Le Si... si... si... : Bobby75
Ce mois-ci c'est Bobby75 qui répond aux questions du Si... si... si... !
1. Si je devais citer un élément déclencheur qui m'a poussé à acquérir mon premier original et donné envie de collectionner ?
Milo Manara bien sûr et la découverte fortuite, fin 2017, d’une librairie spécialisée vendant quelques originaux du maître de l’érotisme.
J’en suis évidemment ressorti avec une petite illustration et un strip, avant de craquer quelques jours plus tard pour ma toute première planche :
Candide Camera (Miel II) par Milo Manara
Je tombais de la lune : il était donc possible d’acquérir des originaux de bandes dessinées !
Après cette révélation tardive, j’ai commencé par rendre visite à la galerie représentant Manara sur Paris, puis par élargir mon champ de recherches et d’acquisitions tout en restant centré sur ma thématique de départ, à savoir les femmes, ce qui a logiquement engendré une dominante érotique à ma collection. Ce n’est pas ma faute si les auteurs de BD ont une fâcheuse tendance à dénuder leurs héroïnes !
Bref, j’étais foutu moi aussi, quand bien même j’ai résisté - et résiste toujours – à basculer dans la collection. Car, mes acquisitions sont (presque) toujours destinées à être accrochées aux murs, qui ne sont pas extensibles à l’infini, même s’il m’arrive de faire quelques entorses à cette règle.
Si j’ai pu nourrir moi aussi quelques regrets de m’être réveillé si tard, ces sentiments ont cependant largement été compensés par les belles rencontres avec des galeristes, des auteur(e)s - y compris parfois celles ou ceux qui avaient nourri mon adolescence ou ma vie de jeune adulte - et des collectionneurs/amateurs très sympathiques, bien plus érudits que moi et pourtant désireux d’échanger autour de notre passion commune. Par contre, ce milieu manque un peu de femmes ;)
Et enfin, j’ai eu la chance que certaines de mes madeleines et les planches d’auteurs érotiques, même historiques tels que Manara, étaient encore « accessibles ». Vive donc la diversité en matière de goûts et de couleurs !
2. Si je pouvais ajouter à ma collection une œuvre présentée actuellement dans les galeries de
2DG ?
Si les classiques FB n’étaient pas inaccessibles, je pencherais sans doute pour une planche d’Hergé, de Franquin ou de Giraud, voire de Bilal, même si pas très raccord avec la thématique de ma collection ;)
Donc je dirais cette planche du Parfum de l’Invisible de Manara :
Cette planche de Milo Manara est dans la collection de MorgnThorg
Je n’en rajouterai pas sur le descriptif, car son heureux propriétaire a déjà tout dit sur cette planche toute en « suggestion » mettant en « avant l’héroïne sans doute la plus […] sensuelle » de l’histoire de la bande dessinée.
Comme souvent, le visuel ne rend pas justice à cette planche d’une élégance rare. Alors je me console en me disant qu’elle est en excellente compagnie, dans une des collections les plus construites, intelligentes et belles qu’il m’ait été donné de voir.
Ou alors (on ne se refait pas) cette magnifique planche de l’Eté Indien :
Cette planche de Milo Manara est dans la collection de Difool
Un véritable joyau de ce chef d’œuvre de l’Italian connection ! T’es un sacré veinard Difool ;)
3. Si je ne devais conserver qu'une seule œuvre dans ma collection ?
Autant demander à un parent de choisir entre ses enfants ;)
Plus sérieusement, il me manque sans doute le recul nécessaire pour apporter une réponse définitive à cette question. Déjà parce que chaque acquisition est singulière : coup de cœur, madeleine, qualités esthétiques ou encore dimension historique de l’œuvre. Bref, autant de raisons différentes pour craquer.
De plus certaines planches sont chargées émotionnellement car acquises auprès d’un auteur, d’un galeriste ou d’un collectionneur avec lequel on a noué des relations particulières quand leurs acquisitions ne sont l’aboutissement d’une vraie quête.
Peut-être aussi que cette difficulté à arbitrer n’est que le reflet d’une « collection » trop jeune, n’ayant pas atteint la maturité suffisante et/ou trouvé l’œuvre qui ne souffrirait d’aucun débat. Je précise cependant que ce commentaire ne traduit aucune frustration, car j’ai plutôt l’impression d’avoir eu beaucoup de chance malgré mon réveil tardif.
Mais pour en revenir à nos moutons, je vais procéder par élimination en ne retenant pas ma planche du Déclic 1, son visuel n’étant pas tous publics ;)
Si je ne devais en conserver qu’une, il s’agirait sans doute de ma planche du Voyage en Italie de Cosey :
Le Voyage en Italie par Cosey
Un passage clé de ce diptyque et surtout une planche magnifique – avec sa case centrale très Prattienne - réunissant mes trois amis de trente ans.
Bref, LA madeleine dans toute sa splendeur !
4. Si je pouvais acheter une œuvre que j'ai laissé filer par le passé ?
N’étant tombé dans la marmite que récemment, je n’ai pas encore eu le temps d’en laisser « filer » tant que ça. Mais, il y a bien une planche de Conan par Robin Recht que je regrette de ne pas avoir achetée alors que je l’avais pourtant réservée. Car, en arrivant à la galerie pour finaliser l’achat, j’ai eu un nouveau coup de cœur pour une autre planche du même album. Je pense bien être resté une demi-heure à observer, étudier et jauger ces deux planches posées l’une à côté de l’autre.
