In Vertommen 's collection
Jean-François Miniac, Francois Rivière, Hercule Poirot - Le crime de l'Orient express - Planche originale. - Comic Strip
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Hercule Poirot - Le crime de l'Orient express - Planche originale.

Comic Strip
1994
Ink
Mine de plomb, encre de chine, trace de grattage à la lame de rasoir. Texte, sur papier millimétré, collé dans les phylactères.
40 x 55 cm (15.75 x 21.65 in.)
Added on 1/6/25
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Détail partie supérieure de la planche.
Détail partie inférieure de la planche.
Détail case 01.
Détail case 02.
Détail case 03.
Détail case 04.
Détail case 05.
Détail case 06.
Détail case 07.
Détail case 08.
Tome 01 - Le crime de l'Orient-Express - Planche 39.

Description

Hercule Poirot - Le crime de l'Orient express - Planche originale numéro 37.

Comment

Jean-François Miniac a collaboré avec François Rivière sur des adaptations d'Agatha Christie : « Mort sur le Nil » et « Le crime de l'Orient-Express », sortis en 1995 et 1996 chez Lefranc à Bruxelles, puis chez Emmanuel Proust à Paris, en 2002 et 2003.
Éditée notamment chez l'anglo-saxon « Harper Collins ».


Dans le mythique train, un homme d'affaires vient d'être poignardé.
L'assassin n'a pu s'échapper de l'Orient-Express, immobilisé par la neige.
Hercule Poirot entre alors en scène dans ce qui reste l'une des plus célèbres énigmes en chambre close.

Grâce au cinéma et à l’acteur Peter Ustinov - jouant un Hercule Poirot débonnaire -, ce roman, publié en 1933, demeure très populaire dans le monde.

Le scénario de François Rivière et le dessin ligne claire de Jean-François Miniac (Solidor) ont su reconstituer fidèlement l’ambiance cosmopolite imaginée par la reine du crime.


Dans cette planche, curieux couple étant les derniers à être interrogés par Hercule Poirot.
A savoir :
Le Colonel Arbuthnot et Miss Debenham.


Je profite de la présentation de cette planche pour parler du cadrage de ce huis clos emblématique au milieu de nulle part.

Car cadrer, c’est déjà faire un choix !

C'est l’un des points forts de la BD vis-à-vis du cinéma ou de la photo.
Si ces derniers sont régis par un format d’image (ce qu’on appelle la vignette en BD) défini par la pellicule (le cadre en BD), il en va autrement pour la BD qui elle, peut complètement se libérer d’un format prédéfini alternant des verticales vertigineuses, des cadres horizontaux, carrés, ronds, rectangulaires ou de forme très libre.

La combinaison des cadres alliée à des plans et des angles de vue différents est sans limite en BD et permet d’exprimer beaucoup plus fortement un tas de sentiments.
Cependant, l’emploi des cadres doit correspondre avec ce que l’auteur veut exprimer et c’est cet enchaînement qui permettra de rendre une page dynamique afin de pallier l'inconvénient de la BD par rapport au cinéma qui est « l’absence » de mouvement et la notion d'écoulement du temps.

Donc, les plans sont les différentes façons de présenter les personnages et les lieux, tantôt vus de près, tantôt vus de loin. Leurs variétés permettent de jouer avec la psychologie et l'expression des personnages.
Autant dire qu'ils ne sont jamais choisis par hasard comme ici.
En effet, ils permettent de mettre en relief, de moduler l'intensité de l'action, le suspens.

Et Jean-François Miniac l’utilise bien pour exprimer l’espace clos d’une cabine de train.
En y rajoutant une couche au niveau des points de vue.
Car varier les points de vue permet aussi de rendre une histoire plus vivante.

Étudions les, les uns par rapport aux autres, afin de voir à quel type de situation ils se rapportent dans cette séquence oppressante.


Case 1 : le cadre horizontal.
Permet de décrire une scène dans son ensemble, afin de renforcer l'effet en isolant les trois protagonistes représentés par rapport au décor.
Souvent ce type de cadre exprime un sentiment de calme apparent.
Ce sentiment est d'autant plus vrai que le cadre est resserré en hauteur.
Le cadre horizontal induit l'idée d'un temps plus long par rapport à un cadre vertical, usité plus bas.
L'action se déroule plus longuement ...


Case 2 : la vue oblique en plongée.
Il place le point de fuite (horizon) hors de la case, sur le côté.
L’œil du/de la lecteur.trice est placé en oblique par rapport au sujet selon un angle qui est de quelques degrés.
Le but recherché ici, outre le changement de vue, est de créer un déséquilibre afin d'exprimer une position inconfortable.

