Dans la collection de Jan 
Couma Aco par Edmond Baudoin - Planche originale
1457 

Couma Aco

Planche originale
1991
Encre de Chine
Paper
Ajoutée le 15/12/2019
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Description

Coi

Commentaire

En un mot, c’est de la poésie.

Les enfants s’éloignent du sang d’un bœuf abattu, et rejoignent leur grand-père, pour regarder ensemble le coucher du soleil. Il observe, goûte l’air, froisse une feuille, mâchonne un brin d’herbe, et annonce : « Il fera beau. »

Une prévision météorologique fondée non sur la science, mais sur le ressenti., qui devient la matière même de la conversation entre villageois — cette parole qui circule et relie.

Vous pouvez presque sentir les soirées d’été en montagne à travers ce dessin qui est à peine une suite de traits et d’ombres, mais aussi précis et sensuel qu’un souvenir d’enfance. "Ooouw la bastardaille" lance le grand-père à ses neveux.

Pas étonnant que Baudoin ait inspiré toute une génération de dessinateurs et de conteurs.

En effet, plusieurs auteurs de bande dessinée contemporaine, en France comme à l’étranger, reconnaissent en Edmond Baudoin une figure tutélaire :

Craig Thompson, auteur américain de Blankets, évoque dans plusieurs entretiens son admiration pour Baudoin : « Il m’a montré que la bande dessinée pouvait être intime, charnelle, pleine de silences. Je le considère comme un poète visuel. » (BoDoï, 2004). Cette approche introspective et sensorielle résonne profondément dans ses propres œuvres.

En France, Baudoin est souvent cité comme une figure pionnière par les fondateurs de L’Association — David B., Lewis Trondheim, Marjane Satrapi, Emmanuel Guibert — qui ont redéfini la bande dessinée d’auteur dans les années 1990. David B. affirme : « C’est Baudoin qui nous a montré qu’on pouvait dessiner ce qu’on vivait, et que cela avait une valeur artistique. » (L’Association – entretiens croisés, 2001).

Frédéric Pajak, quant à lui, partage avec Baudoin une même sensibilité pour le trait noir et la puissance évocatrice des images : « Chez Baudoin, l’image pense, elle se souvient, elle aime. » (Cahier Dessiné, n°8, 2006).

Alfred, auteur de Pourquoi j’ai tué Pierre, déclare : « Baudoin m’a donné la permission de dessiner avec mes tripes. Chez lui, le dessin n’est jamais décoratif, il est viscéral. » (Ligne Claire, 2010).

Aude Picault, autrice de Idéal Standard, cite Baudoin comme une influence marquante : « Il m’a appris qu’un trait peut respirer, qu’il peut dire sans expliquer. » (Neuvième Art 2.0, 2015).

Cette constellation d’artistes témoigne d’un héritage vivant, porté par une pratique du dessin comme acte existentiel, une forme d’écriture du monde.

Et pour en conclure, en ce qui concerne Monsieur Baudoin, n'est-il pas temps de l'appeler, comme le veut la tradition japonaise, un « trésor national vivant » ? :-)

S’il était né au Japon, Baudoin aurait sans doute été reconnu comme l’un de ces trésors vivants — non pour une œuvre fixée, mais pour sa capacité à rendre chaque trait, chaque ligne, chaque silence signifiant. Il travaille comme les maîtres du sumi-e, non pour représenter, mais pour incarner. Chez lui, le dessin est respiration. Il capte l’instant sans le figer. Il trace la vie sans la refermer.

Publications

  • Couma acò
  • Futuropolis
  • 04/1991
  • Page 22
  • Derrière les Fagots
  • Z'éditions
  • 01/1996
  • Page 64

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A propos de Edmond Baudoin

Edmond Baudoin, né à Nice, est un auteur de bande dessinée et illustrateur français. Il a reçu trois prix du festival d'Angoulême, dont celui du meilleur album en 1991 pour Couma acò. Les albums de Baudoin sont principalement en noir et blanc. Leur originalité graphique se situe entre la peinture et la bande dessinée. Le fait qu'il utilise des pinceaux pour travailler ses aplats de noir n'est sans doute pas étranger à cela. Ses thèmes de prédilection sont le portrait, la rencontre, l'autobiographie, le voyage.