Illustration de commande représentant Jean Valhardi.

Illustration de commande représentant Jean Valhardi en pied.

Signé en bas à droite.

"Les Aventures de Jean Valhardi" ont été créées en 1941 par Jean Doisy au scénario et Jijé au dessin dans le n° 40/41 du journal Spirou. Mettant en scène un enquêteur en assurances dénommé Jean Valhardi qui parcourt le monde pour ses enquêtes. Le dessin va par la suite être repris par Eddy Paape, puis par René Follet, alors qu'au scénario vont se succéder Eddy Paape, Yvan Delporte, Jean-Michel Charlier, Philip, André-Paul Duchâteau et Jacques Stoquart.


Dès sa création en 1938, Dupuis confie la rédaction en chef du nouveau magazine pour la jeunesse "Journal de Spirou" à Jean Doisy (1) qui était journaliste et auteur de romans policiers.

Jean Doisy fonde immédiatement en parallèle « le Club des Amis de Spirou », le fameux "A.D.S." (2) dont le "code d’honneur" résonne comme une éducation à la résistance, code d’honneur porteur de valeurs qui trouveront tout leur sens pendant les années d’occupation allemande :
« demande-toi si tu as respecté ta signature et ta parole en ne révélant pas la clef du langage secret ».
« Un A.d.S. est franc et droit; un A.d.S. a du cran, il sait dire oui ou non; un A.d.S. aime la discipline libre et joyeuse; un A.d.S. est fidèle à Dieu et à son pays; un A.d.S. est l’ami de tous et surtout des faibles; un A.d.S. sait se rendre utile, se déranger pour les autres, se priver; un A.d.S. n’a pas peur de se salir les mains mais sait garder propres ses pensées, ses paroles et ses actes; un A.d.S. est toujours gai et de bonne humeur même devant la difficulté; un A.d.S. s’engage à ne dévoiler à personne la clé du code... »

Jean Doisy, issu de l’enseignement catholique, était un antifasciste militant depuis bien avant la guerre (3) est confronté, cinq ans après sa création, à l’interdiction du "Journal de Spirou" par les Allemands en 1943.
Dès ce moment-là, il ût l’idée sublime d’en faire la vedette du théâtre de marionnettes du "Théâtre du Farfadet" (4),fondée par André Moons (5), dont les spectacles itinérants firent, pendant deux ans le tour de la Belgique francophone, émerveiller les petits lecteurs de Spirou.
Spirou et Spip étaient de la partie avec un nouveau venu, un certain ... Fantasio.
L'ensemble servant de couverture à des actions de résistance à Jean Doisy et ses compères. Il est un dirigeant clandestin du Parti Communiste Belge, future figure de la Résistance, qui fut à l’origine du premier rapport sur le sort des Juifs envoyés à Auschwitz (Rapport Martin, 1942) (6).


C'est en 1946, lors de l'abandon (momentané) du personnage Valhardi par le dessinateur Jijé, étant accaparé par d'autres projets et fort probablement par la différence de caractère entre Jean Droisy et Joseph Gillain, que Franquin et Morris (amis et anciens collaborateur au fameux CBA - Compagnie Belge d'Actualité) proposèrent à Eddy Paape de reprendre Valhardi.
La reprise se fit au pied levé et le tout premier épisode signé Paape fut un épisode de quinze planches intitulé "Sur les rails". Il n'a été prépublié que dans "L'almanach Spirou 1947" de décembre alors qu'en juillet 1946, l'histoire "Jean Valhardi et les Rubens" fut publié.
En effet, dans l'immédiat après-guerre, Jean Valhardi était le héros favori des lecteurs du journal, notamemnt grâce aux valeurs qu'ils avait incanées durant l'occupation. Et l'éditeur ne pouvait se permettre de se passer d'un personnage aussi populaire.


Lors de mes quelques passages au domicile d'Eddy Paape, j'ai demandé ce dessin de commande dans la même lignée et veine que ceux que je possédaient déjà au sujet de la série "Luc Orient" ayant servit au portfolio édité, par A-BD EDITIONS, en 2000.
Jean Valhardi étant habillé comme à l'horigine (de Jijé) et représenté en page 07 de l'histoire "Valhardi détective" dessinée par Eddy Paape.

Je vous engage à consulter les autres œuvres d'Eddy Paape se trouvant dans ma galerie 2DG :
www.2dgalleries.com/galleries/eddy-edouard-paape-6177


Je conseille fortement les lectures des préfaces, très documentées, réalisées par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, dans les "Intégrales Valhardi" et également, "La Véritable Histoire de Spirou", toujours des mêmes auteur·rice-s, parlant de Jean Doisy.


1 : Polygraphe et de son vrai nom, Jean-Georges Évrard.
Egalement comme alias "Le Fureteur" dans le "Journal de Spirou".
2 : Les membres du club des A.D.S. (Amis De Spirou) s'engageaient à respecter un code d'honneur en 9 points. Ils apprenaient comment décoder, grâce à une clé, des messages secrets paraissant dans Spirou.
3 : Ce résistant de la première heure est le protagoniste de la bande dessinée de Morvan et Evrard : "Les amis de Spirou".
4 : Epoque retracée dans “Le petit théâtre de Spirou” par André Moons, Jean Doisy et Al (Alec Séverin).
5 : La mère du marionnettiste, Suzanne Moons, était une militante de la Jeunesse ouvrière chrétienne, sous le nom de code « Madame Brigitte », et membre du Comité de Défense des Juifs (CDJ - une organisation de la Résistance belge affiliée au Front de l'Indépendance) et a sauvé 600 enfants juifs, dont la propre mère de Didier Pasamonik.
6 : C’est à l’issue d’un extraordinaire périple que Victor Martin, rapporte, dès 1942, les premières informations fiables, en rédigant un rapport d’une centaine de pages pour la Résistance belge, concernant le sort des Juifs déportés en Allemagne et en Pologne. Ce document qui sera également transmis à Londres fera désormais que les Alliés ne pouvaient plus ignorer. Comme plus de 1.700 Belges, Victor Martin a été reconnu "Justes parmi les Nations".