Dans la collection de fabcollection 
Juan Giménez, Alejandro Jodorowsky,
2558 

"Adios Maestro !" - Gimenez - La Casta de Los Metabarones

Planche originale
1999
Techniques mixtes
23.5 x 32.5 cm (9.25 x 12.8 in.)
Partager
Planche encadrée
Prelim
Encrage
La Cicatrice
Demi-Planche Inférieure
Dédicace Juan & Jodo

Description

Réalisée en 1999.
Planche 12 du Tome 6 de La Caste des Métabarons: "Dona Vicenta Gabriela de Rokha L'Aieule".
Dimensions hors cadre : 23.5 x 32.5 cm.
Dimensions avec cadre : 38.5 x 47.5 cm.

Inscriptions / Signatures

Signée sous l'oeuvre

Commentaire

Exceptionnelle Expo fin 2019 qui nous aura permis de constater de visu la qualité des oeuvres de Juan Gimenez!
Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de le croiser à cette occasion, ci-joint un reportage où on trouve Juan chez lui nous parler de son Art avec Passion: https://vimeo.com/56377782

Mon experience avec la Caste et Juan:
  • La Caste des Méta-barons, c’est avant tout une grande baffe dans la gueule (comme Obelix sait les mettre). De la pure SF, de la couleur directe, des couvertures iconiques. Quand je découvre la série à l’adolescence c’est de la dynamite. Chaque nouvel album était attendu fiévreusement.
  • A l’époque je ne collectionne pas encore les originaux. J’affectionne particulièrement le genre SF. Aussi mes étagères se remplissent de quelques monuments du genre: La Guerre Eternelle, Aquablue (4+1ers tomes), La Trilogie Nikopol, Akira, UW1 … et La Caste évidemment. L’Incal par exemple viendra plus tardivement rejoindre ma collection ...
  • Fin des années 90, Gimenez est annoncé à Angoulême sur le stand des Humanos. C’est la première fois que je me mets en mode commando pour aller quérir le Saint Graal. Ce sera finalement la seule fois où j’aurais rencontré Juan avant une autre et dernière rencontre plus privilégiée l’an passé dans une brasserie grâce à l’entremise de Daniel. Il était absolument passionné par son Art et intarissable d’anecdotes.
  • Avec ses originaux c’était un peu Gollum et son Précieux ou Fort Knox 😊 (Oui j'exagère quoique ...). Rien ne sortait. Il ne voulait rien vendre car très attaché sentimentalement à son travail. Il faut dire qu’il en a dépensé des litres de sueur sur ses planches qui sont généralement d’un format A4, soit un format assez petit lorsqu’on travaille en couleur directe ce qui était son cas.
  • Frustré de ne trouver aucun original ou presque en vente à l’époque, j’ai eu la chance de pouvoir lui passer quelques commandes via son agent. Le point amusant c’est que pour la partie financière, tout se passait avec son agent mais en revanche l’envoi des œuvres c’est Juan qui s’en occupait. C’est lui qui faisait le paquet et marquait l’adresse. J’ai gardé les emballages tels de précieuses reliques. Il y joignait un petit mot amical. Moi aussi je suis un sentimental ou alors j'ai aussi un petit côté Gollum.

L'exposition de Novembre 2019:
Donc quand Daniel, que je savais également un fan absolu depuis plus de 20 ans, annonce (enfin) l’expo-vente de l’an dernier, alors là … Surprise !
  • Au départ je ne m’attends pas à une expo de fou car il y a déjà eu quelques ventes ci et là mais rien de transcendant. Finalement, j’en discute avec Daniel et là j’apprends qu’il va y avoir du gros matos : de la Caste, des Arcanes, de la Pin-up aussi … (De tout temps Gimenez a distillé des héroïnes "muy guapa" parfois peu vêtues mais toujours au service de l’histoire bien sûr 😊).
  • A partir de là, c’est branle-bas de combat ! Tant pis pour les Expo Loisel, Ledroit ou Guarnido … recalibrage pour l’Expo du Maître Juan Gimenez.
  • Pas dispo le jour du vernissage, je passe en avance à la Galerie au moment de l’accrochage. Et là c’est encore une fois une grosse baffe dans la gueule. La qualité des originaux est hallucinante. Il y a des planches mythiques au mur. Même une planche qui semble secondaire dans la Série présente subitement un intérêt. En effet, les planches de Gimenez étant souvent fort bavardes, Daniel a fait rajouter les lettrages par le lettreur de la Caste. J’en ai rêvé, il l’a fait ! Ca change tout.
  • Clairement j’ai un coup de cœur pour 3 planches dont 2 sur l’album Honorata qui représente la genèse de la lignée des Méta-barons avec le rituel initiatique du Méta-baron et finalement le Parricide.

