Dans la collection de EricB
1993 - Le Cahier bleu - André Juillard - Planche 56
Techniques mixtes
Encre de Chine et encres de couleurs
30 x 40 cm (11.81 x 15.75 in.)
Ajoutée le 05/10/2024
Lien copié dans le presse-papier !

Description
Planche n°56 de l'album Le Cahier bleu par André Juillard
Inscriptions / Signatures
Signé Juillard
Commentaire
Impossible d'écrire un commentaire pour cette oeuvre sans avoir une pensée pour André Juillard, maitre de la ligne claire élégante, Grand Prix de la ville d'Angoulême 1996, récemment décédé (31 juillet 2024).
Pour plusieurs raisons à mon sens, Le Cahier bleu est une première dans la carrière d'André Juillard:
1- C’est son premier livre, en tout cas majeur, réalisé en couleurs directes (il avait déjà utilisé cette technique pour un travail de jeunesse: Isabelle Fantouri chez Fleurus quelques années plus tôt). Il utilisera dorénavant la couleur directe pour tous ses albums à l'exception des Blake et Mortimer,
2- Il y conserve dans certaines cases, sous ses couleurs, les ombres hachurées de ses crayonnés (cf. par exemple l’ombre d’Elena dans la grande case de la planche présentée ici). Il ne renouvellera pas cette expérience dans ses travaux ultérieurs,
3- Il ose le noir en aplats. Il l'utilise même comme une couleur à part entière et désormais nombreux seront ses personnages habillés de noir,
4- Et bien entendu Le Cahier bleu est le premier album pour lequel il se retrouve seul face au scénario, au dessin et à la couleur.
Cette volonté de se démontrer qu'il pouvait être un auteur complet, était venue à André Juillard autour du quatrième ou cinquième tome de la série Les Sept Vies de l'Épervier, c'est à dire vers 1988/1989, après Bohémond de Saint-Gilles, Masquerouge,... L'idée consistait à raconter une histoire d'amour plutôt intimiste, dans un contexte contemporain et cela, de manière à sortir du carcan dans lequel le public, ses pairs et les éditeurs l'avaient enfermé: celui du dessinateur de bandes dessinées historiques.
Au niveau de son inspiration, il n'avait rien de très précis en tête, excepté:
1- Une oeuvre du peintre américain Edward Hopper intitulée: Hôtel Room. Une huile sur toile de 1931, qui représente une femme dans une chambre d'hôtel, assise sur un lit, presque prostrée, entourée de bagages et qui tient une lettre sur ses genoux. Une oeuvre qui provoque chez celui qui la contemple un questionnement autour de ce qu’il peut bien y avoir d’écrit dans cette lettre pour susciter pareille attitude,
2- Un travail d'illustration en sérigraphie qu'il venait de réaliser et qu’il avait particulièrement apprécié, sur des sections aériennes du métro parisien,
3- L’ambiance de la chanson Ultra moderne solitude d’Alain Souchon qu’il venait d’illustrer dans un album collectif paru chez Delcourt en 1988.
Dans cette planche du Cahier bleu, beaucoup de douceur, de sensibilité. Pas de Louise ni de sa grande sœur Pauline pour accompagner Victor, mais Elena (sans H), une fille plus simple, plus directe, un peu plus aventurière que Louise, tout en étant quand même sentimentale. Elena sera d'ailleurs celle que retrouvera Victor à la toute fin de l’album, au sortir de prison, même si son cœur eut souhaité que ce fût Louise ...
Le premier strip de la planche se situe devant l'ex salle de cinéma Studio-Raspail située au 216 Boulevard Raspail à Paris, dans le XIVème. La salle ferme ses portes fin 1982 pour devenir un centre culturel (théâtre, concerts, ciné club). Aujourd'hui l'immeuble (construit en 1932 et classé "monument historique" depuis février 1986) existe toujours, mais a perdu sa belle enseigne... Quant au dîner, on peut imaginer qu’il a lieu dans une brasserie du quartier, probablement à La Rotonde, un établissement régulièrement fréquenté par André Juillard à une certaine époque.
