Le Flagada - poster du journal Spirou.

Rarissime illustration (de très grand format) publiée sous forme de poster dans le journal Spirou N° 1738 du 05 août 1971.
Réutilisé par « Le coffre a BD » pour l’album « Le Flagada : Tome 2, 1972-1975 » édité en 2007.

Signature en bas du dessin. Texte imprimé sur papier et collé sur la planche.

Les 3 personnages de cette série très humoristique y sont représentés sur ce sur papier Schoeller Parole(1).
A savoir :
- Le Flagada : Oiseau imaginaire de couleur jaune qui vit exclusivement sur de petits îlots paradisiaques du Pacifique Sud. Dépourvu d’ailes, il se déplace à la façon des hélicoptères par la rotation de deux plumes hélice. Ses principales activités consistent à manger des pignoufs, dormir et trouver de nouvelles idées pour embêter Alcide.
- Alcide Citrix : Compagnon humain du flagada, il est le représentant du bon sens et de la logique cartésienne face au comportement anarchique du flagada. Sa prétendue supériorité intellectuelle ne le met nullement à l’abri du ridicule, bien au contraire.
- Émile, le cormoran : il s’agit du plus distrait et gaffeur de tous les palmipèdes marin. Il est aussi paresseux et gourmand que le flagada qui le protège affectueusement.
Ne s’y trouve pas :
- Le Professeur Trucmuche : Savant extravagant, auteur d’inventions farfelues fort dangereuses, il vient périodiquement se livrer à ses recherches dans l’île du flagada.


Après avoir suivi les cours de composition-décoration à l'Académie de Verviers, Charles Degotte débute comme animateur à T.V.A., le studio d'animation de Dupuis. Pour ces mêmes éditions, il assurera, à partir de 1968, la mise en page de Télé-moustique, puis du journal Spirou.


Parallèlement, il mène une carrière d'illustrateur et c’est dans Spirou 1196 (daté du 6 mars 1961) qu’il publie son premier mini-récit « Prenez garde au Flagada », lequel sera suivi de très nombreux autres mini-récits avec des héros plus ou moins occasionnels, mais le Flagada sera et restera son personnage fétiche.
Le Flagada avait, par ailleurs, une tout autre forme à ses débuts (voir visuels).


Parallèlement aux mini-récits, il y aura quelques histoires en pleine page de Spirou dès le n° 1490 (daté du 3 novembre 1966) avec un récit de 6 pages « Un Flagada n’a pas peur des bouzous ».
Mais c’est au numéro 1586 (daté du 5 septembre 1968) que la consécration arrivera avec le début d’une longue suite de gags en une ou plusieurs pages : « Le Flagada et les pépins de la pêche », et surtout avec la publication à partir de n° 2157 (daté du 16 août 1979) d’un récit à suivre en 44 planches « Emilius le terrible ».


Notons également que durant cette période, Degotte réalisera quelques albums pour enfants dans la collection « Carrousel » et utilisera le pseudonyme de « Desquatre » pour des scénarios avec Matagne, Cauvin et Ryssack.


Malheureusement Le Flagada ne connaîtra pas la gloire des albums Dupuis (qui n'édita aucun album !) et devra attendre bien longtemps avant de se voir édité.
- 1981 avec un album souple en noir et blanc chez Pepperland. Un mince volume en noir et blanc qui regroupait des mini-récits parus dans les années soixante ;
- 1989 avec "Emilius le terrible" chez MC Productions ;
- 1996 avec la reprise des gags « les pépins de la pêche » chez Dargaud dans la collection « Les classiques du rire » ;
- Dès 2055, publication de l’intégrale aux éditions Taupinambour/Le coffre à BD.


En imaginant le Flagada, un animal exotique totalement inconnu des milieux scientifiques, Degotte s'était offert une île déserte à peu de frais(2).
Degotte sera le roi du calembour qui tue !
Son Flagada n’en rate pas une, même ceux que personne n’oserait faire et, qui plus est, Degotte invente le calembour dessiné !


D'un beau jaune soutenu, le Flagada présente une morphologie d'une agréable - et disons même aristocratique - rondeur.
Quoiqu'il constitue une espèce à lui tout seul, le Flagada se rapproche un tantinet de la gent ailée dès lors que l'individu se déplace en volant au moyen d'une petite hélice judicieusement installée au bout de sa queue.
Le Flagada présente de surcroît la particularité de s'exprimer couramment dans la langue française et de pratiquer avec délectation le jeu de mots dévastateur et le calembour apocalyptique.
Disons encore que le Flagada est copain comme cochon avec un humain, Alcide Citrix, qui a choisi de fuir le monde, sa fureur et son fracas, pour vivre de fruits exotiques et d'eau fraîche sur une île aussi déserte que paradisiaque.


Voici également un argument ultime en faveur du Flagada. Les hommages des dessinateurs.
Gaston Lagaffe est un grand fan du Flagada, il en a mis des posters sur les murs de son bureau, en a fait des gadgets, et s'est même déguisé en lui.
Et Franquin le plaça également dans les décors (comme une pub dans un kiosque, …).
Mais également Batem, Berco, De Brab, Leloup, Léturgie, Conrad et Yann, Cosey, Walthéry, ...


Plus tard, Degotte inventera le personnage d'"Hippolyte, l'hippopotame" pour les albums Dupuis-Jeunesse et pour des émissions de télévision, "Hippolyte et ses amis", dont il est le scénariste, le dessinateur et le présentateur.
En janvier 1984, Degotte lance sur les routes la série des Motards, série qu'il continuera jusqu'à sa mort, le 20 avril 1993, à Bruxelles.


(1) papier Schoeller Parole est un papier technique de très haute qualité.
Ce papier acceptait les corrections/grattages à la lame de rasoir, sans boire l'encre à l'endroit de la correction.

(2) Robert Rouyet, Journal « le Soir » du 24/04/1993.

(3) Ainsi « cool Raoul » est la réplique du Flagada lorsque Alcide (son partenaire humain) va très mal et qu’il est dessiné tellement mou qu’il coule …


Les photos ne représentent pas la qualité des couleurs de ce magnifique dessin.