Dans la collection de Jan
Commentaire
Est-il possible d'exprimer en mots ce que disent les images que Mattotti partage avec nous dans toutes leurs variations ? Donc, non.. Puis-je décrire mes émotions par rapport aux images de Mattotti ? Non plus. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que les résultats de la quête "graphique" de Mattotti sont addictifs, enchanteurs, inspirants, parfois effrayants et souvent enivrants.
Une fille qui rêve : Entre mémoire et désir
Dans Une fille qui rêve, Lorenzo Mattotti ouvre un paysage intérieur dont le corps d’une jeune fille endormie constitue le centre silencieux. Allongée sur le côté, légèrement recroquevillée, elle semble s’abandonner à quelque chose de plus vaste que le sommeil — à un flot d’images qui surgissent de l’inconscient.
Au-dessus d’elle flottent deux figures. Une silhouette féminine, lumineuse, soutient dans ses bras une figure masculine, plus sombre. Il semble plus lourd, ses pieds sont attachés par des cordes. Il n’est pas autonome, mais porté. Il est présent, sans être encore arrivé. Cette figure pourrait incarner le désir naissant : une première rencontre avec l’affection, la sensualité, peut-être même la sexualité. Mais ce désir est encore entremêlé de projections anciennes, de traditions, de limites intérieures. Il est formé, porté — pas encore réellement choisi.
À l’avant-droit, une cascade s’écoule. Derrière elle, à demi visible, se tient la silhouette d’un homme vu de dos. Il regarde à travers l’eau, comme venu d’un autre temps. Il est tentant de lire cette figure comme celle du père, ou du moins comme la première image du masculin imprimée dans la psyché de la jeune fille. Il est à l’origine de son rapport à la masculinité, mais séparé désormais par le flux du temps et le voile de l’inconscient. Pourtant, il est là — en silence, en forme — un souvenir influent, sans agir.
Cette composition stratifiée fait de l’œuvre bien plus qu’une scène onirique. Elle semble évoquer un rite de passage : celui de l’innocence vers une conscience intérieure, de la fille vers la femme autonome.
La force de Mattotti réside dans sa suggestion subtile. Dans Une fille qui rêve, le corps n’est pas montré comme un objet, mais comme un support de processus intérieurs. La figure endormie se rêve vers une nouvelle réalité.
Mattotti nous montre ainsi comment l’identité naît — entre ce qui a été et ce qui peut advenir. À une époque où les images crient souvent fort, lui, il murmure. Il suggère. Il invite. Et c’est précisément pour cela que cette œuvre nous hante — comme un rêve dont on se souvient, sans jamais vraiment le comprendre.
Une fille qui rêve : Entre mémoire et désir
Dans Une fille qui rêve, Lorenzo Mattotti ouvre un paysage intérieur dont le corps d’une jeune fille endormie constitue le centre silencieux. Allongée sur le côté, légèrement recroquevillée, elle semble s’abandonner à quelque chose de plus vaste que le sommeil — à un flot d’images qui surgissent de l’inconscient.
Au-dessus d’elle flottent deux figures. Une silhouette féminine, lumineuse, soutient dans ses bras une figure masculine, plus sombre. Il semble plus lourd, ses pieds sont attachés par des cordes. Il n’est pas autonome, mais porté. Il est présent, sans être encore arrivé. Cette figure pourrait incarner le désir naissant : une première rencontre avec l’affection, la sensualité, peut-être même la sexualité. Mais ce désir est encore entremêlé de projections anciennes, de traditions, de limites intérieures. Il est formé, porté — pas encore réellement choisi.
À l’avant-droit, une cascade s’écoule. Derrière elle, à demi visible, se tient la silhouette d’un homme vu de dos. Il regarde à travers l’eau, comme venu d’un autre temps. Il est tentant de lire cette figure comme celle du père, ou du moins comme la première image du masculin imprimée dans la psyché de la jeune fille. Il est à l’origine de son rapport à la masculinité, mais séparé désormais par le flux du temps et le voile de l’inconscient. Pourtant, il est là — en silence, en forme — un souvenir influent, sans agir.
Cette composition stratifiée fait de l’œuvre bien plus qu’une scène onirique. Elle semble évoquer un rite de passage : celui de l’innocence vers une conscience intérieure, de la fille vers la femme autonome.
La force de Mattotti réside dans sa suggestion subtile. Dans Une fille qui rêve, le corps n’est pas montré comme un objet, mais comme un support de processus intérieurs. La figure endormie se rêve vers une nouvelle réalité.
Mattotti nous montre ainsi comment l’identité naît — entre ce qui a été et ce qui peut advenir. À une époque où les images crient souvent fort, lui, il murmure. Il suggère. Il invite. Et c’est précisément pour cela que cette œuvre nous hante — comme un rêve dont on se souvient, sans jamais vraiment le comprendre.
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A propos de Lorenzo Mattotti
Lorenzo Mattotti est un illustrateur, peintre et auteur de bande dessinée italien né le 24 janvier 1954 à Brescia. Ses illustrations ont été publiées dans Cosmopolitan, Vogue, The New Yorker, Le Monde et Vanity Fair. Dans le domaine de la bande dessinée, Mattotti a remporté un Eisner Award en 2003 pour son roman graphique Dr Jekyll & Mr Hyde.