Paladium - Le Grand Dieu Pan de Machen

Paladium ou la résurrection du Grand Dieu Pan par Olivier LEDROIT

Cette oeuvre est à la confluence de nombreuses influences et de multiples symboles récurrents dans l’œuvre d’Olivier Ledroit. On y retrouve également et étrangement les traits du visage de son auteur. Un autoportrait protégeant sa tendre et douce ?

Cette peinture sur toile, de très joli format, est publiée dans la monographie « Au-delà des Contrées du Crépuscule » aux Editions Glénat. Elle est en page titre du recueil ainsi qu'en pleine page. A noter que le commentaire publié sur 2dg a été également reproduit en pleine page dans la monographie. Une première en la matière et probablement toujours unique en son genre. Une pièce maîtresse pour tout passionné de l'oeuvre d'Olivier Ledroit.

Possibilité de paiement en plusieurs fois

Signée et datée en bas à droite

« Il y a des démons du mal comme du bien autour de nous, et je crois que nous vivons et que nous nous mouvons dans un monde inconnu, dans un lieu où il y a des cavernes, des ombres, et des habitants au début de leur évolution. Il se peut que l'homme retrouve un jour le chemin de l'ancien savoir, et je suis convaincu qu'un savoir redoutable survit encore. »
Arthur Machen

Voici les premiers mots que nous pouvons lire dans le premier tome de Xoco. Arthur Machen, une source d’inspiration bien réelle et toujours omniprésente chez Olivier Ledroit.

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Après deux versions réalisées en 1993 et 1994, Olivier Ledroit retourne à ses premiers amours et réalise fin 2015 une nouvelle récréation en rapport avec Le Grand Dieu Pan d’Arthur Machen.
L’indicible, les interrogations que se pose l’être humain sur l’infiniment grand et la terreur qu’il peut éprouver à la contemplation du Grand Dieu Pan... TOUT un sujet !

Sous influence immédiate de sa participation aux Feuilles d’Automne 2015 de l’Institut français du Japon à Tokyo et de son escapade japonaise tant désirée, Olivier Ledroit livre ici une œuvre très personnelle et instigatrice d’une nouvelle mouvance dans son parcours.
Première réalisation d’une série de trois peintures intitulées Paladium, cette toile dévoile dorure, dentelle, bijoux, fleurs, papillons, collages…

Suivront ensuite en 2016 La Reine Ineternet en hommage à Klimt pour l’exposition au Grand Palais et les Noces de Bérath pour la vente aux enchères Artcurial à Hong Kong.

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Magnifique, étrange, captivante, effrayante, dérangeante… autant de mots pour caractériser cette toile et cette créature évanescente qui n’est pas sans rappeler Hélène Vaughan. Et que dire de la représentation du Grand Dieu Pan, masquant ce qu’il faut comme il faut pour accentuer encore cette émanation troublante et mystérieuse !

Si quelques mots représentatifs de ce dessin devaient être cités, ce serait probablement : ikebana, péché originel, âme, luxure, yeux venimeux (les vrais hein !), indicible bien évidemment et j’en passe. Olivier Ledroit a toujours aimé dessiner les femmes avec de larges hanches, synonyme de fécondité, et des hommes virils et protecteurs… vraiment très à propos pour ce dessin.

Le talent d’Olivier Ledroit réside également dans cette foultitude de précieux détails, avec notamment la carte de tarot égyptien Dix de Bâton sur la face « Trahison, duplicité, tromperie », le halo invoquant Requiem et la fumée émanant du Grand Dieu Pan à l’image de celle de Sha. Et petit détail qui a son importance et ne passe pas inaperçu, l’étonnant retour de ce fabuleux travail à l’aérographe après tant d’années !!

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Pourquoi ce dessin plutôt qu’un autre ? Tout simplement pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, mais aussi pour toutes celles qui vont suivre.

Malgré la bestialité et la puissance omniprésentes, une forme de douceur et de tendresse se dégage de ce dessin avec toutes ces fleurs et surtout ces mains enlaçant et masquant avec élégance la partie la plus intime de ce corps dénudé.
Du fait d’une superposition de collages, de surcollages et d’un vernis, la technique utilisée fait disparaitre le grain de la toile, manquant parfois d’élégance, au profit d’un trait lisse et chatoyant tout en lui conférant un incroyable relief.
Et pour finir, certains voient sur ce dessin le visage d’Olivier, certains le visage de sa Fée et d’autres les deux. Je ne saurai trop dire, mais toujours est-il que c’est assez troublant !

