Dans la collection de Laerte 
Gus - T1 par Christophe Blain - Planche originale
2693 

Gus - T1

Planche originale
2007
Lavis
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Version couleur
Western en majesté
Western en face cachée

Description

Gus, tome 1 Nathalie, encre de Chine, page 5
Planche issue de la toute première histoire de Gus - Nathalie - parue dans le Pilote spécial Noël 2004 .

Commentaire

Coup de coeur

Gus est sans doute la série la plus personnelle du génial Christophe Blain dans la mesure où elle touche au genre qui le passionne le plus: le western. Très grand connaisseur de la représentation cinématographique de la conquête de l’Ouest, il peut alors en détourner les codes avec d’autant plus de finesse.
Et force est de reconnaître que Gus réussit l’exploit de venir encore enrichir ce genre pourtant éculé par sa capacité à traiter l’angle mort des déboires amoureux comme des interludes oisifs de la vie des ces beaux bandits.

«  Cela faisait très longtemps que je voulais raconter du western. Le western, c’est chez moi, c’est ma chambre d’enfant. J’ai une très grande intimité avec le western, avec qui j’ai vécu mes premières fascinations. Pendant longtemps, j’étais d’ailleurs tellement fasciné que je n’arrivais pas à raconter de western. Et puis finalement, je me suis rendu compte qu’il était possible de raconter des histoires sentimentales ou des histoires d’amitié dans un décor de western. J’ai vu que ça fonctionnait. Et aujourd’hui, je m’y sens très à l’aise. » C Blain

Pour ma part, heureux je suis d’avoir pu accéder à cette planche: la première du cycle à révéler le métier de hors la loi des trois compères et qui représente pour moi la synthèse ultime de toute la série:
- présence des trois outlaws Gus, Clem et Gratt
- braquage de banque, de train et de diligence
- fiesta arrosée au champagne avec des filles de saloon
- entraînement compulsif de Gus à l’art de faire virevolter les flingues
- temps mort à passer à coup de partie de cartes à répétions
- frustration sexuelle de Gus condamné à s’isoler après chaque coup d’éclat
- attente éreintante d'un télégramme amoureux de Nathalie qui tarde à arriver
- paranoïa du bandit en cavale quand une personne se présente à la porte...
Avec une moitié haute du gaufrier qui touche aux images d’Epinal revisitees du western et une moitie basse centrée sur le vide narratif que Balain vient combler sur la vie de ces personnages archetypiques.
En bref, des braquages, des femmes et de la solitude frustrée. Vive Gus
Tout est déjà place des le debut de la série puisque nous ne sommes ici qu’à la 5ème planche du premier tome

Et côté trait, je suis particulièrement sensible aux détails des vignettes qui représentent les braquages comme ces illustrations de presse de l’époque, au coté pieds nickelés des trois qui font la noce, à Gus qui joue à Lucky Luke ou qui fulmine, et au côté cartoonesque très épuré du facteur qui arrive dans ce décor vide avec juste une main armée qui sort de la baraque.

Une planche qui cristallise donc tout ce que j’aime dans cette merveilleuse série tour à tour épique, excessive, psychologique et surtout infiniment drôle... Chapeau l’artiste. Merci à Jean-Baptiste Barbier pour avoir rendu ce rêve de collectionneur possible.

Et laissons à Blain le mot de la conclusion:
«  Aussi exagérés et loufoques soient-ils, les personnages de Gus ont de vrais enjeux de vie et de mort au-dessus d’eux. Ils vivent à fond entre poésie et aventure. Je veux vraiment donner le sentiment que cette course-à-la-mort ne soit pas que ludique. J’ai envie qu’ils se sentent vraiment mal, que le drame vienne les saisir, alors que l’instant d’avant, le jeu prévalait. Gus, ce n’est pas un western de Sergio Leone où l’on meurt et puis l’on passe à autre chose.
Mes personnages, j’y crois, je les aime… mais je les déteste aussi, par moment. C’est ambigu. D’autant plus que je ne cautionne pas toujours ce qu’ils font. Ils peuvent être touchants mais faire aussi des erreurs et être dégueulasses. Ils ont indubitablement des parts de mystère pour moi. C’est le lot des auteurs de faire de la fiction. Pour moi, ce n’est pas tout à fait vrai, mes personnages sont des marionnettes, de vrais personnages, des amis. Plus loin que l’extension de soi ou la création. On se fréquente, on a est amis. Mes sentiments sont d’ailleurs différents pour l’un ou pour l’autre. Gus me fait plus rire que Clem, par exemple. Mais tous les deux me font peur...
Au final, Gus c’est quand même le personnage avec qui je m’amuse le plus, c’est le plus drôle, le plus insupportable, le plus méchant, le plus pénible, le plus touchant, le plus fou… C’est mon jouet préféré. »

Publications

  • Nathalie
  • Dargaud
  • 01/2007
  • Page intérieure
  • Gus
  • Barbier & Mathon
  • 05/2018
  • Page intérieure

Voir aussi :   Gus

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A propos de Christophe Blain

Christophe Blain est un auteur de bande dessinée et illustrateur français. Christophe Blain a obtenu deux fois le prix du meilleur album au festival d'Angoulême.

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