Dans la collection de philofanfan 
Jacques Tardi, Léo Malet, 1981 - Nestor Burma : Brouillard au pont de Tolbiac -  Alléluia ! - - Planche originale
2953 

1981 - Nestor Burma : Brouillard au pont de Tolbiac - Alléluia ! -

Planche originale
circa 1981
Encre de Chine
Case-case : 40 x 28.5 cm - Verre musée
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Encadrement
La rue Cantagrel (XIIIe)
Case 1
Cité Refuge
Cité Refuge
Cité Refuge
Case 2
L'avenue des Gobelins
Théatre des Gobelins
Case 4
Du rififi chez les hommes (1955) de Jules Dassin
Viaduc de Tolbiac
Pont de Tobliac
Hier et aujourd'hui
Plan

Description

Planche réalisée en 1981
Planche 34 extraite du Tome 1 " Brouillard au pont de Tolbiac " de la série Nestor Burma
Paris, 1956. La nuit, sur le pont de Tolbiac, un homme rôde. Dans son regard, la folie... Pendant ce temps, Nestor Burma, détective privé réputé pour mettre le mystère K. O. , enquête sur la mort d’un vieux chiffonnier. Et se retrouve plongé dans ses souvenirs de jeunesse. Il se revoit vingt ans plus tôt, en jeune anarchiste usant ses semelles sur les trottoirs du 13e arrondissement...
Publié en 1981 dans le magazine A suivre, Brouillard au pont de Tolbiac est la première adaptation par Tardi d’un roman noir de la série Les Nouveaux Mystères de Paris, écrite par Léo Malet. C’est l’occasion pour le dessinateur d’arpenter Paris en tous sens avant de recréer avec brio l’ambiance urbaine de la capitale d’après-guerre. Pavés luisants, odeurs de macadam mouillé et architectures de métal : le graphisme de Tardi, avec son noir et blanc rehaussé d’aplats gris, n’a pas d’équivalent pour traduire en images l’atmosphère de la ville. Un polar sombre et fascinant marqué par la fatalité.

Commentaire


Résumé de l'album
(jusqu'à cette planche) :

Nestor Burma est appelé à l'aide par un vieil ami, Abel Benoît, qui, après une agression, à échoué à l'hôpital de la Salpêtrière. Abel Benoît, ce nom ne lui évoque pourtant rien...
Dans le métro qui le conduit à l’hôpital, Burma réalise qu'il est suivit par une jeune et séduisante gitane. Ils engagent la discussion. Elle s’appelle Bélita et est une amie de Benoît qui est en réalité Albert Lenantais, un camarade anarchiste que Nestor a connu il y a de cela plus de vingt ans. Une époque ou notre détective de choc, alors jeune crieur de journaux vivait au foyer végétalien de la rue de Tolbiac, fréquenté par toute une clique d'idéalistes et d'anarchistes.
Bélita l'informe désormais qu'il est inutile de se rendre à l'hosto : Lenantais est mort le matin même des deux coups de couteaux reçus. Burma s'y rendra tout de même. Arrivé à l'hopital, il se heurte à l’inspecteur Fabre qui l'accompagne à la morgue. Le commissaire Faroux, du 36 quai des Orfèvres, les rejoint. Il est visiblement là pour obtenir des informations de la bouche de Burma. Il fait également allusion à un policier, Norbert Ballin, en charge d'une vieille enquête sur la disparition en 1936, aux environs du pont de Tolbiac, d'une grosse somme d'argent volée à un garçon de recettes. Difficile mission d’éclaircir l'assassinat de Lenantais et le vol de 1936, deux crimes en apparence indépendants et tout aussi inexplicables.
En se rendant Passage des Hautes-formes (aujourd’hui la rue des Hautes-formes, entre la rue Nationale et la rue Baudricourt) où Lenantais tenait une boutique de cordonnerie et de fripes, Burma découvre la baraque voisine où vit Bélita et la tire des griffes (et du fouet) de Dolorès, sa marâtre, enragée de ne plus pouvoir tirer de revenus des relations entre Bélita et Lenantais. Ce dernier avait en effet " achetée " la liberté de Bélita et versait à ce titre une rente mensuelle. Avec la disparition de son protecteur, la grosse Dolorès à le champ libre pour lui imposer un nouveau joug.
C'était sans compter sur l'amourachement de la belle et du privé. Ils vont désormais suivre ensemble la piste des meurtriers de Lenantais et continuer leurs investigations dans ce XIIIe arrondissement dans lequel Léo Malet a vécu et contre lequel il conserve la dent dure. Ainsi dans son roman, il fait dire à Nestor Burma : " C’est un sale quartier, un foutu coin, dis-je. Il ressemble aux autres, comme ça, et il a bien changé depuis mon temps, on dirait que ça s’est amélioré, mais c’est son climat. Pas partout, mais dans certaines rues, certains endroits, on y respire un sale air. Fous-en le camp, Belita. Va bazarder tes fleurs où tu voudras, mais fous le camp de ce coin. Il te broiera, comme il en a broyé d’autres. Ça pue trop la misère, la merde et le malheur... ".

