Marc Dacier

Marc Dacier
L'abominable homme des Andes, planche 41
Encre de Chine
Prépublication : Journal de Spirou 1319 du 25 juillet 1963
Album Dupuis, 1980

Signée (en bas à droite)

S’il est un scénariste qui n’a jamais été à cours d’idées, c’est bien Jean-Michel Charlier. Il les puisait dans l’actualité, l’Histoire, dans le fonds inépuisable des intrigues de romans d’aventures (pirates, trésors cachés, organisations criminelles, etc..) et même parfois un petit peu chez la concurrence. « Je pense être dans la continuité des grands feuilletonistes du temps passé (…). Quelque soit la série, j’ai toujours utilisé les ficelles du métier (…). Je crois que ce qui est important, c’est la façon dont je les réutilise : la sauce fait généralement passer le plat de résistance même si on a l’impression d’en manger tous les jours. »1
Dans le diptyque « L’abominable homme des Andes «  et « L’empire du soleil » paru dans le beau Journal de Spirou en 1963, il mixe les thèmes de la civilisation réfugiée en un lieu caché (les Incas), du Yéti (que Paape dessine un peu comme Hergé) et de la recherche d’explorateurs perdus (comme Raymond Mauffrais, Fawcett que même Bob Morane a cherché, etc..). Marc Dacier, reporter (comme Tintin) fait partie d’une expédition au Pérou, dont le but est de trouver les traces d’un groupe d’alpinistes récemment disparus dans la Cordillère des Andes et celles de mystérieux »hommes des neiges » qui vivraient dans les neiges éternelles des hauteurs andines (cf Tintin au Tibet). Elle se heurte aux autorités locales, à l’hostilité des Indiens et elle subit sabotages et attentats (cf Le Temple du Soleil). Comme dans cette planche où la cordée a failli dévisser, visée par des rochers lancés par les fameux hommes des neiges.
La sauce est-elle bonne ? Elle était à mon goût quand j’étais gamin, elle l’est toujours.

Graphiquement Paape, dans une de ses meilleurs périodes graphiques, est à son aise, son trait est souple, efficace, élégant, la composition verticale sert la narration. Au dos de la planche figurent les indications de couleurs à la gouache comme c’était encore l’habitude à cette époque, avec un résultat toujours spectaculaire par rétro-éclairage. Indications non suivies d’effet, la page est publiée en bichromie dans le journal et les couleurs seront refaites par le studio Léonardo pour la publication de l’album 17 ans plus tard.


1. Gilles Ratier « Jean-Michel Charlier vous raconte... », La Castor Astral , 2013