"La Mort voyage en première classe" – Hors-Série Jaune – Couverture Elvifrance

Couverture d’Alarico Gattia.
- Publiée en janvier 1978 en Italie par Edifumetto dans la collection I Notturni, série V n°19, « Il segno del destino » ;
- Publiée en avril 1980 en France par Elvifrance dans sa collection Hors-série Jaune (sans numérotation visible) n° 12 « La mort voyage en première classe » ;
- Et publiée aux Pays-Bas et en Belgique en 1981 par De Schorpioen dans sa collection Bloederige-verhalen n°56, « Bloederige ledematen ».

Indications de publications italienne et française (erronée) au dos.

J’aime beaucoup Alarico Gattia quand il s’attaque avec le bon/mauvais goût obligé aux couvertures de fumetti per adulti. Cette couverture a tout pour plaire. Nudité et monstruosité mêlées par une caresse cachée mais explicite. Un crâne volant à l’arrière-plan, figure ô combien classique dans le genre. Et le tout sur impression soleil couchant ! Les couleurs affriolantes sont aussi au rendez-vous… Cela suffit amplement
Et puis ?

Et puis il y avait le sentiment que cela était quelque chose d’autre. La chose barbare, le monstre musculeux ? une silhouette connue ? Cela ne vous rappelle rien ? Frazetta… Après quelques recherches je suis tombé sur la peinture plagiée.

Elle a orné la couverture du n° 27 du magazine Creepy, publié en juin 1969.
Il existe deux versions de cette peinture (voir les images jointes), dont la première, non datée mais probablement de 1967, met en scène le personnage musculeux arborant une tête simiesque aux oreilles d’orque, moitié goule, moitié vampire, réellement inquiétante. Manque de chance, en 1967, Warren, à la tête de Creepy, Eerie et Vampirella met provisoirement fin pour des raisons financières à sa collaboration avec ses artistes les plus « chers », le scénariste Archie Goodwin, l’artiste Steve Ditko, qui a quitté Marvel depuis 1966, et surtout Frank Frazetta !

Entre 1967 et 1969, la toile reste donc chez l’artiste mais la face peinte tournée contre le mur car elle ne plaisait pas du tout à son épouse, la jugeant trop hideuse. C’est la raison pour laquelle Frazetta s’attèle à une seconde version où la face du monstre est transformée en un visage ricanant de barbare Mongol. Il est probable (il existe d’autres hypothèses) que cette seconde version date de 1969 au moment où la situation financière de Warren s’améliore et qu’il appelle à lui Frazetta.

Quelle que soit la date de sa réalisation c’est cette seconde version de la peinture qui sera proposée et acceptée par Warren. Frazetta la datera certainement ultérieurement (l’année n’apparaît pas sur la couverture publiée) de 1967, année de la première version.

Fin de la grande histoire. Début de l’autre…

Après une première version en 1967, une seconde version publiée en 1969, le barbare de Frazetta refait surface en Italie en 1978 sous le pinceau d’Alarico Gattia et avec une nouvelle face… il a perdu son casque, retrouvé une chevelure courte et gagné un regard et une haleine de braise ! Et bien sûr il a gagné une compagne peu rebutée par un physique difficile.

Pas sûr que Mme Frazetta ait trouvé celui-ci moins hideux que les autres… Je l’adore pour ma part.