Il est fort acceptable que Sirius s’en inspirera pour sa nouvelle série, parue peu de temps après les dernières révélations.
D’autant plus que cette histoire intéressait déjà Sirius, lui qui a toujours aimé les histoires de voiliers. « Sans doute parce que j’ai eu un bateau » précise-t-il dans une des rares interviews de lui (1).
Il faut également savoir qu’il avait par ailleurs, sous la signature de « Capitaine Pamphile », déjà réalisé un récit cours, dans « l’Almanach 44 » de Spirou, ayant pour titre ... « L’extravagant mystère de la Mary-Céleste ».

Toujours est-il que ce personnage de Sirius est, comme le Pemberton du journaliste Laurence J.Keating, un vieux marin avec des cheveux blancs ébouriffés, le menton en galoches, d’une soif intarissable et racontant, avec une imagination sans borne.
Il le magnifia avec des histoires héroïques, fantastiques, grivoises (où jeune, Pemberton était toujours le don Juan qui séduisait ces dames). Le tout dans un bar.

Ceci étant, bien entendu, ma propre lecture et hypothèse de l’origine de ce personnage dans l’univers de Sirius.


En 1977, à l’occasion de la création du Trombone illustré, Sirius parodie sa propre série en proposant les péripéties d’un certain « Penterghast » qui ressemble à s’y méprendre à son cousin « Pemberton » et dont un épisode de six pages trouvera même asile dans le journal Spirou, après la disparition du Trombone, en 1978.


En bande dessinée, la couverture (2) en est peut-être l’un des éléments les plus remarquables.
Dans l’industrie du cinéma, les affiches publicitaires du film ne font pas partie du projet du réalisateur, mais sont plutôt commandées par la logique de production.
Dans le cas de la bande dessinée, la plupart des artistes pensent la couverture comme effigie de leur album et participent activement à sa définition.
La couverture est particulièrement importante puisqu’elle servira d’accroche au lecteur-client potentiel.
Une couverture est plus qu’un supplément d’âme de l’œuvre, ressortissant au « paratexte » (3), comme le sont une quatrième de couverture dans l’édition ou une affiche de film - elle est bien plutôt un élément constitutif et même nodal, car introductif de l’œuvre, comme le sont l’ouverture d’un opéra ou l’incipit d’un livre.

À la fois espace d’exposition et lieu de présentation, elle répond à deux problématiques :
- Grande image, elle témoigne des qualités graphiques du dessinateur ;
- Enseigne liminaire, elle synthétise les thèmes de l’histoire à lire.
L’image de couverture est aux dessins ce que le titre de l’album est à l’histoire : un condensé, un reflet, une prise.

La couverture est un tour de force graphique où l’identité de l’univers transparaît en même temps que le sel du récit.


Le lettrage est une partie très importante de la BD, mais trop souvent mal connue des lecteurs, qui ne se doutent pas toujours du travail nécessaire.
Le lettrage est comme la bande-son de la BD, et plus il est réussi, moins il se remarque...
S'il est réussi comme dans cette page titre, il facilite la lecture et guide le regard du lecteur vers l’illustration se trouvant en dessous.
L’écriture manuscrite de Sirius manifeste une identité graphique spécifique à cette série.

Admirez cette (magnifique) couverture, ayant un très bel encrage et représentant plusieurs scènes synthétisant tous les ressorts de cette série.
Que du bonheur jouissif en regardant ce sacré Pemberton ; avec ce si long doigt pointé vers une si charmante fille des îles souriante.

Je vous engage à consulter les autres œuvres de Sirius dans ma galerie 2DG :
www.2dgalleries.com/galleries/sirius-max-mayeu-16345

(1) « Entretien » réalisé par correspondance, par François-Xavier Burdeyron, en octobre et novembre 1985. Rassemblé dans l’ouvrage paru en 1988 aux éditions Bédésup : L'âge d'or du journal Spirou.

(2) « La quadrature de la bande dessinée » de Pascal Krajewski.

(3) Paratexte (terminologie que propose Gérard Genette dans son ouvrage «Seuils » qui constitue une référence incontournable dans le domaine critique) est défini comme étant l’ensemble des éléments entourant un texte et qui fournissent une série d’informations.

Publication

  • Pemberton c'est rien qu'un menteur
  • Dargaud
  • 01/1977
  • Couverture

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A propos de Sirius

Sirius, de son vrai nom Max Mayeu, est un dessinateur de bandes dessinées belge principalement connu pour sa série historique Les Timour et L'Épervier bleu.