Dans la collection de MV9957
Kim, Antonio Altarriba, L'Art de Voler - El Arte de Volar - Planche originale
2155 

L'Art de Voler - El Arte de Volar

Planche originale
2010
Encre de Chine
29 x 43 cm (11.42 x 16.93 in.)
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El Arte de Volar

Description

2A Planta 1931-1949 – Las Alpargatas de Durruti

Commentaire

Œuvre essentielle. C'est l'histoire du père d'Antonio Altarriba le scénariste.

L'œuvre témoigne du parcours d'un espagnol banal dans les campagnes aragonaises d'avant-guerre, puis pendant la guerre civile, puis en France en tant que réfugié, puis de retour dans l'Espagne franquiste d'après-guerre. Son parcours est marqué par les désillusions successives, son inadaptation aux situations réelles :
- Inadapté au dur monde paysan dans son enfance
- Enrôlé dans le camp nationaliste par accident pendant la Guerre Civile d'Espagne, il passe dans l'autre camp où, en tant que chauffeur-facteur se déplaçant partout, il tient un rôle marginal vis à vis des événements mais prépondérant en tant que spectateur engagé, constatant l'absurdité des situations
- Réfugié en France il est d'abord traité de pire façon qu'il ne le fut en Espagne, puis c'est le travail obligatoire, la résistance, le marché noir de la reconstruction ; il est toujours marginal, décalé, sans prise sur la vie réelle, spectateur critique et impuissant
- De retour en Espagne, il est inadapté au monde hypocrite et de corruption de l'Espagne franquiste
- Il s'engagera finalement dans deux aventures au travers desquelles il essaiera de construire quelque chose de positif : une famille et une petite entreprise de biscuiterie. Les deux seront hélas des échecs pathétiques. Incommunicabilité avec sa femme, il est trahi et ruiné par son associé
- Il finit sa vie dans une maison de retraite où il est prisonnier des règlements toujours absurdes
Il aura passé toute sa vie finalement à constater l'absurdité du monde et la vanité des efforts, comme une négation de l'esprit de révolte camusien. Il finit donc par se suicider.

A chaque étape de sa vie les automobiles tiennent une place centrale symbolique : voiture en bois construite avec son copain à l'enfance qui s'envole en imagination ; voiture du "Maître" du domaine que vole son copain et avec laquelle il se tue ; chauffeur-facteur pendant la guerre il fixe des ailes d'anges sur la carrosserie de sa voiture qui s'envole en imagination, mais qui finira au fond de l'Ebre ; nacelle de la grand roue à la fête foraine qui s'envole en imagination ; fauteuil à roulettes de la maison de retraite, customisé et bricolé pour aller vite dans les descentes, qui finira par l'accident qui met un terme à toute tentative d'évasion.
Les voitures qui volent représentent la seule possibilité d'échapper à ce monde désespérant, mais cette fuite ne peut être qu'imaginaire parce que dans la vraie vie la fuite conduit à la mort. Et ce jusqu’au saut dans le vide final du suicide. D'où le titre : L'Art de Voler.

Les touches positives sont apportées par les amitiés successives et fragiles, dans l'enfance, pendant la guerre, en France, dans la maison de retraite. Elles font le contrepoint au monde sordide, emprisonnant et dépressif.

Le dessin de Kim illustre de façon parfaite cette œuvre. Ce n'est pas un noir et blanc pur et violemment contrasté, parce que la vie n'est pas en noir et blanc mais toute en variations de gris. De la même façon, le dessin introduit le léger décalage nécessaire permettant d'éviter un trop grand pathos.

Cette planche illustre de façon magistrale la façon qu'eut la France de traiter les réfugiés espagnols en 1939 et au début de la 2ème guerre mondiale, par des camps de concentration, de la maltraitance et du travail forcé.

Publication

  • El arte de volar
  • Edicions De Ponent
  • 10/2010
  • Page intérieure

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A propos de Kim

Kim est un dessinateur de bandes dessinées né en 1942 à Barcelone. Influencé par l'underground américain, il publie ses prmières bandes dans le magazine musical Vibracionnes. En 1977, il crée pour l'hebdomadaire satirique El Jueves, le personnage de Martinez El Fecha, caricature de l'espagnol d'extrême -droite, qui connait une gloire nationale jamais démentie jusqu'à aujourd'hui. Quand Antonio Altarriba lui propose la mission impossible de dessiner 90 ans de la vie de son père, il accepte sans hésiter.

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