Dans la collection de RA
François Schuiten, Benoît Peeters, La Fièvre d'Urbicane - Les Cités Obscures - Planche originale
797 

La Fièvre d'Urbicane - Les Cités Obscures

Planche originale
1983
Encre de Chine
36.5 x 50.5 cm (14.37 x 19.88 in.)
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Carte postale
Exposition Métal Hurlant / A suivre

Description

Planche Numéro 50 de la fièvre d'Urbicande
Parue dans le numéro 72 de A Suivre en Janvier 1984.
Encre de chine.
Dimension 50.5x36.5
La quatrième case a été éditée en carte postale par la galerie Collin (21x10)cm
https://www.galeriecollin.com/carte-postale-metal-hurlant-schuiten-les-cites-obs,3,2197

Exposée par les Fonds Hélène et Michel Edouard Leclerc pour la culture à Landerneau lors de l'exposition: 1975-1997 La Bande dessinée fait sa révolution.

La planche est également publiée dans le livre qui a été rédigé pour l'occasion à la page 156.

Inscriptions / Signatures

F. Schuiten

Commentaire

Triste nouvelle. Le maître prend sa retraite...

Ceux qui me connaissent savent que j'ai commencé contrairement à pas mal d'entre vous à lire intensément de la bande dessinée vers l’âge de 35 ans. La rencontre sur le tard avec les Cités Obscures n'en a été que plus prenante et intense pour moi.

Dès le premier album, je suis devenu complètement fasciné par cette épopée de science fiction retro futuriste ou des cités d’un monde parallèle prenaient vie et les personnages principaux se perdaient dans cette immensité.

J’ai été très vite captivé par le monde que Schuiten et Peeters avaient créé mais aussi par le dessin architecturale de l’artiste qui répondait à mon gout pour les dessins de bâtiments.

C’est tout naturellement que les choses se sont enchaînées d’elle même et la première planche que j’ai achetée aux enchères a été une planche des cités obscures.

Depuis, je continue à lire sur les cités et autour des cités et je continue a saisir l’opportunité dès qu’elle se présente de rajouter une planche dessiner par ce superbe dessinateur à ma collection.

Quelques liens sur les cités obscures:
https://www.altaplana.be/en/start

Une interview récente des artistes publiée par le journal le Temps lors de la sortie de l'intégrale des cités obscures et qui résume parfaitement ce que cette saga des Cités Obscures représente.

https://www.letemps.ch/culture/cites-obscures-cest-un-puzzle-un-puzzle-infini
Au début des années 1980, deux explorateurs de l’étrange s’aventuraient dans cette terra incognita qui s’étend de la Mer des Adieux à l’Océan neptunien, de Nova Fungi à Chula Vista. De leurs voyages extraordinaires, ils ont ramené de quoi nourrir une dizaine d’albums de bandes dessinées, mais aussi des expositions, des projets architecturaux, des installations, des conférences…

Les Cités obscures relève du genre fantastique, mais nul monstre ne se tapit dans les territoires que cartographient François Schuiten et Benoît Peeters. Cet univers d’ombres et de simulacres, reflet décalé du nôtre, est soumis au principe d’inquiétante étrangeté. Empruntant son esthétique rétrofuturiste à Jules Verne, baignant dans l’obscure clarté de L’Empire des lumières de Magritte, il se réclame de l’inquiétude de Kafka, des sentiers qui bifurquent de Borges, et cultive comme Murakami les glissements du réel…

Armilia, la cité engloutie dont les mécaniques colossales contrôlent le temps, Samaris, construite en trompe-l’œil… Sujettes à toutes sortes de dérèglements, les villes de cette contrée tangentielle se caractérisent par leur architecture sidérante. Un réseau pyramidal en expansion envahit une métropole (La Fièvre d’Urbicande). Le gardien d’un édifice babélien dont les fondations plongent dans l’âge de la pierre et le pinacle se perd dans les nuages se rebiffe contre l’absurdité de sa charge (La Tour). Une fille s’émancipe malgré elle de l’attraction terrestre (L’Enfant penchée).

Le Temps: L’intégrale des Cités obscures signifie-t-elle que l’expansion de ce territoire parallèle se termine?

François Schuiten: On ne le sait pas. On essaie de regarder cette arborescence, de la recomposer, de la restructurer. Après avoir exploré, nous organisons la matière.

Benoît Peeters: Les Cités obscures, c’est un puzzle, mais un puzzle infini. Il n’y a pas d’album pour clore la série, toutefois nombre d’entre eux pourraient prétendre la coiffer. L’intégrale comble certains interstices, mais les lacunes, les manques, les zones blanches sur la carte font profondément partie des Cités obscures. Peut-être ce monde trouve-t-il une forme d’unité à travers ces quatre tomes, incluant des pages oubliées, des récits inédits, des aventures radiophoniques qui complètent cet univers sans l’achever.

FS: Les Cités obscures, c’est une bande dessinée, mais aussi une station de métro, un documentaire fiction, un projet d’opéra, des tas de choses étranges…

BP: Une partie de nos lecteurs est très attachée à la forme bande dessinée. D’autres préfèrent le côté plus diffus. Ils nous suivent dans des expressions éphémères, des installations, des conférences ou Le Musée des ombres, l’exposition que nous avions présentée à Angoulême, puis à Sierre.