Pour l'heure nos deux tourtereaux patrouillent planche 33 la si insolite rue Watt à la recherche d'un indice qui pourrait déclencher le mécanisme du ciboulot de Burma. Chou blanc. La planche 33 s'achève sur ces mots : " Il est plus que l'heure d'aller bouffer... Je t'invite au resto, Bélita... Remontons Place d'Italie. ".

Nous les retrouvons à 150 mètres de là en planche 34 et rue Cantagrel.


La planche :


La magie noire de Tardi. Pêle-mêle, au détour de cette planche parisienne, on croise Le Corbusier, Auguste Rodin, Jules Dassin... Une planche d'ambiance comme je les aime

En case 1 : la rue Cantagrel, à hauteur du numéro 8, à quelques 150 mètres environ de la rue Watt que Bélita et Burma viennent de quitter et à quelques encablures seulement de La Cité de Refuge.

En case 2 : La Cité Refuge, située au numéro 12 de la rue Cantagrel. Inscrit aux Monuments historiques depuis 1975 ce bâtiment d'architecture moderne sera entreprit par l'Armée du Salut en 1929. C'est Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret qui s'y attèleront. Il sera inauguré en 1933 par le président Albert Le Brun. Depuis cette date, la destination de l'édifice n'a pas changée et il s'agit encore aujourd'hui d'un centre d’hébergement et de réinsertion sociale.

En case 3 : gros plan de Burma au téléphone dans une brasserie de la Place d'Italie

En case 4 : Le théâtre des Gobelins. Cette salle de spectacles fut construite en 1869, à l'initiative d'Henri Larochelle, par l'architecte Alphonse Cusin. Le décor de la façade principale est l'oeuvre d'un jeune sculpteur alors inconnu, Auguste Rodin, étudiant aux Beaux-Arts et aux Gobelins. Les deux figures sculptées représentent le Drame (l'homme) et la Comédie (la femme).
A son ouverture, ce théâtre à l'italienne de 800 places accueille des mises en scène à grand spectacle, comme celle du "Tour du monde en 80 jours", qui comporte quinze tableaux.
Au succès des représentations théâtrales succède celui des spectacles de variété et, dès 1906, des projections de films documentaires, comiques et du fiction. Permanent à partir de 1934, le cinéma a été restauré en 1993, puis ferme ses portes en 2004.

En case 5 : Du rififi chez les hommes de Jules Dassin (1955) : Tony le Stéphanois (Jean Servais) à gauche sur l'écran, Mario Ferrati (Robert Manuel) au centre et Jo le Suédois (Carl Möhner) à droite.

En case 6 : Le pont de Tolbiac et un homme. Construit en 1892, son originalité le fait figurer dans tous les livres traitant des ponts métalliques. Ce pont, à trois travées de 51 mètres, 60 mètres et 51 mètres, était en effet constitué de deux poutres latérales en Warren comportant des articulations au quart des travées de rive. Il surplombait les voies ferrées de la gare de Paris Austerlitz.
Démonté dans les années 1990, pour laisser la place à la sinistre avenue de France et à ses lugubres immeubles de bureaux, le viaduc de Tolbiac, déposé dans un entrepôt de l'Eure, attend un hypothétique remontage dans le quartier.

Ci-dessous quelques liens utiles à ceux qui souhaiteraient pousser davantage les investigations.

http://lebrunf9.free.fr/parisenbd/tardi/tolbiac/index.html

http://13envues.canalblog.com/archives/2009/04/29/13551589.html

https://www.polarsurbains.com/brouillard-au-pont-de-tolbiac.html

Merci enfin à son ancien propriétaire pour cette transaction qui me ravit.

Publications

  • Brouillard au pont de Tolbiac
  • Casterman
  • 05/1982
  • Page 42
  • Brouillard au pont de Tolbiac
  • Casterman
  • 04/1992
  • Page intérieure
  • Brouillard au pont de Tolbiac
  • Casterman
  • 05/1982
  • Page intérieure

Voir aussi :   Nestor Burma

Thématiques


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A propos de Jacques Tardi

Jacques Tardi est un auteur de bande dessinée et illustrateur français. Tardi est surtout connu pour Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, ses adaptations des romans de Nestor Burma et sa représentation directe et réaliste de la guerre.