Dans la collection de philofanfan 
André Franquin, 1959 - Bandeau-titre du journal de Spirou - Mille merveilles de la nature dans le carton à dessins de Hausman - - Illustration originale
1949 

1959 - Bandeau-titre du journal de Spirou - Mille merveilles de la nature dans le carton à dessins de Hausman -

Illustration originale
1959
Encre de Chine
Dessin : 17 x 13,7 cm - Papier : 18,7 x 17,5 cm - Verre musée
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Encadrement
Publication en bandeaux-titre du Journal de Spirou n°1090 du 5 mars 1959
Publication dans l'ouvrage " Les bandeaux-titres par Franquin du Journal Spirou 1953-1960"
Les deux publications
Avertissement
N°1
N°2
N°3a
N°3b
N°4
N°5
N°6
N°7a
N°7b
N°7c

Description

-Bandeau-Titre du Journal de Spirou n°1090 du 5 mars 1959
-Publication en novembre 2017 dans la collection " Patrimoine " des éditions Dupuis dans un ouvrage intitulé " Les bandeaux titres du Jounal Spirou 1953-1960, par Franquin "

" Saluant l'arrivée imminente du printemps, René Hausman ouvre cette semaine la rubrique hebdomadaire qui lui vaudra un jour d'être reconnu et publié en albums. Une fois n'est pas coutume, Franquin présente un auteur, et non un personnage, signe que, chez Dupuis, René Hausman n'est décidément pas un dessinateur comme les autres." - Texte de présentation (photo 2 en images additionnelles)

Commentaire


Entrée en matière
:


Pour le coup, puisqu'un ouvrage a été spécialement édité par Dupuis en 2017 pour réunir l'intégralité des bandeaux-titres réalisés par André Franquin pour le Journal de Spirou sur la période 1953-1960, et que l'éditeur en introduction de cet ouvrage a présenté la genèse de cette aventure : je me suis contenté de recopier à la virgule près l'intégralité de cette introduction.


Si la une du Journal de Spirou a connu de multiples formules depuis sa création en avril 1938, c'est incontestablement celle inaugurée par André Franquin, quinze ans plus tard, qui a marqué les esprits.

Avant lui, la couverture de l'hebdomadaire était invariablement composée de son titre, auquel était associé la bouille du personnage, au dessus d'une planche des ses aventures. D'années en années, seuls le visage de Spirou et le lettrage du titre changeaient, au gré des courants artistiques. Ces bandeaux sont le reflet parfait de leurs époques, non seulement par les typographies caractéristiques, mais également par le style de leurs dessinateurs successifs. Ainsi, le Spirou de Rob-Vel - n°1 -, son créateur, symbolise les débuts du journal au travers d'un salut militaire rappelant les mouvements de jeunesse des années 1930-1940, tandis que celui de Jijé - n°2 - témoigne de la liesse de la Libération par son dynamisme souriant et son sous-titre, « champion de la bonne humeur ».

Cette présentation s'assagit pourtant dès 1947 au travers d'un lettrage plus sobre et de portraits plus réalistes, toujours signés Jijé - n°3a, n°3b et n°4 -, sans doute conçu pour provoquer l'identification massive des chères petites têtes blondes. Franquin, qui entretemps, a repris en main la destinée du personnage, en propose une nouvelle version deux ans plus tard - n°5 -, dotant le héros d'un sourire plus franc, rehaussé de joues rouges éclatantes. Le journal trouve peu à peu sa formule, faite d'humour et d'aventure, et son groom en est le parfait ambassadeur. Il est celui qui adresse un regard rieur et complice au jeune lecteur à la proue de l'hebdomadaire, l'invitant à ouvrir les pages pour visiter son univers.

Pourtant, la rédaction réalise que cette maquette immuable ne contribue pas à une bonne distinction de chaque numéro à l'étal des librairies. Elle associe alors des slogans à son titre pour annoncer une rubrique ou une série - n°6 - et préciser son sommaire. Mais l'impact visuel de ceux-ci reste encore timide.

A la fin de l'année 1952, l'éditeur Charles Dupuis tente de recruter un certain Fernand Cheneval pour renouveler sa mise en page. Ce dernier est directeur d'une revue concurrente, Heroïc-Albums, dont la présentation dynamique plait beaucoup. Le principe en est ingénieux puisqu'il propose une double une, constituée d'une grande illustration accrocheuse en référence à une série publiée à l'intérieur et d'un strip de bande dessinée qui permet d'entrer immédiatement dans la lecture à proprement dite. Faute de parvenir à embaucher son jeune rival, M. Charles s'inspire cependant de sa trouvaille et bouleverse la présentation du Journal de Spirou. Les ténors de l’hebdomadaire que sont Paape, Will, Hubinon, Morris ou Peyo, signent alors tour à tour une grande image sous le titre pour présenter leur propre série, tandis que la partie inférieure offre une demi-planche des aventures de Spirou et Fantasio. Enfin, un Spirou en pied dessiné par Franquin est chargé de désigner la série vedette de la semaine - n°7a et n°7b -, à la manière d'un M. Loyal de circonstance. Mais il alterne les deux mêmes attitudes de numéro en numéro, et ce n'est pas cette énième version du portrait - n°7c - qui dynamisera la mise en page.

