Canardo - Premières enquêtes - Le tribunal du blanc.

Signé en bas à droite.

Canardo - Premières enquêtes - Le tribunal du blanc – Planche une.

Encre de Chine, mine de plomb.
Dimension (de la planche) : 400 mm x 280 mm.
Signé.


Belle planche des prémices de ce grand classique ou nous découvrirons, en case une, une différence.
En effet, la premières case disparaît au profit d'une nouvelle vignette redessinée et collée par-dessus l'inédite (voir les visuels).
Nous remarquerons également qu’au recto, se trouve le début de son travail sur cette planche.
Probablement mécontent du résultat, il recommencera ladite planche au verso (voir les visuels).

Première planche de l’histoire, en quatre planches, de notre canard alcoolique préféré, « Le tribunal du blanc », paru, le 01 décembre 1978, dans le numéro 11 d' « A Suivre » (voir visuel) en 1978 (magazine dont il fera la couverture plusieurs fois) et reprise, en noir et blanc, dans le premier album de la série publié en 1979 par la mythique librairie Pepperland.
Réédité en 1982, toujours en noir et blanc, chez Pepperland et en 1991 chez Casterman.
Réédité en 2002 chez Casterman 2002 sous les couleurs de Pascal Regnauld.


Le canard est soit d’élevage, soit sauvage.
C’est un oiseau paisible, à la marche un peu pataude, mais à l’allure amicale et émouvante.
Ce caractère bonhomme, parfois soupe au lait, a été largement utilisé dans la bande dessinée, et dans le dessin animé depuis le Gédéon de Benjamin Rabier, jusqu’à Howard the Duck en passant bien sûr par Donald, Onc’Picsou et toute leur famille, sans oublier Daffy Duck et notre héros de cette planche, Canardo.


Permettez-moi de vous proposer une petite balade dans l'univers d'un des flics/privés le moins sexy de la BD.
Soulignons qu'il s'agit vraisemblablement du seul canard poulet au monde !

Canardo est le héros d’une série « animalière », peuplé d’oiseaux, de chats, ou encore de chiens anthropomorphes et parlants. Mais loin de renouer avec l’esprit d’un Disney, cette série lorgne du côté du roman noir, d’un Simenon.

Après « premières enquêtes » (voir la planche présentée ici-même), Canardo deviendra ce célèbre inspecteur à plumes, doué et imbibé, dénouant l’air de rien, clope au bec, les crimes les plus obscurs avec en sus, ce je-ne-sais-quoi dans le regard qui bouleverse les petites pépées, en l’occurrence, pas des oies blanches !
Benoit Sokal est parti sur une idée de base, le canard inspecteur à la ferme, pour dériver petit à petit et sortir de ce milieu clos, afin d'amener Canardo dans un monde nettement plus anthropomorphe. En somme, Canardo pourrait être l'ancêtre de Blacksad.


Sur cette planche, le trait parfait à la plume de Benoit Sokal est torturé et caricatural, les personnages arborant souvent des yeux cernés et hagards, ou un regard halluciné, pour être en total adéquation dans cet univers de polar où le scénario fait d'ailleurs oublié assez vite que l'on a affaire à des personnages au physique d'animaux, tant l'anthropomorphisme du scénario est poussé loin.
Comme exemple, voyez ces vielles rombières en animaux humanisés, qui sont si criantes de vérités, qu'on en oublie presque le fait qu'elles soient des animaux caricaturés.


Comme beaucoup d'autres dessinateurs belges de sa génération, Benoit Sokal suit les cours de Claude Renard à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles et illustre plusieurs récits réalistes dans « Le 9ème rêve » (éditions « Louis Musin », puis des « Archers » en 1978).
C'est pourtant en tant que dessinateur humoristique que Benoit Sokal collabore la même année à la revue « A Suivre ».
Coup d'essai, coup de maître, Benoît Sokal n'a que 20 ans quand il crée « Canardo » qu’il dessine, à la manière d'un moderne Edmond-François Calvo, toute une faune aux réactions et aux sentiments très humains.