Le/la lecteur.trice se trouve également dans une position plus élevée que le sujet.
Par conséquent il domine la scène ce qui permet, à Jean-François Miniac, de décrire le décor en un seul coup d’œil, en donnant à la scène une profondeur importante tout en positionnant bien les personnages.
Outre cet aspect, Jean-François Miniac l’utilise surtout pour sa valeur psychologique.
En effet, en positionnant le/la lecteur.trice dans une situation de domination de la scène, il écrase volontairement les personnages, ce qui a pour conséquence de suggérer une sensation d’infériorité, de faiblesse ou de danger.
Ce procédé a pour but de marquer l’esprit du/de la lecteur.trice dans une situation donnée.
Le récit peut donc redémarrer de façon classique.
Le sentiment, lui, persistera sur les autres cases.
Il est indéniable que par cette case combinant l’oblique en plongée, Jean-François Miniac maîtrise parfaitement le dessin en perspective.


Case 3 : elle se compose d’un plan panoramique pour une scène d’exposition où nous nous trouvons en dehors de cet espace clos.
Cela donne également un peu d’oxygène et de recul vis-à-vis de la scène se déroulant dans cette planche.
Contrebalançant totalement l’ensemble des autres cases dont l’action se trouve confinée dans l’espace clos d’un compartiment de wagon.
De plus, le passage du chaud (intérieur du wagon) au froid (extérieur du wagon), du couvert au découvert, élargit la palette de nos sensations.
Variant du désagrément à la volupté.
Nous nous trouvons bien plus loin de cet espace clos.


Case 4 : la vue oblique en plongée.
Même procédé qu’en case 2 mais de l’autre côté d’Hercule Poirot (sa gauche) avec du recul.
Nous nous revenons près de cet espace clos.


Case 05 : la contre plongée en case serrée.
Notre œil se trouve plus bas que le sujet, d’où un effet graphique de puissance, de majesté, de supériorité du personnage.
L’effet psychologique que Jean-François Miniac veut nous donner en choisissant ce type de plan est un sentiment de victoire, de domination, d’arrogance ou de mépris du héros.
Sur le plan graphique, Jean-François Miniac joue énormément sur les perspectives et les fuyantes vers le haut.
Le cadrage serré par l’étroitesse de la case accentue une sensation d’oppression.
D’autant plus que nous sommes maintenant à l’intérieur de cet espace clos.

Case 6 : la vue oblique en plongée.
Même procédé qu’en case 2 et 4 mais en changeant l’angle de vue.
Nous avons l’impression de tourner autour des protagonistes.


Case 07 : le plan moyen en contre plongée.
Il sert à isoler Hercule Poirot du groupe, afin de capter l’attention du/de la lecteur.trice et donc de le forcer à se concentrer sur le personnage qui aura un rôle important à jouer dans l’action qui débutera immédiatement après ce plan.
Bref, on se concentre sur le premier rôle en rejetant en arrière le décor et les autres personnages secondaires.


Case 08 : le très gros plan
Utilisé comme un zoom pour souligner les détails.
Ce plan permet de montrer le visage d’Hercule Poirot afin d’attirer l’œil du/de la lecteur.trice sur les sentiments qu’éprouve ce personnage.
Le regard d’Hercule Poirot fait l'objet de ce plan pour intensifier un moment émotionnel empreint de soupçon.
Ce plan est utilisé pour renforcer l’aspect dramatique d’une dernière case de page.
Toujours dans le but d’attirer le regard du/de la lecteur.trice et donc de captiver son attention pour renforcer la tension du récit et/ou rehausser de façon dramatique l’action et ainsi, inciter les lecteur.trice.s à tourner, au plus vite, la page pour lire la suite.
L’avantage de ce gros plan facial permet au lecteur de se faire une meilleure idée du personnage.
Sans gros plan, il est difficile de définir la personnalité des protagonistes.
Les lecteur.trice.s sont plus proche du personnage et comprenons mieux sa psychologie quand le gros plan est approprié à la situation.
Ce même gros plan permet de faire une transition (d'angles ou de temps) avec la suite de l'histoire.


Pour clore, remarquons le placement judicieux des phylactères se trouvant dans un espace vide du décor (plafond ou toit du wagon, sol, …).

Publication

  • Le crime de l'Orient-Express
  • Claude Lefrancq Éditeur (Cle)
  • 03/1995
  • Page 39

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