FS: Ce sont comme des abeilles bourdonnant autour des ruches que sont les albums.

BP: On a écarté tout ce qui aurait ressemblé à du commentaire extérieur. L’unité de cette intégrale est fictionnelle. Les recueils amènent aussi un plaisir visuel. Les originaux de François ont été rescannés avec des techniques contemporaines, et imprimés sur un très beau papier. Le rendu est parfois bien supérieur. Je me souviens des éditeurs disant il y a trente ans: «Mais François, tes hachures sont trop serrées, ton travail trop fin, ça ne peut pas être reproduit…»

François, en vous replongeant dans cet atlas incertain, avez-vous des regrets?

FS: Ah la la… Servez-moi un peu à boire (rires). Horrible, cette question! En fait, quand je regarde mes planches, je suis partagé entre deux sentiments. Le premier est de me dire: «J’aurais pu faire mieux», le deuxième: «Est-ce que j’arriverais encore à faire ça?» A 62 ans, on sait que les dessinateurs ne sont pas infinis. La créativité n’est pas un fil sans fin. J’ai perdu des forces et des qualités; j’en ai acquis d’autres. Ce sont des questions que tout auteur doit se poser.

BP: La première fois que j’ai rencontré Hergé, en 1977, je lui ai demandé, avec l’impertinence de la jeunesse, pourquoi il avait redessiné L’Ile noire alors que la première version était graphiquement supérieure. Il n’en revenait pas. Avec François, on a souvent parlé de ce moment, chez Franquin, Jacobs ou Hergé, où le dessin se raidit. Ces questions sont extrêmement inhibantes. Le lecteur est en droit de préférer telle époque. Le regard des auteurs sur leur travail n’est qu’un jugement parmi d’autres.

FS: Nous devons être à la hauteur des lecteurs. Les livres qui ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils auraient pu être nous hantent.

BP: Cela ne veut pas dire que ces livres ont été bâclés. Jacobs à partir de L’Affaire du collier et Hergé avec Vol 714 pour Sydney et Tintin et les Picaros nous déçoivent. Ils y ont pourtant mis tout leur cœur, toute leur imagination, tout leur savoir. Mais une forme de grâce les a quittés. L’album de trop, c’est celui qui entre dans une forme de répétition, qui applique la recette. Comme si nous faisions la suite de La Fièvre d’Urbicande ou Le Fils de la Tour.

FS: On pourrait se répéter sans être aussi caricaturaux…

Dans le contexte actuel de la bande dessinée, serait-il encore possible de construire une cathédrale comme «Les Cités obscures»?

FS: Nous sommes conscients de la chance que nous avons eue de pouvoir faire ces livres quand même bizarres avec insouciance, de bénéficier d’un espace où des journaux se créaient, où l’économie était réelle, ce qui n’est désormais plus le cas. Les auteurs d’aujourd’hui crèvent…

BP: L’époque permettait un dessin fouillé comme le tien, un artisanat de patience. Une semaine pour faire une page… Aujourd’hui c’est infaisable. Peut-être qu’un certain style réaliste ne sera plus possible. Le style post-Association qu’on associe au roman graphique est une réponse…

FS: Le «tremblé-jeté», comme dirait Benoît Sokal…

BP: Oui. Il est certain que les auteurs produisent vite, soit pour raconter une histoire longue, soit par nécessité…

FS: Les auteurs doivent résoudre une équation de plus en plus difficile. Sokal a une formule formidable: «On voit arriver des livres, bande peut-être, dessinée, je ne sais pas.»

Vous donnez une conférence à la Maison d’ailleurs d’Yverdon, qui accueillera peut-être une exposition autour de votre univers. La Maison d’ailleurs est-elle comme la Maison Autrique de Bruxelles, qui figure dans «La théorie du grain de sable», à la tangente de deux plans de réalité?

BP: La Maison Autrique, cet immeuble Art nouveau qu’on a rénové, scénographié et ouvert au public, est une maison d’ailleurs. L’idée de maison nous est chère – et celle d’ailleurs aussi. Les Cités peuvent donner l’impression que nous sommes des démiurges mégalomanes. Or nous nous attachons très souvent à des choses assez petites. L’espace intime peut s’ouvrir au fantastique, aussi bien que les perspectives urbaines à perte de vue. Dans un certain type de fantastique, je déteste le principe de l’épate permanente. Chaque image doit être une surprise, finalement les planètes explosent et on s’en fout. Alors que L’Ombre d’un homme aborde un phénomène infime: l’ombre d’un type est en couleur, comme s’il était devenu transparent. C’est une métaphore facile à s’approprier. L’adhésion aux Cités obscures découle de cette alliance un peu bizarre entre la démesure spectaculaire de certains décors et une approche humaine.

Publications

  • La bande dessinée fait sa révolution... - Métal Hurlant 1975-1987 - (A suivre) 1978-1997
  • Fonds Hélène & Édouard Leclerc Pour La Cultu
  • 11/2013
  • Page 156
  • La fièvre d'Urbicande
  • Casterman
  • 09/2009
  • Page 50

Voir aussi :   Les Cités obscures

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A propos de François Schuiten

François Schuiten est un dessinateur de bande dessinée et scénographe belge né à Bruxelles. Rendu célèbre par son travail sur Les Cités obscures réalisé avec le scénariste Benoît Peeters, il a reçu le Grand prix de la ville d'Angoulême en 2002.