Dans la collection de Vertommen
Lucien De Gieter, Papyrus - Le Voyageur du fantastique - planche n°31 du Tome 1. - Planche originale
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Papyrus - Le Voyageur du fantastique - planche n°31 du Tome 1.

Planche originale
1974
Encre de Chine
Papier Schoeller Parole. Mine de plomb, encre de chine.
32 x 45 cm (12.6 x 17.72 in.)
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Détail de la planche 31A.
Détail de la planche 31B.
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Journal Spirou n°1901 du 19 septembre 1974.

Description

Planche originale n° 31 du premier tome de Papyrus "La momie engloutie".

Inscriptions / Signatures

Traits lame de rasoir dans dernière case pour donner un effet pictural. Inscription du correcteur, à la mine de plomb. Signé et daté 74.

Commentaire

Planche originale (rare) du 1er tome de Papyrus "La momie engloutie".
Planche numéro 31A et 31 B (page 33 de l’album) prépublié dans le journal Spirou n°1901 du 19 septembre 1974.
Cette histoire était prépubliée dans le cadre des Maxi-récit du journal Spirou et est parue du n° 1878 du 11 avril 1974 jusqu’au N° 1904 du 10 octobre 1974. Rehaussée par deux couvertures du journal Spirou durant cette période.
L’ensemble repris, par après dès juillet 1978, en album chez Dupuis suite au succès au referendum organisé par le journal.


Dans cette planche, nous retrouvons Papyrus confronté à une horde de pillards.
Le glaive magique lui permet, péniblement, de résister malgré sa blessure.
L’unique scène de cette planche est composée de séquences dans diverses cases permettant d’accentuer la tension vers un final libératoire.
Nous commençons par trois cases (premier strip) en plan moyen pour cadrer les personnages en entier et préciser l’action.
Ensuite, une vue générale (deuxième strip). J’attire votre attention sur une case avec aplats noirs. Bien situés, elle donne de la force et équilibre dans cette planche, suscitant un accroissement de l’intensité de la tension.
Nous continuons vers un gros plan (troisième strip), ou la pointe des armes menaçantes laisse supposer une fin tragique. Accentué, par la case suivante, par un très gros plan.
Nous terminons par un final grandiose avec un plan d’ensemble dans une très grande case horizontale (quatrième strip) qui, dans ce cadre-ci, renforce l'impression que notre héros est bel et bien encerclé par les pillards devenu, cette fois-ci, peureux et fuyant suite à la venue d’un régiment de la garde du pharaon venant sauver Papyrus.
Remarquez également les récitatifs qui sont sans encadrement.


Les anciens Égyptiens ont, il y a plusieurs millénaires, développé une langue imagée.
Par sa façon d’illustrer à la fois des idées, des concepts et des sons, cette langue se rapproche un peu de la bande dessinée.
Voilà pourquoi l’écriture hiéroglyphique est aussi complexe que passionnante. On la considère ainsi comme un lointain ancêtre du 9e art, son premier balbutiement.

Lien naturel, dira-t-on.

Les images de l’Egypte ancienne ne sont-elles pas si proches de nos bandes-dessinées ?
L’organisation en registres, semblable aux strips ?
Les textes hiéroglyphiques accompagnant les figures, de véritables phylactères ?

Cette filiation directe, pas plus que celle associant la bande-dessinée à l’art des cavernes par exemple, ne résiste pourtant à l’analyse. Car la nature même de l’art égyptien est fondamentalement autre.

La narrativité, sur laquelle repose le récit graphique, en est totalement absente.
L’image est, pour l’Egyptien, un moyen de rendre présent ce qui est absent (« re-présenter ») et sert ainsi de médiation privilégiée entre notre monde et celui des dieux, conçus comme deux sphères distinctes.
Les codes si caractéristiques de la représentation pharaonique (rabattements, figures de profil,…) visent à rendre l’essence des objets représentés et non leur apparence perçue par un spectateur extérieur et déformée par la perspective.
L’image fonctionne en dehors de tout cadre temporel et rejette donc les conditions mêmes de la narrativité.

Si des affinités entre l’univers figuratif des anciens Egyptiens et les procédés utilisés par les auteurs de bandes-dessinées peuvent être reconnues, la relation entre ces deux formes d’art relève pourtant bien de l’égyptomanie.


A la croisée du cinéma et de la littérature, avec lesquels elle partage à la fois certains codes et une très large audience, la bande-dessinée contribue de façon décisive à diffuser dans notre société contemporaine une certaine représentation de l’Egypte ancienne, tantôt soucieuse de vraisemblance historique, plus souvent empreinte de la fantaisie la plus débridée.
Dans le seul domaine de la bande-dessinée franco-belge, plusieurs centaines d’albums ont pour cadre les rives du Nil.
C’est que l’Egypte des pharaons, davantage que toute autre civilisation (1), offre à la créativité un terreau particulièrement fécond, alimenté par un cortège de clichés profondément ancrés dans notre imaginaire collectif : pyramides, momies, trésors fabuleux, malédiction des pharaons, créatures divines mi-humaines mi-animales, sans oublier la figure caricaturale de l’égyptologue, sont pour le scénariste et le dessinateur des sirènes auxquelles il est bien difficile de résister, et rares sont les auteurs qui n’ont pas cédé, ne serait-ce que le temps d’un album, à une aventure égyptienne.


