Clarke, "Je te hais"

Histoire complète en quatre pages, publiée dans "Monde Obliques", tome 2 de la série "Réalités obliques", aux Editions Lombard, en 2016.

Signée

Clarke est un caméléon et un travailleur acharné. Quand il s'ennuie, il va encore aider ses "potes", dessinateurs ou scénaristes, et il le fait à titre amical. Du coup, Clarke, pseudonyme de Frédéric Seron (neveu de Pierre Seron) est partout, de la gentille fable pour enfants aux contes cruels dont ces planches sont extraites, sous différentes signatures. En retour, ses potes font de même avec lui et leur influence scénaristique est très présente dans la série des "Réalités Obliques". Au point qu'il revendique une dizaine de scénaristes dans le troisième opus de la série, "Rencontres Obliques"!

Les quatre planches ici présentées sont extraites de l'opus 2, "Mondes Obliques". Une histoire courte au titre fort, "Je te hais", très typique de la série, à mi-chemin entre les Idées Noires de Franquin et les contes d'Edgar Allan Poe. De la poésie, du fantastique et de la noirceur. Beaucoup de noirceur!

Je partage totalement la chronique de Bdgest parue sur ce deuxième volume, et je me permets de la retranscrire ici, d'autant qu'elle fait explicitement référence à cette histoire courte:

"Une ombre sortie d’un mur de brique étrangle un personnage qui ressemble étrangement à Mélusine. Qu’on se le dise, Mondes obliques n’a rien à voir avec l’univers de la sorcière à la rousse chevelure, même si les personnages des deux séries relèvent parfois du même folklore.

Dans ce deuxième tome des Réalités obliques, Clarke continue de démontrer sa belle maîtrise de la construction du récit court. Il invite ses lecteurs à rencontrer une ombre meurtrière, un immortel condamné à souffrir jusqu’à la fin des temps, un cumulophobe qui a de bonnes raisons d'avoir peur des nuages ou encore un cosmonaute à la dérive dans l'espace. En tout, 25 personnages dont les destins sont racontés en quatre courtes planches de quatre cases, toujours disposées en carré.

La filiation avec les Idées noires est évidente, mais Franquin n'est certainement pas la seule influence de Clarke. Dans ces récits, pointent à l'occasion le surréalisme de Marc-Antoine Mathieu et celui de Fred, le fantastique de Schuiten et l'étrange de Breccia (celui qu'on retrouve dans Mort Cinder ou dans Le rapport sur les aveugles), sans oublier les nouvelles de Maupassant et de Villiers de L'Isle-Adam.

À mentionner enfin, la belle facture de ce livre carré, imprimé sur un papier mat et de qualité ; il y a même un signet pour marquer la page pendant qu'on va vérifier si la porte est bien verrouillée.

Pour les amateurs de noir, de blanc, de carrés et de contes cruels."

Allez, va, je ne te hais point, Clarke: ces sombres fables m'emplissent de joie!