Dans la collection de Jan
Description
A l'occasion de la sortie de Guirlanda, Mattotti a créé un certain nombre d'illustrations L'exposition à la galerie Martel comprenait des planches de dessins originaux et ces illustrations.
Commentaire
À l’occasion de la sortie de Guirlanda, Lorenzo Mattotti a réalisé une série d’illustrations sur papier népalais, destinées aux lecteurs et collectionneurs. Présentées aux côtés de planches originales dans une exposition à la galerie Martel, ces images prolongent l’univers du livre.
Mattotti a toujours refusé de vendre les planches de ses bandes dessinées. Ce choix, loin d’être anecdotique, marque une position claire : ses pages ne sont pas des objets décoratifs, mais les fragments d’un récit qui ne prend sens que dans la lecture. Il protège ainsi la nature séquentielle et narrative de son travail.
Avec Guirlanda, publié en 2017, Mattotti signe un ouvrage exceptionnel : plus de 400 pages en noir et blanc, déployées dans un univers étrange et mental. Le scénario est signé Jerry Kramsky (pseudonyme de Dario Piana), collaborateur régulier de Mattotti depuis les années 1990. Ensemble, ils ont également réalisé Feux, Labyrinthes, Linea Fragile, Murmures et Docteur Jekyll & Mister Hyde, ... . Contrairement à ses projets picturaux ou autonomes, les récits dessinés de Mattotti sont toujours réalisés avec un scénariste. Ce travail à deux voix structure une grande partie de son œuvre narrative.
Kramsky propose une trame ouverte, que Mattotti interprète librement. Il ajoute, module, ralentit. Le dessin impose son propre rythme. Le texte devient un point de départ, et non un cadre contraignant.
Dans Guirlanda, cette méthode atteint son expression la plus aboutie. Le récit, volontairement fragmenté, se déploie dans un monde d’ombres, de forêts, de visages masqués. L’histoire s’élabore dans la durée. Elle refuse l’explication, et privilégie l’immersion.
Par sa structure et son atmosphère, Guirlanda évoque les grandes légendes européennes : une traversée d’espaces inconnus, des rencontres avec des figures archaïques, des épisodes sans chronologie fixe. On y retrouve l’idée d’un voyage initiatique, dans un univers mental chargé de symboles, mais sans clé.
Ce travail fait écho à une autre collaboration importante : Stigmates, publié en 1998, sur un scénario de Claudio Piersanti, écrivain italien reconnu pour ses romans psychologiques. Son texte — oppressant et intense — est considéré comme un sommet littéraire dans le champ du roman graphique. Les dessins de Mattotti qui l’accompagnent ne sont pas retenus, mais bruts, puissants, physiquement chargés : les lignes raclent, le noir domine, les visages se dissolvent. C’est un acte expressif direct, qui traduit la violence du récit en images.
Guirlanda, au contraire, n’est pas un livre sur la chute ou le salut, mais sur l’errance, la perte de repères. En ce sens, l’illustration sur papier népalais s’inscrit parfaitement dans cette ambiance : il ne s’agit pas d’une scène, mais d’une atmosphère. Une figure flotte entre les feuillages, entre rêve et réalité. Comme souvent chez Mattotti, l’image prend sens à travers ce que le spectateur y projette. Elle agit lentement, silencieusement, de façon hypnotique — et s’imprime durablement dans la mémoire.
Mattotti a toujours refusé de vendre les planches de ses bandes dessinées. Ce choix, loin d’être anecdotique, marque une position claire : ses pages ne sont pas des objets décoratifs, mais les fragments d’un récit qui ne prend sens que dans la lecture. Il protège ainsi la nature séquentielle et narrative de son travail.
Avec Guirlanda, publié en 2017, Mattotti signe un ouvrage exceptionnel : plus de 400 pages en noir et blanc, déployées dans un univers étrange et mental. Le scénario est signé Jerry Kramsky (pseudonyme de Dario Piana), collaborateur régulier de Mattotti depuis les années 1990. Ensemble, ils ont également réalisé Feux, Labyrinthes, Linea Fragile, Murmures et Docteur Jekyll & Mister Hyde, ... . Contrairement à ses projets picturaux ou autonomes, les récits dessinés de Mattotti sont toujours réalisés avec un scénariste. Ce travail à deux voix structure une grande partie de son œuvre narrative.
Kramsky propose une trame ouverte, que Mattotti interprète librement. Il ajoute, module, ralentit. Le dessin impose son propre rythme. Le texte devient un point de départ, et non un cadre contraignant.
Dans Guirlanda, cette méthode atteint son expression la plus aboutie. Le récit, volontairement fragmenté, se déploie dans un monde d’ombres, de forêts, de visages masqués. L’histoire s’élabore dans la durée. Elle refuse l’explication, et privilégie l’immersion.
Par sa structure et son atmosphère, Guirlanda évoque les grandes légendes européennes : une traversée d’espaces inconnus, des rencontres avec des figures archaïques, des épisodes sans chronologie fixe. On y retrouve l’idée d’un voyage initiatique, dans un univers mental chargé de symboles, mais sans clé.
Ce travail fait écho à une autre collaboration importante : Stigmates, publié en 1998, sur un scénario de Claudio Piersanti, écrivain italien reconnu pour ses romans psychologiques. Son texte — oppressant et intense — est considéré comme un sommet littéraire dans le champ du roman graphique. Les dessins de Mattotti qui l’accompagnent ne sont pas retenus, mais bruts, puissants, physiquement chargés : les lignes raclent, le noir domine, les visages se dissolvent. C’est un acte expressif direct, qui traduit la violence du récit en images.
Guirlanda, au contraire, n’est pas un livre sur la chute ou le salut, mais sur l’errance, la perte de repères. En ce sens, l’illustration sur papier népalais s’inscrit parfaitement dans cette ambiance : il ne s’agit pas d’une scène, mais d’une atmosphère. Une figure flotte entre les feuillages, entre rêve et réalité. Comme souvent chez Mattotti, l’image prend sens à travers ce que le spectateur y projette. Elle agit lentement, silencieusement, de façon hypnotique — et s’imprime durablement dans la mémoire.
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A propos de Lorenzo Mattotti
Lorenzo Mattotti est un illustrateur, peintre et auteur de bande dessinée italien né le 24 janvier 1954 à Brescia. Ses illustrations ont été publiées dans Cosmopolitan, Vogue, The New Yorker, Le Monde et Vanity Fair. Dans le domaine de la bande dessinée, Mattotti a remporté un Eisner Award en 2003 pour son roman graphique Dr Jekyll & Mr Hyde.