Dans la collection de apadno
"Combat de Robots"
Peinture - acrylique
Peinture sur support Isorel
29 x 37 cm (11.42 x 14.57 in.)
Ajoutée le 17/02/2025
Lien copié dans le presse-papier !






Description
Commission réalisée en 1976 à la demande de J.B. Rund qui a sollicité Jean-Michel Nicollet pour recréer la couverture de Métal Hurlant n°8 (1er juillet 1976).
L’œuvre a été publiée dans le recueil MIROIRS édité par Zanpano en janvier 2009, C’est la 2nde illustration de l’ouvrage après la première couverture de Métal réalisée par Nicollet pour le n°5 de janvier 1976.
L’œuvre a été publiée dans le recueil MIROIRS édité par Zanpano en janvier 2009, C’est la 2nde illustration de l’ouvrage après la première couverture de Métal réalisée par Nicollet pour le n°5 de janvier 1976.
Inscriptions / Signatures
Signature en bas à droite.
Commentaire
Cette œuvre témoigne de l’immense talent de Jean-Michel Nicollet. Tout y contribue : les tons bleus, presque nocturnes ; l’aperçu d’un vaisseau volant que l’on devine steampunk (avant l’invention du concept et du mot) et qui semble s’être abîmé dans un décor de ruines ; et bien sûr la précision jubilatoire des détails dans l’anatomie des robots. Nicollet prend un plaisir évident à faire du robot femelle une maîtresse ailée et robotique, en gloire et beauté de métal sombre et talons hauts, tandis que le robot mâle est une pauvre et laide créature au bras gauche arraché, aux pinces maladroites, à la poitrine cabossée et aux lourds godillots à crampons inesthétiques. Il va d’ailleurs se prendre un coup de masse bien mérité sur sa face idiote. Nicollet féministe ?
*
Et puis, il y a l’histoire de cette peinture. Comme vous l’avez remarqué, c’est une réinterprétation de la couverture du Métal Hurlant n° 8 publié en juillet 1976. Cette même couverture sera reprise dans le 1er numéro de Heavy Metal en avril 1977.
La commande est antérieure à cette publication américaine car Nicollet lui-même date l’œuvre de 1976. Métal Hurlant avait donc déjà traversé l’Atlantique et ses premiers numéros circulaient aux Etats-Unis. Cette découverte transatlantique des premiers numéros de Métal est d’ores et déjà documentée bien que l’origine en soit discutée (découverte en France à l’occasion du 2nd Prix d’Angoulème attribué à Will Eisner ? Entregent de Claude Moliterni ? Voyage en France des futurs éditeurs de Heavy Metal ?).
A l’époque Jean-Michel Nicollet conservait, bien sûr, ses travaux. Pas question pour lui de vendre l’original. J’ignore si le commanditaire a tenté de lui acheter la couverture de Métal mais quoi qu’il en soit ils trouveront un accord sur une commission réinterprétant le combat de robots du n°8.
Les différences avec la couverture de Métal sont intéressantes. Le décor change : l’un claustrophobe et métallique l’autre ouvert sur un ciel trop pur. Dans l’un on peut imaginer une poursuite dans un couloir de base souterraine, dans l’autre l’attaque est venue du ciel, foudroyante. Les robots changent aussi. Masculins, ils sont plus ou moins détruits, plus ou moins humanoïdes, leurs couleurs diffèrent. Pour les robots féminins, si le robot femelle de Métal arborait déjà une poitrine en obus, sa recréation pousse bien plus loin la féminité et l’élégance : des ailes (angéliques ? démoniaques ?) aux talons aiguilles tout est plus fluide et dessiné, jusqu’au visage qui passe d’un rictus de pure haine (Métal) au masque glacial d’un Ange de la Mort (commission).
Assurément la peinture présentée ici pousse un peu plus loin la représentation d’un certain érotisme. Elle laisse imaginer ce que pourrait être une robotique maîtresse SM posant son talon sur la poitrine de son amant de métal soumis.
*
Et pourquoi pas ? Surtout quand on connaît le commanditaire de cette peinture ! Comme en témoigne l’ex-libris au dos du cadre, l’œuvre sort tout droit de la collection prestigieuse de J.B. Rund. L’ex-libris donne une idée assez précise de ses goûts et donne un indice sur sa maison d’édition…
Né en 1943, contemporain presque parfait de Jean-Michel Nicollet, J.B. Rund (Jeffrey Bruce Rund) est une personnalité importante du milieu du comics underground et de l’érotisme. Il est le créateur de la maison d’édition Bélier Press qui a œuvré à faire connaître de 1975 à 1986 tout un pan oublié ou délaissé du 9ème art. Il publie notamment le mythique magazine Bizarre, édite les œuvres SM de John Willie (créateur de Gwendoline) et d’Eric Stanton ou celles de Robert Crumb, son ami.
J.B. Rund est également un très grand collectionneur de monographies, de bandes dessinées, de matériel littéraire, d'illustrations originales souvent érotiques. A ce titre il est un donateur régulier d’institutions, notamment la British Library, à qui il lègue bandes dessinées underground et documentation.
Vous pouvez découvrir un J.B. Rund en pleine forme dans le passionnant documentaire « Beyond Bizarre the life & art of John Willie » réalisé par Charlotte Grondin et Guillaume Pin en 2023. J’ai placé parmi les images jointes une photo tirée du film dans laquelle on le voit évoquer Willie dans son intérieur aux murs recouverts de cadres. On trouve aisément les extraits de son interview sur internet.
