2010 - Murena - Delaby - La revanche des cendres

Planche n°36 du tome 8 (La revanche des cendres) de la série Murena. Il s'agit du dernier album du deuxième cycle (Le cycle de l'Épouse). Par Philippe Delaby au dessin et Jean Dufaux au scénario.

Signé Delaby

La série Murena est un grand succès éditorial. Elle est située à mi-chemin entre le divertissement grand public (elle est devenue un classique de la BD historique) et une étude documentée, certes romancée, mais empreinte de rigueur et de goût pour le fait historique.

L’incendie de la ville de Rome, en 64 de notre ère, constitue le coeur de ce tome 8 (La revanche des cendres). Mais, au delà de ce qu’en dit la légende, Néron en est-il vraiment responsable ? Et quel rôle a donc joué Lucius Murena, le personnage inventé par Jean Dufaux et qui a donné son nom à la série ? Le célèbre scénariste a tranché : "L’un en a rêvé, l’autre l’a déclenché"...

Et d'ailleurs quelle distance Jean Dufaux a-t-il pris par rapport à la réalité historique ? Dans la postface du tome 8, ce dernier indique adopter la même indépendance vis à vis de ses sources que Dumas dans ses propres oeuvres, de façon à laisser place à l'imaginaire, le sien et celui du lecteur.

L’album La revanche des cendres est divisé en deux parties. La première, avec sa narration volontairement brouillonne, illustre le chaos, la panique, issue de l’incendie et ses conséquences, avec des romains qui se jettent dans le Tibre et d'autres qui se laissent brûler vifs.... Puis la seconde, où arrive le temps du bilan, avec les habituels profiteurs habités par l’appât du gain, qui cherchent à tirer profit de cette sinistre catastrophe et à détourner d’eux l’attention de Néron et du peuple pour mieux la diriger sur des boucs émissaires tous trouvés: les Chrétiens, quitte à créer quelques preuves de toutes pièces. Le quartier romain du Transtibérin où réside justement la majorité des Chrétiens n'a-t-il pas été étonamment épargné par le feu...

La planche présentée ici appartient à la seconde partie de l'album. Elle fait la part belle à des personnages importants : Néron l’empereur, Tigellin son conseiller machiavélique, Pierre l’apôtre de Jesus Christ et Marcus Ruffalo le centurion de la garde prétorienne, ce dernier étant à la recherche de sa fille. Le dessin de Philippe Delaby met particulièrement en avant la qualité de son travail sur les personnages en général, les visages et en particulier les chevelures et les expressions, les vêtements, notamment les drapés, et les uniformes. On peut également noter l’approche très cinématographique des différents plans avec en quelque sorte une caméra qui tourne véritablement autour des personnages, parfois à hauteur d’homme, parfois en plongée, voire en contre plongée. Du grand art.