Série "Algernon Woodcock" - Illustration pour Ex-Libris

Cette illustration de Guillaume SOREL révèle une maîtrise remarquable de la lumière et du clair-obscur. L’artiste semble travailler à l’aquarelle ou à l’encre teintée, laissant apparaître des lavis ambrés qui enveloppent la scène d’une atmosphère feutrée et presque hantée. Les ombres s’étirent longuement sur le plancher, comme si le silence de la pièce avait aussi sa propre densité. SOREL joue avec des contrastes subtils : le halo vacillant de la lanterne découpe le personnage en contre-jour, tandis que le chat, perché sur son rebord, se détache avec une précision presque surnaturelle.

Le trait, fin mais nerveux, confère à l’ensemble une texture vivante, où chaque contour semble respirer. Les volumes sont suggérés plus que décrits, par touches de pigments qui se fondent et se délitent comme des souvenirs. L’arrière-plan, traité avec des tons sépia, évoque une scène hors du temps, un décor où les murs eux-mêmes paraissent chargés d’histoires oubliées. Le bois du sol, rythmé de larges coups de pinceau, ancre la scène dans une matière tangible, presque tactile.

L’attitude du personnage et le regard perçant du chat créent une tension douce, un moment suspendu que la technique picturale rend mystérieux. SOREL parvient ainsi à marier le réalisme discret des détails avec une ambiance quasi onirique. Sa palette restreinte, dominée par des bruns chauds et des noirs en transparence, donne à l’image une chaleur mélancolique. C’est une illustration qui semble chuchoter plutôt que montrer, qui invite l’œil à rester, à deviner ce qui se joue dans les interstices de la lumière.

Illustration Signée par Sorel