Manara Giuseppe Bergman (Jour de colère)

page 108, la scène de la douche, planche fantasmatique

Il y a une très belle critique de cet album à lire ici: https://www.senscritique.com/bd/Jour_de_colere/critique/21371974

Jour de Colère est paru quand j'avais 14 ans. J'ai dû lire ça quand j'avais 15 ou 16 ans. C'était un choc, par la narration débridée, et l'érotisme diffus. Cette planche en particulier est certainement un de mes premiers émois les plus impressionnants. C'est resté dans ma mémoire. Pourtant on n'y voit pas grand chose mais c'est juste pervers en diable.

Je n'ai pas de soeur, donc pour m'imaginer dans cette situation, il fallait un double fantasme. Ce qui est amusant aussi, c'est que cette planche, qui fonctionne comme une fable indépendante du reste de l'album, est en fait le récit d'une jeune femme, mais qu'elle transpose comme si elle était son propre frère, le garçon de l'histoire qui prend ici sa douche, lorsque sa soeur entre dans la salle commune. A la même période, j'avais testé le fait d'écrire des petits textes, en coordonnant tout au féminin et j'avais trouvé ça très troublant...
Bref, cette planche m'a marqué, au point que je la qualifie de "mythique" lorsque je l'ai vue dans une collection privée.

C'est son côté fable, son aspect stylisé, son noir et blanc, ses expressions, sa chute... En même temps, on n'est pas loin du mauvais goût. Mais c'est enluminé dans des petits cadres art déco, tout en voix off, comme pour ajouter la distance du rêve.

Avoir l'occasion d'ajouter à sa collection une planche aussi fantasmatique, un des mes premiers émois d'adolescent, c'est aussi très troublant...