Dans la collection de p4intkillr
Complainte des Landes Perdus (Cycle 3) - Tome 2, Planche 70
Techniques mixtes
29 x 38 cm (11.42 x 14.96 in.)
Ajoutée le 17/10/2025
Lien copié dans le presse-papier !


Commentaire
Sublime planche en couleur directe de Béatrice Tillier issue du cycle 3 de la Complainte des Landes Perdues (malheureusement le scan ne fait pas honneur à la vibrance des couleurs utilisés par Béatrice).
Grâce à ma passion, j'ai eu l'opportunité de rencontrer de nombreux auteurs. Je dois dire que Béatrice m'a particulièrement touché par sa gentillesse, sa simplicité et son talent. Elle m'a fait la joie de partager, sur son blog, le processus de création de cette page, étape par étape.
Vous pouvez la retrouver ici: https://beatricetillier.substack.com, n'hésitez pas à la suivre!
Voici ses explications:
1. Le scénario
Tout commence par l’histoire bien sûr ! Je reçois une page du scénario (de Jean Dufaux), qui décrit l’action principale et les dialogues. Ci-dessous, l’extrait concernant la page.
CASE 1: La reine qui garde tout son sang-froid s’adresse à Oriane qui baisse lentement son arc. Plan assez rapproché.
La reine. – Baisse ton arme. Que je puisse oublier ton insolence.
CASE 2: Elle s’adresse à ses hommes, troupe assez piteuse ( et bien réduite ) après leur affrontement avec Vivien et Odric. Plan plus large.
La reine. – Mon cheval, vous autres ! Nous retournons au château.
CASE 3: Elle est à cheval, suivie de ses hommes. Avant de repartir, elle s‘adresse à Vivien avec un regard froid, sans pitié aucune.
La reine. – je t’y attendrai, Vivien des Aguries.
Vivien. – Je ne me déroberai pas. Ni à ton courroux, ni aux décisions du roi, le seul à me dicter ma conduite.
CASE 4: Ils quittent les lieux. Un des soldats s’inquiète auprès de la reine.
Le soldat. – Vous les quittez ainsi !? Sans même...
La reine. – Laisse ! J’ai obtenu ce que je voulais.
CASE 5: Ils ont quitté la scène. La caméra revient sur Oriane qui, inquiète, entre dans la demeure de Dame Ceylan. Celle-ci, assise, semble brisée. Profondeur de champ.
Oriane. – Mère !
Ceylan. – Je suis là, mon enfant.
CASE 6: Plan rapproché sur Dame Ceylan. On aperçoit une de ses mains, son avant-bras brûlé par le poisson de la reine ( le même qui a rongé Odric ).
Dame Ceylan. – J’étais incapable de venir à ton secours tant je me sens brisée. Cette femme est le démon, du moins elle en a pris les pouvoirs. Je n’ai pu lui résister...
CASE 7: La caméra continue son approche vers Dame Ceylan qui cède au découragement.
Dame Ceylan. – Je... je lui ai livré mon secret. L’endroit où se trouvent les restes de ton père.
2. Le découpage
Comme vous avez pu le lire, c’est très épuré, ce qui me laisse toute latitude pour mettre en scène, choisir mes cadrages, la composition et la mise en valeur des personnages. La première lecture “à froid” fait naitre des images que je pose aussitôt sur mon carnet de manière succincte (pré-rough).
Ensuite, je reprend plus en détail, recompose mes croquis pour créer une harmonie narrative, un équilibre dans la composition de chaque case et de chaque case dans la page elle-même, par rapport à celle en vis-à-vis.
Je commence à noter, par des touches de couleur, la direction de la lumière et les éléments à mettre en valeur (ici le sang et la brûlure) qui vont guider l’oeil du lecteur.
3. L'encrage et la couleur
Je pars ensuite de mon rough, que j’agrandi au format du dessin définitif et sur lequel je vais crayonner les personnages, construire mes perspectives avant de les encrer. Je passais mon crayonné à la table lumineuse sur le papier aquarelle pour ne pas avoir à gommer et risquer d’abimer le papier. Maintenant, j’imprime mon crayonné avant d’encrer, mes yeux fatiguent !!!
Puis je peux enfin passer à la mise en couleur, à l’aquarelle Winsor & Newton.
4. Réflexion sur la composition
La composition d’une page n’est jamais anodine (sauf dans les romans graphiques où les cases s’enchainent sans forme, ni recherche narrative). C’est là tout l’ART de la Bande Dessinée . Le but étant de guider, ou d’obliger de manière inconsciente, l’oeil du lecteur à aller dans la direction que l’auteur a décidé .
Dans le premier srip, le guide est à la fois le mouvement de la main de la Reine, les taches de sang d’une case à l’autre et la couleur rouge des tenues des soldats.
Dans le second strip, on a suivi la flèche d’Oriane qui part en direction de sa mère, et le bras brulé de Ceylan. On a aussi une petit touche de rouge (le fil conducteur) par l’intermédiaire des pommes.
Les cases sont toutes verticales, car les actions sont rapides, on passe visuellement de l’une à l’autre sans s’appesantir.
Les ambiances sont également différentes pour indiquer les lieux : verdâtre froid pour les extérieurs dans le premier strip et vert plus chaleureux pour la scène d’intérieur du second strip. Le rouge est d’autant plus mis en valeur qu’il est la couleur complémentaire du vert.
