Dans la collection de MV9957
Sean Phillips, Ed Brubaker, Incognito - Project Overkill - Planche originale
1084 

Incognito - Project Overkill

Planche originale
2009
Encre de Chine
22 x 33 cm (8.66 x 12.99 in.)
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Incognito  -Project Overkill
Incognito 1 - Edition française
Incognito 2 - Edition française
Incognito vol 3 - Edtion USA
Planche complète

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Commentaire

La lecture de « Fondu au Noir », œuvre que BDGest a qualifiée « d’INDISPENSABLE » (Prix Album-Comics 2017 BDGest'Arts), a eu le même effet sur moi qu’une madeleine de Proust. Tout Raymond Chandler, que j’avais tellement lu et aimé, m’est revenu d’un coup. Son esprit s’est réincarné par la magie d’Ed Brubaker et Sean Phillips et je n’ai pas grand-chose à ajouter au commentaire de BDGest (si ce n’est pour être en désaccord sur l’influence de Dashiell Hammett, mais c’est marginal). Ce livre est magistral. Le scénario est d’une intelligence lumineuse et percutante. Le dessin est d’un grand classicisme (dans l’univers comics), à la fois dans le trait et la construction ; il révèle surtout un grand maître du N & B. Seule la mise en couleurs m’a laissé parfois dubitatif, hésitant entre critique et admiration, mais en tout cas obligé de reconnaître une grande originalité.

Sauf que, sauf que…. il n’existe pas de planches de « Fondu au Noir » !!! Sean Phillips a avoué lors d’un entretien avec Bodoï à l’occasion du dernier Festival d’Angoulême, que les 350 pages de l’album avaient été dessinées à l’ordinateur ! On dit chez nous que « faute de grives on mange des merles », donc lorsque j’ai vu passer ces deux magnifiques travaux de Sean Phillips, la planche de « Incognito #1 – Projet Overkill » et la couverture de « Uncanny – Season of Hungry Ghosts #6 » j’ai sauté sur l’occasion. Ces travaux ont été réalisés quelques années avant « Fondu au Noir », mais on y retrouve tout Sean Phillips de la même façon. Et en particulier, outre son trait d’un grand classicisme qui me fait penser à celui de Dave Gibbons, britannique comme lui (et de façon plus étonnante à celui de Julio Ribera), c’est surtout sa maîtrise du N& B qui m’a sidéré. Je le place à l’égal des plus grands dans ce domaine, les Pratt, Jijé, Bernet, …Son jeu sur les ombres et les lumières, très expressionniste, offre au lecteur une vision brutale de l’histoire écrite par Brubaker. Les dialogues deviennent presque superflus. Noir c’est noir ! Et il faut hélas bien reconnaître que la mise en couleur ne lui rend pas service. Toute la magie de son dessin est mise sous l’éteignoir par Val Staples, au lieu d’être magnifiée comme y réussit parfois/souvent (chacun jugera) Bettie Breitweiser dans « Fondu au Noir ».

La planche de « Incognito » est une des plus belles de l’album car c’est celle où le héros Zack Overkill rencontre l’héroïne Zoe Zeppelin.

« Incognito » n’est pas une « classique » histoire noire comme « Fondu au Noir ». Ed Brubaker et Sean Phillips tentent de fusionner leurs influences, les deux univers spécifiquement américains : la série noire et les super-héros. Dieu sait que quand j’étais gamin, j’en ai lu des histoires de héros et de super-héros en provenance de « gringoland », mais les années ont passé et je suis depuis longtemps totalement étranger et imperméable à cet univers que je ne comprends plus…. sauf l’indispensable « Watchmen (Les Gardiens) », une superbe tentative de distanciation et d’intellectualisation de cet univers, en jouant en particulier sur la culpabilité et la rédemption enchevêtrées dans la trame d’un nouveau complot. Justement, il me paraît évident que le duo infernal Ed Brubaker / Sean Phillips s’est inscrit dans les pas du duo non moins génial Alan Moore / Dave Gibbons, et que « Incognito » s’inspire ouvertement des « Watchmen ». Je ne dis pas qu’ils atteignent les mêmes sommets, très loin de là, mais ce que je viens de dire à propos du scénario de « Watchmen » peut s’appliquer tel que à « Incognito ». Brubaker est même allé jusqu’à donner le prénom Zack à son héros, le même prénom que celui du réalisateur du film tiré des « Watchmen » : Zack Snyder ! Et je ne crois pas aux coïncidences.

Ce duo Ed Brubaker / Sean Phillips semble être abonné aux récompenses américaines puisqu’ils raflent presque tous les ans les prix Harvey et Eisner (pour « Fondu au Noir » en 2016 d’ailleurs). Tout n’est donc pas perdu, cet univers des comics tellement lointain du nôtre, est pourtant capable de jeter des ponts en produisant des œuvres admirables pour les deux rives de l’Atlantique.

Publication

  • Projet Overkill
  • Delcourt
  • 04/2010
  • Page intérieure

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A propos de Sean Phillips

Sean Phillips est un dessinateur de bandes dessinées britannique, surtout connu pour ses collaborations avec Ed Brubaker sur des bandes dessinées telles que Sleeper, Incognito, la série the Criminal, Fatale, The Fade Out et Kill or Be Killed. Il a également travaillé sur les séries WildC.A.T.s et Hellblazer de DC Comics.