*
Pour finir, cette peinture a quitté New-York et regagné miraculeusement l’Europe et Paris en 2020… Plus de 40 ans après sa première traversée de l’Atlantique d’Est en Ouest.
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Et puis, il y a l’histoire de cette peinture. Comme vous l’avez remarqué, c’est une réinterprétation de la couverture du Métal Hurlant n° 8 publié en juillet 1976. Cette même couverture sera reprise dans le 1er numéro de Heavy Metal en avril 1977.
La commande est antérieure à cette publication américaine car Nicollet lui-même date l’œuvre de 1976. Métal Hurlant avait donc déjà traversé l’Atlantique et ses premiers numéros circulaient aux Etats-Unis. Cette découverte transatlantique des premiers numéros de Métal est d’ores et déjà documentée bien que l’origine en soit discutée (découverte en France à l’occasion du 2nd Prix d’Angoulème attribué à Will Eisner ? Entregent de Claude Moliterni ? Voyage en France des futurs éditeurs de Heavy Metal ?).
A l’époque Jean-Michel Nicollet conservait, bien sûr, ses travaux. Pas question pour lui de vendre l’original. J’ignore si le commanditaire a tenté de lui acheter la couverture de Métal mais quoi qu’il en soit ils trouveront un accord sur une commission réinterprétant le combat de robots du n°8.
Les différences avec la couverture de Métal sont intéressantes. Le décor change : l’un claustrophobe et métallique l’autre ouvert sur un ciel trop pur. Dans l’un on peut imaginer une poursuite dans un couloir de base souterraine, dans l’autre l’attaque est venue du ciel, foudroyante. Les robots changent aussi. Masculins, ils sont plus ou moins détruits, plus ou moins humanoïdes, leurs couleurs diffèrent. Pour les robots féminins, si le robot femelle de Métal arborait déjà une poitrine en obus, sa recréation pousse bien plus loin la féminité et l’élégance : des ailes (angéliques ? démoniaques ?) aux talons aiguilles tout est plus fluide et dessiné, jusqu’au visage qui passe d’un rictus de pure haine (Métal) au masque glacial d’un Ange de la Mort (commission).
Assurément la peinture présentée ici pousse un peu plus loin la représentation d’un certain érotisme. Elle laisse imaginer ce que pourrait être une robotique maîtresse SM posant son talon sur la poitrine de son amant de métal soumis.
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Et pourquoi pas ? Surtout quand on connaît le commanditaire de cette peinture ! Comme en témoigne l’ex-libris au dos du cadre, l’œuvre sort tout droit de la collection prestigieuse de J.B. Rund. L’ex-libris donne une idée assez précise de ses goûts et donne un indice sur sa maison d’édition…
Né en 1943, contemporain presque parfait de Jean-Michel Nicollet, J.B. Rund (Jeffrey Bruce Rund) est une personnalité importante du milieu du comics underground et de l’érotisme. Il est le créateur de la maison d’édition Bélier Press qui a œuvré à faire connaître de 1975 à 1986 tout un pan oublié ou délaissé du 9ème art. Il publie notamment le mythique magazine Bizarre, édite les œuvres SM de John Willie (créateur de Gwendoline) et d’Eric Stanton ou celles de Robert Crumb, son ami.
J.B. Rund est également un très grand collectionneur de monographies, de bandes dessinées, de matériel littéraire, d'illustrations originales souvent érotiques. A ce titre il est un donateur régulier d’institutions, notamment la British Library, à qui il lègue bandes dessinées underground et documentation.
Vous pouvez découvrir un J.B. Rund en pleine forme dans le passionnant documentaire « Beyond Bizarre the life & art of John Willie » réalisé par Charlotte Grondin et Guillaume Pin en 2023. J’ai placé parmi les images jointes une photo tirée du film dans laquelle on le voit évoquer Willie dans son intérieur aux murs recouverts de cadres. On trouve aisément les extraits de son interview sur internet.
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Pour finir, cette peinture a quitté New-York et regagné miraculeusement l’Europe et Paris en 2020… Plus de 40 ans après sa première traversée de l’Atlantique d’Est en Ouest.
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A propos de Jean-Michel Nicollet
Jean Michel Nicollet est un illustrateur et auteur de bande dessinée français, né à Lyon le 7 février 1944.
Jean-Michel Nicollet est surtout connu comme illustrateur, en particulier pour les couvertures des Éditions Néo, Titres/SF et Folio Junior. Il a également illustré une quarantaine de couvertures de la collection Chair de Poule.
Il a suivi les cours de l'École des beaux-arts de sa ville natale, où il rencontre Jacques Tardi, puis ceux des Beaux-Arts de Paris. Ses débuts professionnels remontent à 1970 où il propose des illustrations pour le mensuel Lui. Il poursuit avec quelques travaux publicitaires et la réalisation de ses premières couvertures pour la collection Folio chez Gallimard. En 1972, pour l'éditeur américain Harlin Quist, il conçoit l'iconographie du Conte de Ionesco n° 4. Il rejoint l'équipe du magazine Métal Hurlant en 1977 et entreprend Ténébreuses Affaires, succession de courts récits fantastiques scénarisés par Picaret et lui-même.
Il signe de nombreuses couvertures pour divers éditeurs (Néo, Lattès…) et réalise plusieurs ouvrages, parmi lesquels Le Diable, les Poèmes de Lovecraft, les Poèmes de Howard ou encore Harry Dickson sur un texte de Marie-Paule Vandunthum et Gérard Dôle. Il est aussi le coauteur, avec Keleck du Rejeton de l'univers et d'Ersatz.
Il expose sa production picturale à la galerie Escale à Paris en 1992.