Dans la collection de beboun7
Hugo Pratt -Corto Maltese - Strip de Mu - Planche originale
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Hugo Pratt -Corto Maltese - Strip de Mu

Planche originale
Encre de Chine
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Steine et Bouche Dorée "le Mythe"
Corto et Levi Columbia "L'Atlantide"
Première parution française - nov 1989
Magazine Corto - parution de la première partie de Mu en france
Première parution italienne - décembre 1988
Venexiana Stevenson, Bouche Dorée et Steiner, des amis d'Hugo

Commentaire

Strip de Mû – 1988 – p 92 de l’édition « brique »
Dimensions 17.5 cm x 37.5 cm
Encre de chine, feutre et Mine de plomb

« Mû » est la 29ème et dernière histoire complète publiée de la saga de Corto Maltese, quintessence de l’œuvre d’Hugo Pratt. Par la suite, d’autre histoires ont été ébauchées : la suite de la jeunesse, Corto et le grand Turc, le superbe « j’avais un rendez-vous », histoire en couleur directe dans les mers du Sud, mais elles n’ont jamais été terminées*.

Avec « Mû » et la recherche de l’Atlantide, Hugo Pratt boucle son œuvre autour de Corto. Si l’on met de côté « La balade de la mer salée », 1ère histoire dans laquelle apparait Corto mais qui ne devait pas avoir de suite, le premier réel épisode de la saga Corto Maltese est « le Secret de Tristan Bantam », publié dans Pif en mars 1970 : Corto y rencontre Steiner, Mû est en toile de fond,

Décembre 1988 : publication de la première partie de Mû dans le magazine Corto en Italie. Contrairement aux années 1970 et à ce qu’en a dit Pratt lui-même, il ne renoue pas avec la simple et « vraie » aventure. « Mû » a pu décevoir certains lecteurs ou aficionados de Corto Maltese, mais je suis totalement d’accord avec Dominique Petitfaux sur le sujet, « Mû » est l’équivalent des « Bijoux de la Castafiore » pour Tintin (sauf que Pratt ne fera pas de « Tintin et les Picaros »). L’œuvre a évoluée, son auteur aussi et l’aventure est plus symbolique, initiatique que réelle. Elle est également, comme le dit Dominique Petitfaux, plus ironique qu’onirique. Graphiquement, Hugo Pratt, n’a plus rien à démontrer mais il continue à chercher : l’épure, le trait minimaliste capable de transmettre l’émotion et de servir au mieux l’histoire. Pour moi, cette recherche graphique verra son aboutissement à travers les portfolios pop-art, en particulier Tango et Flamenco, plus encore qu’à travers ses dernières bandes dessinées.

Pourquoi ce strip ?

Alors que dans cet album, certains décors ont été réalisés par Lele Vianello et Guido Fuga, ce strip est entièrement de la main d’Hugo Pratt.


Mais surtout, ce strip est marqué par 2 profils de Corto Maltese lui-même et par la présence de 3 personnages très emblématiques et récurrents de la saga qui, je pense, représentent des thématiques chères à Hugo Pratt et que l’on retrouvera dans l’ensemble de son œuvre : les femmes, l’amitié et l’aventure.

Les femmes, éternel questionnement, à travers la présence de Bouche Dorée, prêtresse, sorcière de la macumba mais aussi stratège en affaire pour permettre de financer des causes révolutionnaires,… Bouche Dorée : femme parmi les femmes, qui représente la synthèse de l’idéal féminin pour Hugo Pratt : «Le résumé de toutes les femmes qui m’ont intéressées».

L’amitié, incarnée par le Professeur Jérémiah Steiner, ancien professeur de l’Université de Prague, archéologue alcoolique présents dans 8 histoires de la saga. Compagnon fidèle de Corto Maltese lors de la recherche de trésor en Amérique du Sud, mais aussi en Suisse et sur mer, peut-être son seul véritable ami. En effet, Corto est toujours très entouré, surtout de belles femmes. Les quelques personnages récurrents de type masculin sont Raspoutine bien sûr, le professeur Steiner et Cush. Mais les rapports entre Raspoutine et Corto et entre Cush et Corto sont beaucoup plus complexes et ambigus.
L’aventure enfin, incarnée par Lévi Columbia, antiquaire, ami de Steiner et toujours à la recherche de Trésor, de cité engloutie ou de Mû…

Enfin, ce strip toujours car il fait aussi la part belle aux dialogues et évoque de manière on ne peut plus explicite, le thème de la recherche de l’Atlantide et du royaume de Mû. Dans plusieurs interviews, Hugo Pratt se considère avant tout comme dialoguiste. Il m’apparait évident que c’est d’ailleurs le principal écueil à la reprise de la série : qui pour penser l’histoire et écrire les dialogues* ? Dans ce strip, le dialogue est truffé de références historiques et mythologiques, permettant au lecteur, s’il le désire, de plonger avec délectation dans ses propres recherches…et dans l’œuvre complexe mais d’une richesse extrême d’Hugo Pratt.


* : en fait, en relisant l’œuvre, j’émets l’hypothèse qu’Hugo Pratt a déjà écrit lui-même les 30 et 31ème aventures de la saga de Corto Maltese : il s’agirait de « A l’ouest de l’Eden » et de « la Macumba du Gringo » : aventures d’une pureté graphique extrême, d’une richesse scénaristique inégalée et dans lesquelles, Corto Maltese, simple spectateur, simple relais avec le lecteur comme dans bien des épisodes, n’a pas pris la peine d’apparaitre...même dans les dernières pages.

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A propos de Hugo Pratt

Hugo Eugenio Pratt est un auteur de bande dessinée italien. Son œuvre la plus connue est Corto Maltese qui a largement dépassé le champ de la bande dessinée.