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Paladium ! Un format imposant pour une pièce maitresse ! Un support noble pour une œuvre caractéristique ! Une œuvre non consensuelle empreinte de nostalgie et de modernisme !
En trois mots : un énorme craquage !!!

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En guise d’épilogue, voici deux extraits de la préface d’Alejandro Jodorowsky issue de l’Artbook publié en 2007 et qui en disent long sur Olivier Ledroit et donc sur la quintessence de cette toile :

« Dans quel recoin de son cerveau, ce garçon de 34 ans, timide (mais il se soigne…) aux ongles rongés, amoureux de sa femme, de ses enfants, de ses bonsaïs, va-t-il puiser toute cette dramaturgie ? « J’ai une tribune, je suis libre de m’exprimer. » Celui qui se dit « anar positiviste », revendique tout simplement de faire « ce qu’il veut » : « Le dessin permet de libérer toutes les images de violence que j’ai en moi… ».
Dans la plupart de ses illustrations (notamment les couvertures), Olivier Ledroit dessine un personnage central, posté de face, en situation d’interaction géométrique avec une multitude d’objets ou d’animaux symboliques. Si bien que les personnages deviennent des clés d’interprétation. Il utilise le même procédé dans ses bandes dessinées, bien que ce soit moins flagrant. Les personnages centraux (les héros) sont toujours tragiques, ténébreux, beaux, mais plutôt froids et hiératiques. C’est le lien avec leur environnement qui dégage l’émotion, ainsi que les « seconds rôles », plutôt forts en caractère et hauts en couleur.
Malgré des univers non comparables, ses planches ressemblent à ces tapisseries indiennes - ou mieux encore, tibétaines - dont le personnage central est représenté sous une forme quasi statufiée, alors que c’est l’environnement souvent onirique, baroque, outrancier qui confère la vie à cette création artistique. »

« Qu’il s’intéresse à l’héroic-fantasy, à la science-fiction, au polar ou au fantastique, Olivier Ledroit dessine des paysages flamboyants, des univers violents, démesurés. Il passe facilement du microcosme au macrocosme, de l’infime détail (un œil, un griffe) à une vision de grand angle (une double-page) en faisant cohabiter les différentes dimensions.
Mais jamais de huit-clos, rarement d’espaces intimes.
« L’autre monde » est toujours présent. Il existe toujours des passages.
Les personnages des différents univers se côtoient et se croisent à tel point que le réel ne connaît plus de frontière.
L’œuvre d’Olivier Ledroit a profondément été façonnée, en particulier pour ses personnages, par les dessinateurs de comics américains : Jack Kirby, John Byrne (le dessinateur des X-men), Frank Miller, et bien sûr Winsor McCay.
Olivier Ledroit est allé à l’école de Bernie Wrightson. Mais la génération des dessinateurs anglosaxons des années quatre-vingts est sans doute celle qui l’a plus influencé : Brian Froud et Alan Lee, tout autant qu’Arthur Rackham.
Il revendique l’apport des maîtres symbolistes. Et bien sûr, en guise de clin d’œil, les toiles de Jérôme Bosch.
Sa bibliothèque personnelle en témoigne, ainsi que l’influence d’écrivains tels que Lovecraft, Arthur Machen, Abraham Stoker, et plus récemment de Tolkien.
Olivier Ledroit, dans l’humble silence de son atelier de dessinateur a entrepris une recherche en aval de la connaissance et du pouvoir qui s’agrègent à l’Art ; terrible preuve qui lui ouvre des secrets qu’il n’aurait pu imaginer au départ, et qui, entre la lumière et l’obscurité, imprègnent son être jusqu’à le transmuter en un véritable créateur.
Nous sommes face à quelqu’un capable de marier le réel et le surnaturel, c’est à dire un visionnaire. Son imagination ne voit pas avec ses yeux, mais à travers eux. Je me risquerais volontiers à définir l’œuvre d’Olivier Ledroit comme le surprenant produit d’un don de double vue. »

DU PUR LEDROIT