Paul Gillon, La Survivante #1

Planche 27 du premier tome de La Survivante, par Paul Gillon (Albin Michel, 1985).

Signée au dos

La Survivante, ou une vision légère, très "années 80", de la survie d'une jeune femme élégante dans un monde post-apocalyptique, déshumanisé certes, mais non dénué de plaisirs et de pulsions charnelles, aux antipodes de Mad Max!

Dans un futur proche, une femme bloquée dans une grotte souterraine survit à une explosion atomique. De retour dans un Paris désert, elle découvre que tous les hommes (et femmes) ont été tués, sauf elle. Aude est "La Survivante". Elle passera par tous les états : la colère, la peur, l'inquiétude, le découragement, mais aussi l'euphorie et un sentiment de liberté absolue, dont elle usera et abusera. Aude peut profiter sans restrictions de la "Ville Lumière", dormir à l'hôtel Crillon, se baigner dans la Seine et ... faire ses emplettes chez Cartier, Place Vendôme, comme dans cette planche 27 issue du premier tome.

La Survivante est l’un des chefs-d’œuvre de Paul Gillon : ce conte érotique, qui célèbre la libération sexuelle des années 1980, est sublimé par la virtuosité du trait de Gillon, qui n’est pas sans évoquer le style des maîtres américains Milton Caniff et Alex Raymond.

La Survivante est un classique de la bande dessinée de l'époque, mêlant science fiction et érotisme, un genre très prisé depuis Barbarella dés la fin des années 60, porté notamment par L'Echo des Savanes dans lequel cette bande dessinée fut initialement publiée.

Les premiers tomes de la Survivante se déroulent dans un Paris désert et Paul Gillon prend manifestement plaisir à dessiner fidèlement l'architecture de la Ville Lumière. Dans la première case de cette planche, Aude est assise au jardin des Tuileries, à côté d'une statue qui agrémente encore aujourd'hui l'endroit : l'Allégorie de l'Automne, Vertumne, par François Barois. Le reste de la scène se déroule place Vendôme. Les images additionnelles montrent la fidélité absolue de Paul Gillon à cette place telle qu'elle était en 1985.

Le trait de Gillon est pour moi d'une sobriété et d'une élégance absolue. Un peu comme la Place Vendôme!

Les hasards de la vie font que j'ai eu le privilège de travailler sur cette place, dans un bureau dont la baie vitrée offrait le même angle de vue que celui retenu par Gillon, entre 1988 et 1992, soit a peu près au moment où il dessinait "La Survivante". Merci à "MARV", et avant lui "Tavern", de m'avoir offert l'opportunité de revisiter cette époque en regardant mon mur!