Le Contexte de la Planche:
Finalement mon choix se portera sur la 3ième planche issue du Tome 6 de la Caste. C’est une planche qui met à l’honneur les 3 protagonistes principaux de la Caste: Sans-Nom le dernier des Méta-barons et ses 2 robots Tonto et Lothar.
  • L’ensemble de la Série est basé sur une discussion entre Tonto et Lothar durant laquelle Tonto explique à Lothar l’histoire de la Lignée des Méta-barons, ce qui donne l’opportunité à chaque album de faire un focus particulier sur l’un des membres de la Lignée.
  • Les 2 robots, leur claque-merde et leurs discussions sont donc un des Piliers de la Série. Jodo prend un malin plaisir à écrire leurs dialogues à base de « Méca-crétin », « Biomerde », « Technopachiderme », « Mecatantouze » ou « Paleocapitaine », j’en passe et des meilleurs ...
  • C’est vrai que si on lit l’Intégrale ou la Série d’un coup, les discussions des 2 robots peuvent sembler un peu rébarbatives … mais en considérant le rythme de parution initial c’était vraiment génial de retrouver les 2 boîtes de conserves et leurs élucubrations mécascatologiques du style « Biomerde, j’aimerais avoir deux couilles pour pouvoir m’en mordre une ! … ». C’est du niveau des cours de récré et c'est ce qui est drôle à mon sens. Toute cette épopée n’est finalement pas si sérieuse.

La Planche:
Sur la planche en question, il s’agit d’un moment Clef. Sans-Nom a décidé de détruire les 2 robots car ils sont devenus un danger pour lui. Ils portent en eux un lourd secret:
  • Ils connaissent les circonstances dans lesquelles le Méta-baron, pourtant invulnérable, a reçu une cicatrice au sourcil droit. Ceci pourrait représenter une menace si ses ennemis venaient à s’emparer des 2 robots et à disséquer leurs mémoires.
  • Alors que Lothar en fidèle serviteur est prêt à se sacrifier pour son Maître, Tonto (tel un humain) pense à sauver sa peau en invoquant les lois de la Capitainerie. Bref pour tout amoureux de la Caste, on est en plein drame. La tension est à son comble. Jubilatoire ! Nous aussi nous pourrions griller quelques biodiodes.

Graphiquement la planche est une succession de champs contre-champs avec des close-up sur les visages des protagonistes:
  • Certains portraits du Méta-baron sont parmi les plus emblématiques de la Série notamment celui de la Case 2 qu’on retrouve en page 20 dans le Hors-Série la Maison des Ancêtres à propos de l’origine de la Cicatrice du Méta-baron. Cette cicatrice, présente dès le Tome 1 (page 18), on en ignore l’origine jusqu’au dénouement final de la Série dans le Tome 8.
  • Le second portrait en Case 4, où le Métabaron a les yeux tout écarquillés, illustre le travail en couleur directe de Gimenez. La page encrée ne contient que les contours. Toute la puissance du visage se fait sur la mise en couleur.
  • En Case 5, on voit très clairement les 2 robots avec une morphologie à la Laurel & Hardy ou Asterix et Obelix. Ce sont les 2 comiques de l’histoires, ils rajoutent une touche d’humour et une âme à la Série qui contraste avec l’épopée guerrière des Méta-barons. En effet, ces 2 robots sont tellement humains dans leur comportement qu’ils contrastent avec le Méta-baron qui est un guerrier sans état d’âme (ou presque). Ce n’est pas la première fois que 2 robots sont des faire-valoirs. 2 autres célèbres robots ont déjà joué un tel rôle dès 1977 …
  • Enfin en Cases 1, 3 et surtout 5, l’accent est mis sur l’arme du Méta-baron. Ce n’est pas n’importe quelle arme. La crosse est finement ciselée est reprend les motifs qui jadis ornaient les armures et les épées des Castaka, qui vivant sur Marmola une gigantesque planète de Marbre, sont à l’origine de la lignée des Méta-barons (voir Tome 1).