Si je n’ai pas pris les deux, ce n’est pas tant pour des questions d’ordre budgétaires, mais plutôt parce que je me refusais à rentrer dans une logique d’accumulation. Et ce n’est qu’avec le recul que je me suis rendu compte que j’avais fait ce jour-là une grosse bêtise ;)
Car si j’adore ma planche « neigeuse » de facture « européenne », avec les principaux personnages et très représentative de cet album coup de cœur de l’année 2018, je ne peux m’empêcher de repenser souvent à cette autre planche magnifique à la « Frank Miller » introduisant la Fille du Géant du Gel sur fond de bataille du Nordheim :
Conan , "La fille du géant du gel" par Robin Recht
Heureusement, elle a refait apparition sur 2DG dans la magnifique collection de MARV :)
5. Si je pouvais avec un budget de 5 000 € acquérir une ou plusieurs œuvres parmi celles proposées en vente sur 2DG ?
Pour commencer, cette planche de la trilogie TER par Christophe Dubois :
Cette planche est proposée à la vente par BDmotion
Un vrai festival de couleurs, de sensualité et de magie d’un auteur très talentueux.
Puisqu’il me resterait un crédit, j’opterais ensuite pour cette planche de Mécanique Céleste par Merwan :
Cette planche est proposée à la vente par Huberty & Breyne Gallery
Une histoire de balle au prisonnier dans un monde post-apocalyptique de… 194 pages !
Un véritable OVNI et sans doute mon coup de cœur de l’année 2019. Et surtout, ces planches réalisées à l’encre avec mise en couleurs directe sont d’une grande beauté.
6. Si j’étais un personnage de Bande Dessinée ?
J’ai toujours ressenti une affinité particulière avec les personnages de Cosey. D’abord Jonathan, puis l’écrivain Melvin Woodworth de A la recherche de Peter Pan et enfin, et surtout, Arthur J. Druey du Voyage en Italie :
Arthur J. Druey, héros du Voyage en Italie par Cosey
Un « héros » qui, malgré les démons du passé et son amour de jeunesse perdu, traverse les épreuves de la vie, faisant preuve de générosité, de résilience et d’humanité. Un peu moi… en mieux bien sûr ;)
7. Si j'avais la possibilité de passer une journée avec un artiste disparu ?
Parce qu’on a inventé la machine à remonter le temps ?! Alors désolé, mais je file d’abord à Liverpool fin 1961 ou début 1962 pour aller voir les Beatles à la Cavern. Mais ensuite, je remonte le temps pour passer une journée avec Jean Giraud.
Jean Giraud / Moebius
Mais vous n’auriez pas envie de tronquer la fin de la question et laisser une petite place au rêve ? Car s’il s’agissait d’un artiste toujours vivant, je choisirais Milo Manara évidemment ;)
8. Si je pouvais poser une question à cet auteur ?
Le disparu ? Mais comment faites-vous pour être à la fois Giraud et Moebius ?!
Et surtout je lui demanderais s’il voudrait bien commencer par dessiner du Moebius, avant d’enchaîner sur du Giraud. Cette dichotomie quasi schizophrénique m’a toujours fasciné chez lui.
Le toujours vivant ? Je passerais la journée à le regarder dessiner ces visages et ces courbes affolantes et profiterais de ses pauses cigares pour l’interroger sur ses conditions de travail dans son camion réformé de l’armée française lors de son road trip vers l’Inde en 1983.
9. Si je ne devais posséder qu'un seul album dédicacé dans ma collection ?
Je n’en possède pas beaucoup, mais j’opterais sans hésitations pour cette dédicace de Robin Recht représentant Atali, la Fille du Géant du Gel :
Parce que particulièrement réussie (on s’éloigne de la dédicace), mais surtout pour la générosité et la gentillesse de son auteur qui n’a pas hésité à traverser Paris pour que je puisse récupérer mon album avant les fêtes.
10. Si je pouvais lire la suite d’une bd ?
El Gaucho, un album qui n’était pas destiné à rester un one shot, mais dont la suite a été rendue impossible par le décès prématuré d’Hugo Pratt.
Reste que je me consolerais aussi avec une nouvelle aventure de Giuseppe Bergman. Milo, si tu es à l’écoute ;)
Couverture de l'album "El Gaucho" par Manara
Voici enfin la réponse de Bobby75 à une question imaginée par Trystan lors du précédent Si... si... si... :
Si tu devais citer de jeunes artistes qui vont percer dans le milieu des originaux ces prochaines années ?
Donc, on part du postulat que le monde des originaux FB a encore de beaux jours devant lui ? Et que les auteurs ne troqueront pas tous leur planche à dessin pour la palette graphique ? Mais même dans ces hypothèses, je me garderai bien de faire des pronostics ;)
Car, difficile de rester à jour avec plus de 5000 albums publiés chaque année. Et puis, la folle stratégie éditoriale actuelle laisse peu de chance à un(e) jeune auteur(e) de s’installer dans la durée. Enfin, les jeunes lecteurs d’aujourd’hui – donc les potentiels collectionneurs de demain – sont, a priori, plutôt friands de mangas, de romans graphiques et/ou de one-shots.
Bref, la plupart des jeunes auteurs, mêmes talentueux, tomberont dans l’oubli. Et comme je ne dispose pas d’une boule de cristal…
Néanmoins, je serais ravi que des « jeunes » auteurs tels que Merwan, Picault, Recht ou encore Vivès (à condition qu’il lâche sa palette) percent dans le monde des originaux. Mais tout ceci n’est que basé sur quelques trop rares lectures et expos.
Qui vivra verra… en espérant que des femmes feront partie des heureux élus.
Nous remercions Bobby75 pour sa participation.
Rendez-vous le mois prochain !