Dans la collection de beboun7
Mouettes par Hugo Pratt - Dédicace
2840 

Mouettes

Dédicace
1991
Feutre
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Corto
O'keefe (Burt Lancaster)
O'keefe
O'keefe à la barre
Johm Wayne - Le reveil de la sorcière rouge
Revue Sgt Kirk
Ne me laissez pas
Ensemble bromures
Publication France-soir

Description

Des mouettes...

Inscriptions / Signatures

Signée

Commentaire

Dédicace sur "le Désir d'être inutile", Hugo Pratt et Dominique Petitfaux – Ed Robert Laffont - 1991.

De simples mouettes, comme il en a dessiné tant. Par un simple trait, Hugo Pratt est capable de nous emmener loin, trés loin, sur les bords de la lagune de Venise ou dans les mers du Sud...

J'ai découvert Hugo Pratt à 15 ans par la lecture de "la ballade de la mer salée". Un choc ! Visuel et narratif !

Petit à petit, au fil de lectures, d'échanges et de rencontres, je me suis intéressé à l'histoire de la publication française de "la Ballade de la mer salée", entre la première publication en 1967 et l'album souple de Casterman qui m'avait tant touché. Si cela vous intéresse, vous trouverez ci-après cette petite histoire. Merci à Dominique Petitfaux, Joël Laroche et Henri Filippini.

Juillet 1967, les premières planches de « Una ballata del mare salato » paraissent dans le numéro 1 de la revue « Sgt. Kirk », mensuel édité à Gênes par Florenzo Ivaldi. L’auteur et dessinateur de cette histoire s’appelle Hugo Pratt. Pour cette histoire, Hugo s’est beaucoup inspiré de films d’aventures : « Le réveil de la sorcière rouge », avec John Wayne sur son radeau mais également « La route des îles » avec Burt Lancaster, dont il reconnaitra s’être inspiré pour le personnage de Corto Maltese. La revue est vbelle mais le tirage de la revue n’excède pas les 3000 exemplaires. Elle est mal diffusée. La ballade ne va pas bien loin…
Claude Moliterni, amateur, critique et rédacteur en chef de la revue « Phénix », a lu la revue « Sgt. Kirk ». Il est impressionné par le dessin d’Hugo Pratt et son talent de narrateur. À l’aide de montages diapos qu’il présente à des amis, il essaie de le faire découvrir. Il réalise également la première interview en langue française de Hugo Pratt à l’occasion du festival de Lucca, en 1968. Enfin, action décisive, il présente Hugo Pratt à Georges Rieu, rédacteur en chef de Pif, lors de ce même festival l’année suivante. Se retrouvant sans travail quelques mois plus tard, Hugo va alors retrouver Georges Rieu qui lui propose de collaborer à « Pif-Gadget ». En trois ans, de mars 1970 à avril 1973, Hugo Pratt va publier 21 épisodes de vingt planches de « Corto Maltese ». Grâce à cette publication, Hugo se fait connaître, se fait un nom dans le monde de la bande dessinée européenne. Ses histoires surprennent, détonnent et la personnalité de Hugo Pratt fascine. Evincé de « Pif » par des responsables commerciaux qui ne l’appréciaient guère, Hugo va devoir poursuivre son œuvre ailleurs. Mais, pendant ce temps, il n’oublie pas pour autant que le public français n’a jamais eu connaissance de « La Ballade de la mer salée », la première histoire avec Corto Maltese.
Cependant il ne peut pas la proposer lui-même car les droits appartiennent à Florenzo Ivaldi.
Et pourtant, Hugo souhaite publier cette histoire. Il a même trouvé un éditeur. Lors du festival de Lucca en 1972, Claude Moliterni a présenté Pratt et Ivaldi à Vania Beauvais, femme d’influence à « France-Soir », responsable de la célèbre page de bandes dessinées du quotidien. Paul Gillon, qui publie dans le journal, encourage Vania Beauvais à publier de nouvelles bandes dessinées sous forme de planches plutôt que sous forme de strips, et il lui recommande Hugo Pratt. Le repas entre eux se déroule bien, Hugo souhaite publier « La Ballade » dans « France-Soir » mais Ivaldi ne veut pas céder ses droits. Il est intraitable. Hugo est furieux. Il ne sait pas comment faire.
Finalement, il en parle à Joël Laroche, directeur des éditions Publicness, qui a publié le premier album de Corto Maltese en 1971 dans un bel ouvrage à l’italienne à 1000 exemplaires et un tirage de tête. Joël lui propose d’essayer lui-même de discuter avec Ivaldi, entre éditeurs. Il appelle Florenzo, plusieurs fois, et celui-ci finit par céder en croyant que Joël va éditer « La Ballade » en album !
Joël Laroche récupère alors l’ensemble des bromures de « Una ballata del mare salato », à l’exception des deux premières pages d’introduction, demande à Anne Frognier de faire la traduction et confie le lettrage à Robert Roquemartine. Les nouvelles bulles sont directement collées sur les bromures. Les planches sont ensuite transmises à « France-Soir » qui fait paraitre la première version française de « La Ballade de la mer salée » entre le 16 juillet 1973 et le 16 janvier 1974. Tous les jours, une planche en format réduit paraît sous copyright « Hugo Pratt, Publicness et France-Soir ». Hugo est fier et surtout content. Un million de lecteurs chaque jour vont pouvoir découvrir ses bandes. Une occasion en or !
La deuxième parution est l’œuvre de Claude Moliterni. En 1974, il réussit à convaincre Georges Dargaud de l’intérêt pour « Phénix » de devenir mensuel. Pour cela, Moliterni doit rendre la revue plus attractive et publier des BD. « Phénix » présente ainsi les 51 premières planches de « La Ballade » du n°38 de juin 1974 au n° 41, avant qu’il ne retrouve sa formule trimestrielle, sans BD, dès le n° 42.
Par la suite, Claude Moliterni entre en contact avec Louis Gérard et Didier Platteau des éditions Casterman. Ils ont publiés en album les premiers épisodes de Corto Maltese parus dans « Pif », en noir et blanc puis en couleur, mais sans trop de succès. Finalement, ils acceptent de publier « La Ballade de la mer salée » mais pour cela, Didier Platteau travaille une nouvelle maquette à partir des documents de Joël Laroche : un album souple et broché, qui reprend les 163 pages de l’histoire, qui apparaît comme le premier roman graphique à la française, trois ans avant l’aventure du magazine « (À Suivre) ». L’album sort en 1975 et il est primé au salon d’Angoulême en janvier 1976. Les lecteurs suivent, apprécient cette nouvelle forme de BD.
1976 : plus de huit ans après sa première publication, « La Ballade de la mer salée » est enfin un succès ! Bientôt, elle sera reconnue comme un chef-d’œuvre de la bande dessinée et ouvrira un espace à une nouvelle forme de roman graphique !

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A propos de Hugo Pratt

Hugo Eugenio Pratt est un auteur de bande dessinée italien. Son œuvre la plus connue est Corto Maltese qui a largement dépassé le champ de la bande dessinée.