Dans la collection de alessiu 
Benoît Feroumont, 2015 - Le Spirou de ... - Page  Titre
1068 

2015 - Le Spirou de ... - Page Titre "Fantasio se marie"

Planche originale
2015
Encre de Chine
21 x 25 cm (8.27 x 9.84 in.)
Cm
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Page titre

Description

Page titre du Spirou par ... "Fantasio se marie" (2016).

Histoire : Fantasio a une grande nouvelle à annoncer à Spirou : il va se marier ! Du coup, il va être beaucoup moins disponible pour partir à l'aventure aux quatre coins du monde. L'heureuse élue n'est autre que Clothilde Gallantine, la fille de la plus célèbre patronne des magazines de mode, que Fantasio a hâte de présenter à Spirou. Lors de la rencontre dans les bureaux de Mme Gallantine, un précieux collier est volé sous le nez de Spirou et Fantasio qui décident de poursuivre la voleuse. En vain : Fantasio étant trop amoureux pour être efficace. Quand Seccotine apprend la nouvelle des fiançailles de Fantasio, elle débarque chez Spirou et lui propose sa candidature pour remplacer le partenaire défaillant. Avec une collaboratrice aussi branchée, intelligente et pleine d'initiatives, Spirou va découvrir qu'une femme est une créature pleine de ressources. Et l'enquête sur la mystérieuse voleuse va rapidement progresser... et remuer des souvenirs anciens et pénibles pour Spirou.

Image : site Huberty Breyne. Sous le lien suivant vous pourrez trouver les autres oeuvres de Feroumont https://www.hubertybreyne.com/fr/shop?artist=669

Inscriptions / Signatures

Signé, daté

Commentaire

Pour compléter ce dessin que j'aime beaucoup;
ci-dessous une interview de B. Feroumont honteusement pompée sur : https://branchesculture.com/2016/06/21/interview-benoit-feroumont-spirou-fantasio-se-marie/
N'hésitez pa à aller sur ce lien, car l'interview est plus longue et il y apas mal de dessins.

"Bonjour Benoît, était-ce votre idée de faire un Spirou ou est-on venu vous chercher?
Non, c’est une proposition de Serge Honorez et Benoît Fripiat qui me l’ont proposé, il y a quatre ans. Ils m’ont dit: tu sais, tu peux réfléchir à un Spirou. Moi, jusque là, je me disais « oh non, pas moi »! Mais ils ont posé une graine dans mon cerveau. Je ne suis pas arrivé une semaine plus tard avec une idée. Non, ça a pris du temps, j’y ai réfléchi puis j’ai travaillé avec des amis scénaristes. Je voulais mettre Spirou en face de femmes. Et Stéphane et Guillaume Malandrin (réalisateurs, dernièrement, de l’excellent Je suis mort mais j’ai des amis) avaient une idée brillante, géniale, et ils ont écrit une première version du scénario. Un délire total avec un côté spectaculaire, des avions et tout ce qui s’ensuit. Le hic étant que je ne me sentais pas de faire ça, je voulais quelque chose de plus intime. Ce qu’ils me proposaient était mondial. On s’est arrêtés là avec les frères Malandrin, je n’avais pas envie de travailler sur des versions et des versions pour, au final, dénaturer leur idée. Ils l’ont compris et ont été très classes malgré la frustration que ce projet sabordé pouvait leur amener. Je ne pouvais que les remercier, ils ont été bons copains, l’impulsion est venue d’eux.

Et voilà comment Spirou s’est retrouvé dans un monde de femmes!
Comme je voulais quelque chose de plus intime, je suis parti de ce Spirou que j’avais envie de mettre en face de femmes. Et plus particulièrement de Seccotine qui lui demanderait: « J’ai envie de vivre une aventure avec toi!« . Rien d’érotique derrière ça, juste une envie de prendre la place de Fantasio. Et j’ai conçu un scénario autour de ça. Fantasio va se fiancer et quitter la maison. Spirou va perdre son acolyte.
Or la plupart des héros, comme Batman ou Zorro, ont toujours un acolyte, et Spirou va le trouver en Seccotine. J’ai construit mon scénario autour de ça, avec mes propres contraintes: que des femmes autour de Spirou. Des femmes indépendantes financièrement et qui ne parlent pas de mecs. Je ne voulais pas paraître sexiste aux yeux des féministes. C’est un Spirou qui se passe à notre époque et en plein Bruxelles. Ces contraintes constituaient en fait toute une série de pièges que je me posais et que je devais déjouer. J’ai emballé tout ça dans une histoire assez classique finalement: des bijoux dérobés par une voleuse (qui se révélera être des voleuses) et Spirou qui part à leurs trousses. J’y ai greffé, par étapes, toute une série de rencontres, d’aventures.

