Dans la collection de archeobd 
Propagande Régime de Vichy 1940, La fille du capitaine - Planche originale
88 

La fille du capitaine

Planche originale
circa 1940
Encre de Chine
44 x 31 cm (17.32 x 12.2 in.)
Partager
Dos de la planche

Description

Cette planche, n°1 de “La fille du Capitaine”, a été publiée dans un épisode des “Grandes Aventures" sous l'occupation allemande et sous la censure et la propagande du régime de Vichy. L’histoire est adaptée du roman éponyme d’Alexandre Pouchkine.

Inscriptions / Signatures

Non signée, indication "copyright AGO" dans l'avant dernière case

Commentaire

Voici un rare témoignage original qui nous donne l'occasion d'une plongée dans l'histoire peu connue de la bande dessinée sous a propagande de Vichy, lors de la seconde guerre mondiale.

Prenons appui sur cette pièce d'archéologie de la bande dessinée française pour éclairer un pan resté méconnu de la propagande du gouvernement de Vicy, sous l'occupation nazie: celle de la formation et de l'éducation de l'enfant à travers la bande dessinée.

Le Régime de Vichy
Le nom de régime de Vichy désigne le régime politique autoritaire et collaborationniste instauré en France durant la Seconde Guerre mondiale. De nature traditionaliste, xénophobe et antisémite, ce régime avait à sa tête le maréchal Philippe Pétain, secondé par le chef du gouvernement Pierre Laval en 1940 et de 1942 à 1944, avec un intérim de l'amiral François Darlan. Le régime de Vichy a assuré le gouvernement de la France du 10 juillet 1940 au 9 août 1944 pendant la deuxième guerre mondiale et durant l’occupation du pays par le Troisième Reich1. Le régime est ainsi dénommé car le gouvernement siégeait à Vichy3, située en zone libre.

Les Allemands, qui occupent d’abord le Nord et l’Ouest du territoire national et, à partir du 11 novembre 1942, avec les Italiens, la métropole tout entière, laissent l’administration française sous l’autorité d’un gouvernement français installé à Vichy, dans le sud-est de l'Allier, et dirigé par Pétain. Nommé le 16 juin 1940, en pleine débâcle, président du Conseil par le président Albert Lebrun, Pétain se substitue en juillet 1940 au président de la République, qui, bien que n'ayant pas démissionné de son mandat, se retire de la fonction6, Pétain se nommant lui-même « chef de l’État français »7, puis met en œuvre une politique de collaboration avec les nazis et instaure des lois antisémites.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette collaboration prend plusieurs formes : coopération économique, arrestations de résistants, de francs-maçons, d'ecclésiastiques catholiques, et d'opposants politiques (notamment communistes), rafles de Juifs français et étrangers, réfugiés en France avec la montée du nazisme dans les années 1930, sur le territoire métropolitain, remis aux Allemands et déportés vers les camps d'extermination nazis. Sur le plan militaire, le régime n’est pas un allié officiel du Troisième Reich mais le sixième gouvernement Laval reconnaît la Légion des volontaires français (LVF) comme une association d’utilité publique8 et contribue aussi à l’effort de guerre allemand au moyen de la collaboration de son industrie militaire. Il fournit en outre à l’occupant une force armée supplétive de répression en métropole, avec la Milice française, responsable d'exactions meurtrières sur tout le territoire. Au regard du peu de troupes d'occupation allemandes réparties sur un territoire aussi grand que la France, l'ordre nazi n'aurait pu s'exercer sans la totale implication de toute la machine étatique, policière et administrative française alors sous les ordres du régime de Vichy, ce qui reste un exemple unique dans les pays d'Europe occupés.

Considérant que la République française n’a jamais cessé d’exister, le général de Gaulle déclare le régime de Vichy « illégitime, nul et non avenu » à la Libération à l'été 1944. La responsabilité de l'État français dans la persécution et la déportation des Juifs durant l'occupation n'est reconnue qu'en 1995 par Jacques Chirac.

"Les Grandes Aventures", un périodique né sous le régime de Vichy
Notons tout d'abord que "la recomposition de la presse enfantine à la défaite est lente et incomplète. Si la quantité de titres est à peu près similaire, leur nature, elle, est très différente. Le régime de Vichy est responsable de l'existence mouvementée de certains périodiques et pour d’autres de leur extinction. C'est notamment le cas pour ceux qui dominaient le marché avant l'installation du maréchal comme le groupe des frères Offenstadt, de Paul Winkler ou de Del Duca, qui ont eu des problèmes avec le gouvernement. La guerre et le repli dans la zone sud ou dans d’autres pays, permettent l’expression de talents étouffés par la concurrence. Une nouvelle génération de dessinateurs apparaît."