Pourtant, le miracle se produit un beau jour de 1953, lorsque notre jeune groom quitte sa posture théâtrale pour s'élancer à la rencontre de Buck Danny, le temps d'une saynète improvisée. Franquin, qui en avait déjà livré quelques prototypes dans certains numéros spéciaux publiés au cours des mois précédents, semble avoir trouvé la bonne formule : le bandeau-titre mythique du Journal de Spirou est né.

Jusqu'en 1964, il en créera plus de trois cents, quasiment sans interruption, faisant de la couverture de l'hebdomadaire un théâtre permanent d'inventivité et d'animation. S'il est alors la vedette incontestée du sommaire, il va mettre tout son talent au service de la promotion du travail de ses confrères. Spirou, Fantasio, Spip, le Marsupilami, et plus tard Gaston lui-même, présenteront tout ce que le journal compte de vedettes, de héros de passage ou de rubriques, sous la forme d'un petit sketch improvisé. Qu'ils soient des artistes confirmés ou des débutants, amis ou non, tous bénéficieront de la générosité d'un Franquin alors au faîte de sa créativité. Sans doute plus encore qu'une sage couverture en forme de d'autocongratulation, ces dessins témoignent de l'enthousiasme et de la joie de vivre du Journal de Spirou dont ils sont le reflet sublimé.

Alors que l’exercice aurait facilement pu tourner à la formule répétitive sous la plume d'un autre, il permet au contraire à Franquin de se renouveler sans cesse et d'explorer des thèmes qui trouveront parfois leur aboutissement dans ses œuvres ultérieures. On peut y lire en filigrane toute sa générosité, sa modestie, son impertinence ou son humanisme, assortis d'un plaisir évident à dessiner, qui éclate dans chacun des ces tableaux.

Beaucoup des personnages ou rubriques mis en exergue ici sont aujourd'hui oubliés, mais le fait qu'ils soient présentés par Spirou et Fantasio en font définitivement des « amis de la famille » et leur confèrent une part de postérité. C'est l'âge d'or du Journal de Spirou que l'on découvre ainsi dans ces dessins.
Outre qu'ils nous offrent le plaisir de découvrir du Franquin - sinon inédit, du moins méconnu -, ces bandeaux-titres peuvent également se lire comme un véritable témoignage de l'auteur sur une période magnifiée. Bien qu'ils aient été conçus sans autres intention que celle d'animer ponctuellement la une, ils prennent aujourd'hui une toute autre signification : mis en perspective, ils ne sont ni plus ni moins que « l''histoire du Journal de Spirou racontée par Franquin ».

- L’ÉDITEUR




L'illustration
:

« Quand je dessine des animaux, je ne peux pas m'empêcher d'avoir sur ma table une dizaine ou une quinzaine de photos. C'est un handicap, d'un côté. Il existe des gens qui vous donneront une idée abstraite d'un animal, ce sera magnifique ! J'ai un problème dans mon style, je suis pris entre le réalisme et la caricature. Il m'arrive de rechercher la caricature de tel animal et de le faire trop réaliste, de ne pas pouvoir en sortir et d'essayer cinq ou six systèmes de caricatures... ». A. Franquin, entretien avec S. Insergueix et L. Tvonvina, Falatoff n°12/13, 1972.

« J'ai toujours vécu entouré d'animaux. J'élevais des souris blanches. J'ai recueilli un écureuil, qui a vécu des années chez moi. Quand je passais mes vacances chez ma tante Hortense - comme Gaston, j'ai une tante Hortense ! -, je me retrouvais parmi les poules, les dindons, les pintades, les moutons, les cochons... et je trayais la chèvre. Tout ça c'est merveilleux pour un gosse. C'est un trait de l'enfance, d'adorer les animaux, de se plaire en leur compagnie. Comme Gaston est un grand enfant, je lui ai naturellement donné ce goût. Il a ainsi amené au bureau un hérisson, une tortue, toutes sortes d'oiseaux, un poisson rouge, un chat, une souris et même un homard vivant qu'il avait sauvé de la casserole. Des animaux dans un bureau, ça provoque certains contrastes... ». A. Franquin, extrait de l'ouvrage 'Signé Franquin' - Dupuis, DL 12/1992.

Transformer les bureaux de Spirou en ménagerie n'est finalement pas l'apanage du seul Gaston ! Les animaux..., au-delà de son indicible virtuosité, que Franquin devait les aimer pour les croquer avec tant de sensibilité et de perspicacité ! Ressentir son dessin pour éviter de faire quelque chose de mécanique, sans âme, sans respiration ; Spirou déborde de vie, comme le carton à dessin d'Hausman fourmille d'animaux. Une sorte de courant d'air frais, printanier et primesautier, immortalisé sur un petit bout de papier de rien du tout. « Les animaux sont entre nos mains le gage du paradis perdu » a écrit un jour Léon Bloy (1846-1917) ; entre celles de Franquin (1924-1997), ils sont le gage du paradis retrouvé.

Publication

  • Les bandeaux-titres du journal Spirou
  • Dupuis
  • 11/2017
  • Page intérieure

Voir aussi :   Spirou et Fantasio

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A propos de André Franquin

André Franquin est un auteur belge francophone de bande dessinée, principalement connu pour les séries Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe, Modeste et Pompon et les Idées noires. Il est aussi le créateur du Marsupilami, animal imaginaire.