Grâce à ma passion, j'ai eu l'opportunité de rencontrer de nombreux auteurs. Je dois dire que Béatrice m'a particulièrement touché par sa gentillesse, sa simplicité et son talent. Elle m'a fait la joie de partager, sur son blog, le processus de création de cette page, étape par étape.
Vous pouvez la retrouver ici: https://beatricetillier.substack.com, n'hésitez pas à la suivre!
Voici ses explications:
1. Le scénario
Tout commence par l’histoire bien sûr ! Je reçois une page du scénario (de Jean Dufaux), qui décrit l’action principale et les dialogues. Ci-dessous, l’extrait concernant la page.
CASE 1: La reine qui garde tout son sang-froid s’adresse à Oriane qui baisse lentement son arc. Plan assez rapproché.
La reine. – Baisse ton arme. Que je puisse oublier ton insolence.
CASE 2: Elle s’adresse à ses hommes, troupe assez piteuse ( et bien réduite ) après leur affrontement avec Vivien et Odric. Plan plus large.
La reine. – Mon cheval, vous autres ! Nous retournons au château.
CASE 3: Elle est à cheval, suivie de ses hommes. Avant de repartir, elle s‘adresse à Vivien avec un regard froid, sans pitié aucune.
La reine. – je t’y attendrai, Vivien des Aguries.
Vivien. – Je ne me déroberai pas. Ni à ton courroux, ni aux décisions du roi, le seul à me dicter ma conduite.
CASE 4: Ils quittent les lieux. Un des soldats s’inquiète auprès de la reine.
Le soldat. – Vous les quittez ainsi !? Sans même...
La reine. – Laisse ! J’ai obtenu ce que je voulais.
CASE 5: Ils ont quitté la scène. La caméra revient sur Oriane qui, inquiète, entre dans la demeure de Dame Ceylan. Celle-ci, assise, semble brisée. Profondeur de champ.
Oriane. – Mère !
Ceylan. – Je suis là, mon enfant.
CASE 6: Plan rapproché sur Dame Ceylan. On aperçoit une de ses mains, son avant-bras brûlé par le poisson de la reine ( le même qui a rongé Odric ).
Dame Ceylan. – J’étais incapable de venir à ton secours tant je me sens brisée. Cette femme est le démon, du moins elle en a pris les pouvoirs. Je n’ai pu lui résister...
CASE 7: La caméra continue son approche vers Dame Ceylan qui cède au découragement.
Dame Ceylan. – Je... je lui ai livré mon secret. L’endroit où se trouvent les restes de ton père.
2. Le découpage
Comme vous avez pu le lire, c’est très épuré, ce qui me laisse toute latitude pour mettre en scène, choisir mes cadrages, la composition et la mise en valeur des personnages. La première lecture “à froid” fait naitre des images que je pose aussitôt sur mon carnet de manière succincte (pré-rough).
Ensuite, je reprend plus en détail, recompose mes croquis pour créer une harmonie narrative, un équilibre dans la composition de chaque case et de chaque case dans la page elle-même, par rapport à celle en vis-à-vis.
Je commence à noter, par des touches de couleur, la direction de la lumière et les éléments à mettre en valeur (ici le sang et la brûlure) qui vont guider l’oeil du lecteur.
3. L'encrage et la couleur
Je pars ensuite de mon rough, que j’agrandi au format du dessin définitif et sur lequel je vais crayonner les personnages, construire mes perspectives avant de les encrer. Je passais mon crayonné à la table lumineuse sur le papier aquarelle pour ne pas avoir à gommer et risquer d’abimer le papier. Maintenant, j’imprime mon crayonné avant d’encrer, mes yeux fatiguent !!!
Puis je peux enfin passer à la mise en couleur, à l’aquarelle Winsor & Newton.
4. Réflexion sur la composition
La composition d’une page n’est jamais anodine (sauf dans les romans graphiques où les cases s’enchainent sans forme, ni recherche narrative). C’est là tout l’ART de la Bande Dessinée . Le but étant de guider, ou d’obliger de manière inconsciente, l’oeil du lecteur à aller dans la direction que l’auteur a décidé .
Dans le premier srip, le guide est à la fois le mouvement de la main de la Reine, les taches de sang d’une case à l’autre et la couleur rouge des tenues des soldats.
Dans le second strip, on a suivi la flèche d’Oriane qui part en direction de sa mère, et le bras brulé de Ceylan. On a aussi une petit touche de rouge (le fil conducteur) par l’intermédiaire des pommes.
Les cases sont toutes verticales, car les actions sont rapides, on passe visuellement de l’une à l’autre sans s’appesantir.
Les ambiances sont également différentes pour indiquer les lieux : verdâtre froid pour les extérieurs dans le premier strip et vert plus chaleureux pour la scène d’intérieur du second strip. Le rouge est d’autant plus mis en valeur qu’il est la couleur complémentaire du vert.
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A propos de Béatrice Tillier
Béatrice Tillier est une illustratrice et auteure de bande dessinée française, née à Lyon. En 2015, Béatrice succède à Philippe Delaby et devient la dessinatrice du nouveau cycle de La Complainte des Landes Perdues.