Bruxelles est presque un personnage principal de cette histoire. Vous jouez au greeter (terme identifiant les habitants locaux qui font visiter leur ville aux touristes) de luxe, non?
C’est marrant que vous disiez ça, parce que sans connaître ce terme, c’est un truc que j’adore faire avec ma femme. Quand on reçoit des amis, qu’ils soient Liégeois ou Français, on adore leur faire découvrir un petit parcours dans la ville. Du Palais à la Galerie Ravenstein en passant par les restaurants pittoresques.
À la base, je ne suis pas Bruxellois, je proviens de Marche-en-Famenne. Et je n’aimais pas trop Bruxelles. Cette ville me faisait peur. Trop grande. J’y ai quand même posé mes valises et j’ai commencé à l’aimer. Je trouvais que Spirou dans Bruxelles, ça fonctionnait vraiment bien. J’avais envie de dessiner la ville, Bruxelles qui est aussi intéressante que bizarre. Il y a des folies architecturales quand vous y prêtez attention. Des bâtiments mis l’un à côté de l’autre, sans rien avoir en commun.C’est incroyable. Puis, c’est pratique, pour dessiner quelque chose, je n’avais qu’à sortir de chez moi, j’avais ma documentation à portée de main. Je connaissais, j’ai dessiné des endroits que je connais fort bien.

Vous avez redécouvert la ville, en quelque sorte?
Non, mais je me suis baladé dedans, c’est vrai. C’était amusant et j’ai découvert certaines choses. Par exemple la Gare Centrale, où j’ai fait un reportage-photo. D’ailleurs, j’ai été embêté par des gardiens qui se demandaient un peu ce que je faisais là. Ils me voyaient prendre toute une série de photos. C’était avant les attentats, bien sûr. Et je leur ai expliqué que j’étais auteur de bd, que c’était pour un Spirou… Ils m’ont laissé tranquille.

Ouf ils ne vous ont pas embarqué. Alors, ce Spirou, en farfouillant sur le net, on voit que certains lecteurs ne sont pas tendres avec vous.
Oui, je les appelle les grincheux mais je les comprends aussi. Ce Spirou reste celui que je lisais quand j’étais petit. Je pense que chaque lecteur garde comme référence l’image du héros qu’il a connu dans son enfance. C’est obligatoire, que ce soit celui de Tome et Janry, celui de Morvan et Munuera ou celui de Franquin. Et certains fans sont devenus des gardiens du temple, des adorateurs de leur Spirou. Certains sont d’ailleurs surpris du trait que je donne à Spirou, ils ne le reconnaissent pas parce qu’ils sont trop accrochés à celui de Franquin ou d’un autre. Ils s’attendent à ce que quelqu’un refasse le Spirou qu’ils aiment. C’est très compréhensible.

Ce Spirou, vous lui donnez un passé (un grand-père collabo et profiteur) jusqu’ici insoupçonné. Et à l’heure où les Américains n’ont aucun souci à changer les versions et à faire des reboots de leurs super-héros, on constate quand même que c’est plus difficile à accepter dans le monde franco-belge, non?
Je suis surpris. Pour la petite histoire, j’ai mis sur internet la couverture de cet album, du moins celle que je pensais définitive. Et j’ai vu apparaître des commentaires d’une violence incroyable. Pour ma santé mentale, j’ai alors évité les forums. Je ne suis pas trop au courant de ce qui a pu se dire. Mais c’est difficile à éviter. Il y a beaucoup de grincheux, très actifs, n’hésitant pas à prendre la parole pour défendre leur Spirou, encore une fois.
Alors oui, j’ai inventé un passé à Spirou. Mais c’est tout ce qu’il y a de plus normal. Ça n’existait pas et les Américains font ça tout le temps. Alors, je n’ai pas fait ça tout seul, j’ai demandé l’autorisation de l’éditeur. Il n’y a vu aucun souci. D’autant plus qu’il n’y a aucune malice, j’ai fait cela avec beaucoup de respect. Je mets même en valeur le héros, Spirou. On peut relire tous les Spirou avec la lecture que j’en ai faite, avec cette invention différente, cela prend une valeur spirituelle. Si vous relisez le Spirou de Rob-Vel après mon album, vous verrez que ça pose des questions supplémentaires et qu’il n’y a pas d’accroc.
La face noire de son histoire familiale, ça lui donne un trauma, une valeur morale qui va l’obliger à faire un choix qui sera celui de l’aventure et d’aider les autres, de rattraper quelque chose. Ça densifie le personnage. Mais si certains lecteurs prennent ça comme un manque de respect, je ne peux rien faire. Mais qu’ils sachent que j’ai tâché de faire ça avec beaucoup de respect à l’égard du héros mais aussi de tous ceux qui sont passés avant moi. Je ne me suis pas amusé à tout relire, mais il n’y a pas d’incohérence avec les albums précédents.
Mais c’est vrai que Spirou fait partie de cette bande dessinée franco-belge où l’on a pris l’habitude des héros ancestraux, asexués et sur qui le temps n’a aucune emprise.
L’idée était justement de le faire arriver dans notre modernité! Vous vous souvenez de la série Mad Men? Les premières images de cette série mettaient en valeur des publicitaires des années 60 fumant toute la journée, buvant plus que de raison et s’adressant à leurs secrétaires comme à des sous-merdes. C’était choquant et cela nous renvoyait à notre époque où, jamais plus, on ne fume ou ne boit au bureau. Ni ne traite les femmes de cette manière, enfin j’espère.

