Manara, Guiseppe Bergman, Rêver peut-être, Terror

Planche originale de Milo Manara, page 34 de l'album "Giuseppe Bergman - Rêver peut-être", publié dans "A Suivre", puis aux éditions Casterman en 1989, réédité à de très nombreuses reprises et encore chez Glénat, cet automne 2025 . Encre de chine sur papier. 63x46,5cm.

« Les aventures de Giuseppe Bergman », parfois volontairement et joyeusement foutraques, dans la forme comme dans le fond, inspirées par l'univers des mentors et amis de Manara, Hugo Pratt et Fellini -il a bien choisi ses proches!- regorgent de petits trésors, planches complètes ou simples strips.

Cette planche en particulier illustre parfaitement l'un des défis de cette série d'albums, qui s'inspire - aussi - des différentes étapes de l'histoire de l'art! Les spécialistes de l'art contemporain reconnaîtront, dans chacune des cases, un style particulier, notamment des références pop-art. Chaque case est un tableau en miniature et je vous invite, avec les images additionnelles, à en contempler quelques unes! Une construction cinématographique se terminant par une fondu enchaîné noir après la case "Terror".

L’histoire racontée ici conte les démêlés mystico extravagants d’une ravissante dame qui passe des bras de son ancien amant (transformé en buisson épineux par la cruelle déesse Kali), aux bras du « noble » chevalier, qui sans le savoir accélère le maléfice! Mais ce n'est là que l'une des nombreuses "histoires dans l'histoire" dont regorgent les aventures de Guiseppe Bergman.

Le dessin, très fin, transpire la poésie, l’élégance mais aussi l'extravagance qui furent longtemps la marque de fabrique de Manara, avant qu'il s'aventure sur des pâturages plus exclusivement érotiques et, à mon sens, moins intéressants.

« Les aventures de Giuseppe », dont le visage relève de l’autoportrait mâtiné des traits d’Alain Delon, racontent aussi, de son premier à son dernier volume, l’évolution graphique du dessinateur. Une œuvre unique, troublante et, à l'époque, révolutionnaire.