Dans l’exposition vente parisienne de
Manu Larcenet de juin à septembre 2018, je n’ai pas réussi à sélectionner une planche "en particulier" du
Combat ordinaire, qui est la série (pour moi) phare de cet auteur. J’ai donc porté mon choix sur une planche d’un album peut-être secondaire dans sa bibliographie (versus
Le Combat ordinaire,
Le Retour à la terre,
Bill Baroud ou encore
Donjon), mais ou l’on retrouve le trait si particulier de l’auteur à cette période. Une planche pour laquelle j’ai eu un véritable coup de coeur graphique et un très beau souvenir de lecture.
Dans cet album,
Manu Larcenet s'attaque à l’un des grands mythes de la culture occidentale:
Robin des bois.
On y découvre ainsi un héros décati, binoclard et édenté, qui sème la terreur dans la forêt de
Rambouillet, avec l’aide du fidèle
Petit-Jean. Car ce pauvre
Robin est atteint de "l’affection du Sieur Alzheimer", ce qui lui vaut de disjoncter régulièrement et de se mettre alors à brailler le répertoire d’
Annie Cordy, de
Carlos ou de
Dave. Il lui faut alors un bon coup de gourdin en pleine tronche assenné par
Petit-Jean, pour qu’il retrouve ses esprits et se mette au service de son éternelle mission qui, ne l’oublions pas, est de voler aux riches pour donner aux pauvres. Mais sa maladie l’ammène parfois à voler aux riches sans plus se souvenir "à qui il doit donner le pognon"...
Quelques "bavures" l’amènent cependant à occire de pauvres touristes au détour de sentiers forestiers de la forêt de
Rambouillet, ce qui va amener le
Shérif de Nottingham (qui ignore tout de l’état de santé de
Robin), chapeau de cow-boy et flingues à la ceinture (plus proche du Western américain que du Moyen Age anglais), à entrer en croisade contre le prince des voleurs. Pour ce faire, il engage les services d’un vrai pro de la forêt:
Tarzan. Mais ce dernier est aux prises avec la justice pour zoophilie 😂. Le shérif reprend donc les affaires en mains.
Tout finira mal dans cette dernière planche: la mort de
Robin des bois mais aussi celle du Shérif. Ce dernier ayant terminé sa quête, n’a plus de raison de vivre ...
Pourrait-il s’agir d’une allégorie de la collection d’originaux de bande dessinée ?La planche est visible à la 14ème minute de cette interview de
Manu Larcenet par "
Monsieur Christophe", publiée sur le site
www.trictrac.net, à l’occasion de l’exposition "
L'adieu au papier" à la
Galerie Barbier & Mathon:
http://www.trictrac.net/actus/les-expos-de-lete-ladieu-au-papier-de-larcenetManu Larcenet est le 1er
prix Gotlib au
Festival du livre de Paris 2023.