André Juillard est Grand Prix de la ville d'Angoulême 1996.
Pour plusieurs raisons à mon sens, Le Cahier bleu est une première dans la carrière d'André Juillard:
1- C’est son premier livre, en tout cas majeur, réalisé en couleurs directes (il avait déjà utilisé cette technique pour un travail de jeunesse: Isabelle Fantouri chez Fleurus quelques années plus tôt). Il utilisera dorénavant la couleur directe pour tous ses albums à l'exception des Blake et Mortimer,
2- Il y conserve dans certaines cases, sous ses couleurs, les ombres hachurées de ses crayonnés (cf. par exemple l’ombre d’Elena dans la grande case de la planche présentée ici). Il ne renouvellera pas cette expérience dans ses travaux ultérieurs,
3- Il ose le noir en aplats. Il l'utilise même comme une couleur à part entière et désormais nombreux seront ses personnages habillés de noir,
4- Et bien entendu Le Cahier bleu est le premier album pour lequel il se retrouve seul face au scénario, au dessin et à la couleur.
Cette volonté de se démontrer qu'il pouvait être un auteur complet, était venue à André Juillard autour du quatrième ou cinquième tome de la série Les Sept Vies de l'Épervier, c'est à dire vers 1988/1989, après Bohémond de Saint-Gilles, Masquerouge,... L'idée consistait à raconter une histoire d'amour plutôt intimiste, dans un contexte contemporain et cela, de manière à sortir du carcan dans lequel le public, ses pairs et les éditeurs l'avaient enfermé: celui du dessinateur de bandes dessinées historiques.
Au niveau de son inspiration, il n'avait rien de très précis en tête, excepté:
1- Une oeuvre du peintre américain Edward Hopper intitulée: Hôtel Room. Une huile sur toile de 1931, qui représente une femme dans une chambre d'hôtel, assise sur un lit, presque prostrée, entourée de bagages et qui tient une lettre sur ses genoux. Une oeuvre qui provoque chez celui qui la contemple un questionnement autour de ce qu’il peut bien y avoir d’écrit dans cette lettre pour susciter pareille attitude,
2- Un travail d'illustration en sérigraphie qu'il venait de réaliser et qu’il avait particulièrement apprécié, sur des sections aériennes du métro parisien,
3- L’ambiance de la chanson Ultra moderne solitude d’Alain Souchon qu’il venait d’illustrer dans un album collectif paru chez Delcourt en 1988.
Dans cette planche du Cahier bleu, beaucoup de douceur, de sensibilité. Pas de Louise ni de sa grande sœur Pauline pour accompagner Victor, mais Elena (sans H), une fille plus simple, plus directe, un peu plus aventurière que Louise, tout en étant quand même sentimentale. Elena sera d'ailleurs celle que retrouvera Victor à la toute fin de l’album, au sortir de prison, même si son cœur eut souhaité que ce fût Louise ...
Le premier strip de la planche se situe devant l'ex salle de cinéma Studio-Raspail située au 216 Boulevard Raspail à Paris, dans le XIVème. La salle ferme ses portes fin 1982 pour devenir un centre culturel (théâtre, concerts, ciné club). Aujourd'hui l'immeuble (construit en 1932 et classé "monument historique" depuis février 1986) existe toujours, mais a perdu sa belle enseigne... Quant au dîner, on peut imaginer qu’il a lieu dans une brasserie du quartier, probablement à La Rotonde, un établissement régulièrement fréquenté par André Juillard à une certaine époque.
André Juillard est Grand Prix de la ville d'Angoulême 1996.
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A propos de André Juillard
André Juillard est un scénariste et dessinateur de bande dessinée français, également illustrateur. Auteur-phare de la bande dessinée historique francophone des années 1980 avec des séries telles que Les Sept vies de l'Epervier ou Plume Aux Vents. Juillard se diversifie ensuite en travaillant sur le monde contemporain avec des albums comme Le Cahier Bleu ou Après la pluie puis en reprenant, en 2000, Blake et Mortimer.