"Il faut aussi prendre en compte le manque de papier. Désormais, les journaux de la collaboration sont prioritairement approvisionnés, et c'est dans cette optique (et non en raison de son contenu) que la presse pour enfants est sacrifiée. De ce fait, à Paris, beaucoup de titres disparaissent comme par exemple Pierrot, Lisette, Gavroche ou encore Les Grandes Aventure. Ceci est dû au manque de « papier et non faute de lecteurs."

« Dans la zone nord, les « très autorisée » Editions Théophraste-Renaudot lancent deux illustrés, Les Grandes Aventures et Gavroche3 ». Elles sont fondées par « un homme de main des nazis3 » : Eugène Gerber. C’est un alsacien qui abandonne le métier d’instituteur en 1918 pour une carrière de journaliste. Il ne connait de véritable succès qu'à partir de 1938, lorsqu'il se met au service de l’Allemagne nazie. Il mène en Alsace une grande propagande en faveur de l'Allemagne. Celle-ci est interrompue par la révélation de sa culpabilité dans une escroquerie. Pendant l’été 1940, il devient l’un des principaux agents de la Propagande-Staffel dans la presse parisienne. Grâce à ce statut, il obtient le fauteuil directorial de Paris-Soir ainsi que la gestion de plusieurs sociétés du groupe dans la zone occupée. Il est chargé de missions de confiance grâce à un « compte spécial » alimenté par des sommes prélevées dans l’exploitation de Paris-Soir.

Il investit à titre personnel dans la Société auxiliaire des périodiques et, aussi, dans les Editions Théophraste-Renaudot. Elles sont créées le 30 septembre 1940 et elles sont rapidement devenues une florissante entreprise spécialisée dans la presse de distraction à destination des femmes et des enfants.

Il confond ses propres fonds avec ceux de Paris-Soir et en 1942, les autorités allemandes mènent une enquête fiscale sur ses sociétés. Pour rembourser ses excès, Gerber est contraint de liquider l’ensemble de ses participations. Il quitte définitivement les éditions Théophraste-Renaudot le 4 mai 1942 lorsqu'il vend toutes ses parts.

Gerber est totalement inexpérimenté dans le domaine de la presse enfantine. De ce fait, il essaye de recruter Cino del Duca après son retour à Paris en 1940. Ce dernier accepte la fonction de conseiller technique de l’hebdomadaire. Mais il n’a pas le temps d’exercer ses fonctions puisqu'il est licencié par Gerber pour son hostilité au fascisme. Après cet échec, Gerber sous-traite les réalisations de Lottario Vecchi. Cet éditeur italien, présent avant l’arrivée des Allemands, accepte rapidement car il est sous la menace d’une interdiction à la suite d'une perquisition de la police allemande dans sa filiale bruxelloise.

Les Grandes Aventures montrent des signes d’une continuité entre les éditions de la Librairie moderne et la SAGE, comme le réemploi du même personnel. Au début, l'hebdomadaire utilise du matériel américain, italien et même yougoslave, mais ensuite, il développe un fond français. Pour cela, les Éditions Théophraste-Renaudot lancent beaucoup d’artistes qui n'ont pas les qualités adéquates comme par exemple : Francis Josse, un dessinateur industriel ; Pierre Leroy, un artiste peintre ; Raymond Jeannin, un animateur de dessin animé.

L’hebdomadaire est publié tous les mardis du 26 septembre 1940 au 27 janvier 1942. Les numéros sont de grand format et sont composés de huit pages dont quatre sont en couleur. Deux « numéros spéciaux » sont parus : l’un pour Pâques (le numéro 294 du 8 avril 1941) et l’autre pour la rentrée scolaire de 1941 (le numéro 545 paru le 30 septembre). Ils sont composés de seize pages dont la moitié est en couleur. L’hebdomadaire est arrêté le 27 janvier 1942 après deux numéros de quatre pages à cause de la pénurie de papier. (source: "Les grandes aventures, périodique - Wikipedia)

4 commentaires
Pour laisser un commentaire sur cette œuvre, veuillez vous connecter