Concernant le travail de Lucien De Gieter sur sa série « Papyrus », il peut aisément être divisé en deux périodes.
Les six premiers albums, sous le titre "Aventures merveilleuses de Papyrus", se déroulent dans une Egypte imaginaire où le jeune pêcheur Papyrus et la princesse Théti-Chéri évoluent dans des monuments fantaisistes au milieu de créatures fantastiques.
L’Egypte n’est ici que prétexte à l’exotisme, sans le moindre souci de vraisemblance.

Un premier voyage, de Lucien De Gieter, en Egypte et la rencontre avec des égyptologues seront à l’origine d’un changement radical.

A partir du septième album, "La Vengeance des Ramsès" (1984), Lucien De Gieter inscrit son récit dans un contexte historique mieux défini. Au fil des aventures (qui ne sont plus « merveilleuses »), Papyrus parcourt l’Egypte et les régions voisines sous le règne de Merenptah, le fils de Ramsès II.
Les restitutions des sites archéologiques deviennent extrêmement précises et basées sur une documentation approfondie.
La série prend une dimension didactique, qui se traduit par l’insertion de nombreux textes explicatifs en marge du récit. Le scénario lui-même est dorénavant construit autour de documents archéologiques et l’aventure n’est parfois plus qu’un alibi pour présenter le complexe de Djéser à Saqqara ("La Métamorphose d’Imhotep", 1985), le site de Tell el-Amarna après son abandon ("Le Pharaon maudit", 1988), la réalisation et le transport d’un obélisque des carrières d’Assouan ("L’Obélisque", 1989), le Temple de Millions d’Années de Ramsès II ("La Fureur des Dieux", 2004) et bien d’autres.


Au sujet de l’auteur, c’est en 1945 que Lucien De Gieter, alors âgé de treize ans, présente sa première BD "une histoire se passant dans la mer avec des poissons fantastiques", à divers éditeurs dont l'un la juge « monstrueuse ».
Pas déconfit du tout, il envoie une lettre aux studios Walt Disney pour offrir ses services. On lui répond très gentiment que le bureau est complet.

De 1947 à 1953, Lucien De Gieter suit des cours d'architecture d'intérieur à l'Institut Saint Luc de Bruxelles.
Après son service militaire, il travaille durant deux ans dans une entreprise de d'aménagement de magasins.
Ensuite, avec un associé, il participe à l'Exposition universelle de Bruxelles, de 1958, en réalisant les projets de décoration de la « boule de base » de l'Atomium, de son hall d'entrée et de plusieurs pavillons.
Après l'Expo 58, il se lance dans l'esthétique industrielle toujours avec son associé.

Mais tout bascule en 1961, lorsque l'hebdomadaire Spirou lance un concours de scénario auquel Lucien De Gieter participe et gagne.
Ainsi commence, un peu par hasard, une carrière étonnante d’une personne n’y connaissant pas grand-chose dans ce monde de la BD.
Très vite, des demandes de scénarios pour des mini-récits lui sont demandées et dessinés notamment par Ryssack, Matagne, Francis, Jem et Kiko.
Il collabore également avec Peyo pour l’encrage des « Schtroumpfs » et les mini-gags du chat « Poussy ».

Puis, un jour, Rosy lui a renvoyé la petite maquette qu’il avait réalisée avec le numéro des cases et les textes. Il y avait dessiné un petit personnage et son cheval.
Il voulait qu’il dessine lui-même, cette histoire. Pony était né.
Lucien De Gieter aurait pu continuer à être scénariste, mais il a pris un tournant, et est devenu dessinateur aussi.
Deux histoires de 22 planches de Pony furent réalisées. Mais, à l’époque, il y avait Lucky Luke … et l’aventure s’arrêta là.

Par après, Lucien De Gieter gagne le statut d’auteur complet en 1966 avec « Tôôôt et Puit » qui durera sept ans. C’est le fameux référendum du journal Spirou qui mettra fin à cette série.
Par après durant deux années, il travaillera avec Yvan Delporte mais fera également des illustrations de Mickey.

Lucien De Gieter touchera à la consécration qu’avec le démarrage des « Aventures merveilleuses de Papyrus » dans le numéro 1867 de Spirou du 24 janvier 1974.
Débutée avec "La Momie engloutie" (T1 publié par Dupuis en juillet 1978), la série se poursuivra jusqu’en avril 2015 (T33 : "Papyrus pharaon"), date à laquelle De Gieter, alors âgé de 82 ans, annoncera vouloir définitivement ranger ses crayons.


Est-ce la fin ?
Non, car « Papyrus » fera aussi l’objet d’une adaptation animée (TF1, deux saisons en 1997 et 1998) et d’un jeu vidéo d’action-aventure développé par Ubisoft en 2000, à destination de la console portable Game Boy et du PC.


Je vous engage à consulter les autres œuvres de Lucien De Gieter dans ma galerie :
www.2dgalleries.com/galleries/lucien-de-gieter-6549


(1) le Moyen Âge, la période napoléonienne et les deux Guerres mondiales suivent dans ce « hit parade ».

Source :
- Fondation Boghossian à l’occasion de l’exposition "Egyptomanies depuis le XIXe siècle, Edouard et Cléopâtre" (2012).
- Le journal de l’Alpha N°179 de juin 2011.

Publication

  • La momie engloutie
  • Dupuis
  • 07/1978
  • Page 33

Voir aussi :   Papyrus

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A propos de Lucien De Gieter

Lucien De Gieter est un auteur belge francophone de bande dessinée. Il est surtout connu comme créateur de la série Papyrus, qui a été adaptée en dessin animé en 1997-1998. Albums de grand éditeur : - Poussy, avec Peyo, Dupuis, 3 albums, 1976-1977 - Papyrus, Dupuis, 33 albums, 1978-2015