Cannon - C-40

Wallace Wood Cannon #C-40 Sunday Comic Strip Original Art (Wood et Richter, 1972). Encre et Zipatone sur crayon bleu sur deux morceaux distincts de carton Bristol. Ils ont une zone d'image combinée de 17" x 24,5". L'en-tête du titre est un collage statistique, il y a de petites taches de résidus d'adhésif, d'usure sur les bords et les coins ; sinon, en excellent état.

De 1970 à 1974, Wood écrit et dessine Cannon, une bande dessinée adultes pour un journal distribué exclusivement dans les bases militaires. Cette planche est un excellent exemple de plusieurs des « 22 cases qui fonctionnent toujours » de Wood.

Pour ma part, je suis comblé! Ma première Wood... et je trouve cette planche fantastique: beaucoup de détail, des plans successifs qui accompagnent magnifiquement la narration, un gros plan et ... le club a go-go dans toute sa volupté.

Il est difficile de percer les deux grands mystères au cœur de la création de Cannon. Cette histoire sauvage et machiste est-elle censée être prise directement au sérieux? Le personnage principal se retrouve coincé derrière les lignes ennemies avec une jolie agent double, qui a perdu tous ses vêtements en cours de route et n'a jamais pris la peine d'essayer de récupérer un haut, ses seins parfaitement formés et dessinés avec amour bien exposés. Comme ce genre de chose arrive très fréquemment aux personnages féminins de Wood, elle se contente d'un petit morceau de tissu de style Sheena noué autour de sa moitié inférieure. Même si elle sera battue (et pire) à plusieurs reprises par divers méchants tout au long du récit, elle restera magnifiquement indemne et chic. Pour sa part, Cannon a tué et tuera de nombreux hommes, de manière toujours plus invraissemblable.

Les choses semblent prosaïques et faciles, un répit pour les personnages en fuite après la violence graphique mur à mur jusqu'à présent. Les rôles de genre sont exploités jusqu'à la limite alors que le macho Cannon multiple les stéréotypes. Classique pour l'époque, on est bien dans le représentatif de cette période debut 70. Le James Bond de Wood quoi!

Quant à Woody, je l'ai découvert, et Ô combien admiré, à travers ses œuvres les plus célèbres de science-fiction et d'horreur pour E.C. Comics. Pre Code.
Ainsi que ses super-héros pour Marvel, puisqu'il a créé le costume rouge reconnaissable entre mille de Daredevil.
Puis quelques incursions ultérieures dans la véritable pornographie (On pense a Sally Forth).

Wallace Wood est peut-être mieux connu pour être l’un des plus grands pragmatiques ayant jamais travaillé dans ce médium. Son motto: « 22 Panels That Always Work » ; des raccourcis solides et successifs, est légendaire parmi les artistes et ceux qui aspirent à le devenir.
Et son mantra « Ne dessinez jamais rien que vous puissiez copier, ne copiez jamais rien que vous puissiez tracer, ne tracez jamais rien que vous puissiez découper et coller » dément sa vraie nature: Wood n’était pas un touche-à-tout. Il était brillant.
Ce n'est pas moi qui le dit, c'est William Gaines, fondateur de EC, qui avait déjà repéré ce talent en 1952...

Enfin, pour ceux qui me lisent jusque là, je suis bien embêté à assigner cette planche a "Wally" selon l'annuaire 2DG. Il détestait ce surnom...