Cette planche est donc un condensé de symboles pour tout amateur de la Caste. Elle fait le lien entre le début et la fin de la Série:
  • Dès la première case, on comprend la problématique et le sujet de la planche (pas besoin d’avoir lu les 10 pages précédentes).
  • L’existence de la cicatrice du Méta-baron pose problème. Il faut une fois de plus consentir à un sacrifice, tuer les 2 robots pour préserver la sécurité et la vie du Méta-baron.
  • Les dés semblent jetés, Lothar est résigné mais Tonto tente un dernier argument en dernière case … suffira-t-il ? Suspens !
  • Là par contre on a envie de savoir … C’est peut-être l’occasion de profiter du confinement pour lire ou relire la Caste des Méta-barons ! 😊

Sa Technique:
Enfin, cette planche est l’occasion de parler Technique. Les Planches de Juan et la plupart de ses illustrations (sauf celles à l’acryliques telles que les Arcanes) sont construites en 3 étapes:
  • Première étape - Le crayonné qui est un travail préliminaire pour le découpage de la planche et le placement des textes: Il se trouve que cette planche et son crayonné sont publiés (Quel hasard ... 😊) en pages 68 et 69 dans le Sketchbook 1 de Juan Gimenez aux Editions 11:11 (Voir Photos Additionnelles). Les textes sont en espagnol et numérotés pour suivre le script de Jodo. Typiquement je n’ai pas cette étape pour cette planche, je souhaitais contacter Juan pour savoir s’il l’avait encore dans ses fardes … je prenais mon temps car je voulais lui écrire un courrier et lui envoyer du bon vin. Ce putain de Biovirus ne nous en aura pas laissé le temps … je dispose néanmoins de ces « Prelim » pour d’autres planches (Voir ma Galerie). Ils sont réalisés sur un papier très fin, assez froissé avec des annotations parfois, bref ce sont pour lui des documents de mise en place.
  • Seconde étape - L’encrage qui en fonction des planches est plus ou moins marqué: En général, il s’agit surtout d’un tracé des contours et des positions des bulles. Pour la planche en question c’est effectivement le cas. Cette étape dont je dispose est au même format que la planche finale et est effectuée sur un support papier.
  • Troisième étape - La mise en couleur soit l’étape ultime: L’encrage a été reproduit sur une feuille de papier contrecollée sur un carton et c’est sur cette nouvelle feuille que Juan a réalisé sa mise en couleur. Au besoin, certains traits d’encre ou des touches de crayon sont rajoutés. On est sur une technique mixte. Typiquement Bilal ou Yslaire travaillent de façon très similaire pour leurs travaux en couleur directe. Leurs mises en couleurs sont réalisées sur une reproduction d’un dessin préliminaire qui constitue une étape intermédiaire du processus de création.

Ses Originaux:
Gimenez est un auteur qui est globalement passé sous les radars des collectionneurs d'originaux pendant des années pour différentes raisons:
  • Il vivait en Espagne et venait en France (qui représente le principal marché pour l’œuvre de Gimenez) qu’à de très rares occasions.
  • Il ne vendait rien ou presque.
  • Quand il vendait, il ne s’agissait pas de pièces majeures et les prix étaient souvent dissuasifs.

Son Oeuvre:
Son œuvre a souvent été injustement réduite à son travail le plus célèbre « La Caste des Méta-barons » considéré parfois à tort comme un spin-off de l’Incal. La Caste est une Série à part entière, avec sa propre Mythologie qui ne fait jamais référence à l’Incal. D’ailleurs Gimenez dit clairement que dans l’Incal le seul personnage qui l’intéressait c’était le Méta-baron.
De nombreux auteurs de BDs reconnaissent en Gimenez un véritable maître de la SF et une source d'inspiration dans leur choix de faire de la BD: Roberto Ricci par exemple pour en avoir discuté avec lui.
Pour ceux qui ne connaissent que la Caste et qui aiment l’Univers de Gimenez, je les encourage à lire des albums plus anciens comme Gangrène, Léo Roa ou le Quatrième Pouvoir.

Gracias Maestro por las horas que paso leyendo sus historietas !

Publications

  • Doña Vicenta Gabriela de Rokha l'Aïeule
  • Les Humanoïdes Associés
  • 09/1999
  • Page 12
  • Sketchbook 1
  • Ediciones 11:11
  • 06/2006
  • Page 69
  • La maison des ancêtres
  • Les Humanoïdes Associés
  • 06/2016
  • Page 20

Voir aussi :   La Caste des Méta-Barons

15 commentaires
Pour laisser un commentaire sur cette œuvre, veuillez vous connecter

A propos de Juan Giménez

Juan Antonio Giménez López est un auteur de bande dessinée argentin né à Mendoza. D'après Patrick Gaumer, Juan Giménez « s'impose comme l'un des maîtres de la bande dessinée de science-fiction hyperréaliste.