Et comme je voyais Spirou à la manière d’un boy-scout des années 60, issu de la même époque misogyne que les Mad Men, je voulais le faire tomber de la Lune et l’amener dans le monde de maintenant. Il est un peu vintage, il ouvre la porte aux femmes mais est aussi habitué à ce qu’on parle aux femmes de cette manière. Aujourd’hui, les femmes sont indépendantes. Cela a beaucoup changé depuis 50 ans, il y a eu beaucoup de progrès, même s’il reste encore du chemin à parcourir. Progressons seulement, encore! Et Spirou, pour qui ce n’est pas acquis, doit participer à cet état d’esprit.

D’ailleurs, dans Fantasio se marie, les hommes ont intérêt à bien se tenir car les femmes mènent cet album par le bout du nez!
Ah oui, j’adore ça. Je fais ça dans toutes mes histoires. Regardez le Royaume. D’ailleurs, ça devient tellement flagrant que je vais commencer à faire attention. Je fais toujours des histoires dans lesquelles les hommes sont de parfaits idiots et les femmes, intelligentes. C’est un ressort dramatique assez rigolo. Mais je vais peut-être faire attention, pour avancer couvert un peu plus!


Vous reliez donc ce Spirou à l’une des pages les plus noires de notre histoire récente en abordant les nazis, la collaboration et la spoliation des biens des Juifs et des autres.

Oui, il y a assez bien de gens qui se sont servis, profitant ainsi de la guerre pour faire fluctuer leurs petites affaires. J’ai hésité à le faire, il y avait des pièges. Quand on ouvre le bouquin, on tombe directement pendant la guerre 40-45. Et je voulais absolument éviter la comparaison avec le Spirou de Yann et Schwartz ou même avec celui d’Emile Bravo. Je voulais éviter l’effet « oh, encore un truc qui se passe pendant la guerre. Je voulais juste, en cinq planches, poser une situation très claire et faisant appel à la connaissance des lecteurs sans être un cliché. Je voulais que ce flash-back reste en tête durant toute la durée de l’album et crée ainsi une émotion. C’est en tout cas ce que j’ai essayé de faire: créer une émotion finale de cette spoliation, cette injustice que Spirou, malgré lui, aide à réparer.

Puis, il y a cette incursion dans le fantastique. Ce n’est pas la première fois dans Spirou, mais quand même.
En effet, je suis un peu hors-style. C’est du fantastique pour du fantastique là où, en général, l’aspect fantastique se cache derrière l’habit des pseudo-scientifiques que sont Champignac et Zorglub. On dit que ce sont des scientifiques mais, en vérité, ce sont des magiciens! C’est vrai qu’il y a peut-être une erreur de style dans mon choix. J’aurais peut-être dû donner une explication plus logique.

Publication

  • Fantasio se marie
  • Dupuis
  • 06/2016
  • Page titre

Voir aussi :   Spirou et Fantasio

Thématiques


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A propos de Benoît Feroumont

Benoît Feroumont est un auteur belge francophone de bande dessinée et un animateur de film d'animation, principalement connu pour la série Le Royaume. C'est sa rencontre avec le scénariste Fabien Vehlmann qui réveille en lui le désir de réaliser en parallèle des récits de bandes dessinées. Wondertown est sa première série pour le journal Spirou, dans lequel il obtient une rubrique bimensuelle en 1997. Deux albums paraissent chez Dupuis intitulés Bienvenue à Wondertown (2005) et Guili-guili à Wondertown (2006).