Dans la collection de Jan
Description
Le fils du Roi
Commentaire
Éric Lambé est une figure essentielle de la bande dessinée alternative francophone contemporaine. Son travail, radicalement tourné vers l’intériorité, le rythme et le dépouillement formel, s’affranchit des conventions narratives pour proposer une expérience de lecture silencieuse et contemplative. En 2017, il est couronné du Fauve d’Or au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour Paysage après la bataille, réalisé avec Philippe de Pierpont¹.
Dans Le Fils du Roi, Lambé pousse encore plus loin cette approche. L’ouvrage ne raconte pas, il expose. Pas de bulles, pas de cases, pas de récit au sens classique, mais des pages comme des seuils, où l’image, répétitive, méditative, invite à la lenteur. Chaque dessin devient espace de pensée. Il confie : *« Je voulais que chaque page soit comme une pensée lente. »*²
Le visage que l’on découvre ici, entièrement tracé au stylo Bic, n’émerge pas d’un récit mais d’un maillage patient de lignes. Le Bic, cet outil ordinaire, devient chez Lambé un instrument d’ascèse. *« Ce qui me plaît avec cet outil, c’est sa banalité. Avec un outil très simple et commun, je peux faire quelque chose de très détaillé et complexe. »*³ Loin d’un geste provocateur, ce choix renforce une esthétique du retrait, de la rigueur, du silence.
Cette démarche entre en résonance, par contraste, avec celle d’Emil Ferris dans My Favorite Thing Is Monsters. Elle aussi dessine au stylo, mais son trait est dense, expressif, saturé de voix intérieures. Là où Ferris explore la mémoire et l’intime dans un flux bouillonnant, Lambé suspend le temps et dilate l’espace. Deux usages du même outil, deux visions du récit graphique.
Dans Le Fils du Roi, Lambé montre comment l’image, la ligne et la lenteur peuvent se rejoindre dans une œuvre graphique qui échappe au récit comme à la narration. Ce qui demeure, c’est l’intensité du regard — capturée sur le papier dans le silence.
Notes
Le Monde (2017). Le Fauve d’or d’Angoulême à “Paysage après la bataille”.
https://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2017/01/28/bd-le-fauve-d-or-d-angouleme-a-paysage-apres-la-bataille_5070743_4420272.html
ActuaBD (2016). Éric Lambé – Les lignes claires d’une intimité. (archivé via Archive.org)
RTBF Culture (2022). Le Bic, le clic de l’enfance devenu l’outil des artistes.
https://www.rtbf.be/article/le-bic-le-clic-de-l-enfance-devenu-l-outil-des-artistes-11557219
Dans Le Fils du Roi, Lambé pousse encore plus loin cette approche. L’ouvrage ne raconte pas, il expose. Pas de bulles, pas de cases, pas de récit au sens classique, mais des pages comme des seuils, où l’image, répétitive, méditative, invite à la lenteur. Chaque dessin devient espace de pensée. Il confie : *« Je voulais que chaque page soit comme une pensée lente. »*²
Le visage que l’on découvre ici, entièrement tracé au stylo Bic, n’émerge pas d’un récit mais d’un maillage patient de lignes. Le Bic, cet outil ordinaire, devient chez Lambé un instrument d’ascèse. *« Ce qui me plaît avec cet outil, c’est sa banalité. Avec un outil très simple et commun, je peux faire quelque chose de très détaillé et complexe. »*³ Loin d’un geste provocateur, ce choix renforce une esthétique du retrait, de la rigueur, du silence.
Cette démarche entre en résonance, par contraste, avec celle d’Emil Ferris dans My Favorite Thing Is Monsters. Elle aussi dessine au stylo, mais son trait est dense, expressif, saturé de voix intérieures. Là où Ferris explore la mémoire et l’intime dans un flux bouillonnant, Lambé suspend le temps et dilate l’espace. Deux usages du même outil, deux visions du récit graphique.
Dans Le Fils du Roi, Lambé montre comment l’image, la ligne et la lenteur peuvent se rejoindre dans une œuvre graphique qui échappe au récit comme à la narration. Ce qui demeure, c’est l’intensité du regard — capturée sur le papier dans le silence.
Notes
Le Monde (2017). Le Fauve d’or d’Angoulême à “Paysage après la bataille”.
https://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2017/01/28/bd-le-fauve-d-or-d-angouleme-a-paysage-apres-la-bataille_5070743_4420272.html
ActuaBD (2016). Éric Lambé – Les lignes claires d’une intimité. (archivé via Archive.org)
RTBF Culture (2022). Le Bic, le clic de l’enfance devenu l’outil des artistes.
https://www.rtbf.be/article/le-bic-le-clic-de-l-enfance-devenu-l-outil-des-artistes-11557219
1 commentaire
Pour laisser un commentaire sur cette œuvre, veuillez vous connecter