Série "Kookaburra Universe" - Planche 38 et 39 du Tome 01 + Crayonné préparatoire

Cette double planche de Mitric est une véritable radiographie de l’univers SF de Kookaburra Universe, un instantané congelé dans le graphite où chaque trait semble vibrer d’une énergie quantique. Dès le premier regard, le crayonné dévoile une précision presque technologique : lignes fines, courbes acérées, structures massives comme sculptées à l’aide d’un compas intergalactique. L’épave gigantesque qui occupe le centre de la composition se lit comme un fossile spatial, un vaisseau naufragé sur une planète oubliée, à mi-chemin entre la carcasse d’une créature cosmique et la coque d’une machine de guerre antique.

Mitric exploite magistralement la profondeur du décor : montagnes improbables, horizon gelé, immensité écrasante. On sent l’omniprésence du vide, l’écho du froid, cette impression de fin du monde où les personnages semblent minuscules face à la géométrie de l’espace. Le crayonné donne tout son relief au décor : nervures, lignes vibrées, masses brisées, comme si la planète elle-même était en phase de décompression.

Les personnages, eux, surgissent dans des cases aux cadrages nerveux, presque cinématographiques. Le contraste entre la finesse des visages et la brutalité des situations renforce l’urgence. Mitric maîtrise le chaos contrôlé : ça saute, ça tire, ça fonce, mais toujours dans une chorégraphie maîtrisée, comme si chaque mouvement obéissait à une gravité alternative. Les expressions, malgré le stade de brouillon final, explosent d’intensité : rictus, tension, défi, terreur.

Et l’ensemble fonctionne comme une unique respiration visuelle : impossible d’imaginer chacune des pages séparément, comme deux modules d’un même vaisseau conçus pour ne jamais voler l’un sans l’autre. C’est dans leur dialogue que la scène prend son ampleur: un ballet spatial en attente d’encrage, comme si la planche vibrait encore de la dernière impulsion du crayon.

Planche et crayonné signé par l'auteur