Bob Morane - L'Empereur de Macao

Bob Morane - L'Empereur de Macao - planche 3.
Prépublication le 24 janvier 1979 dans le n°4 de la 34ème année de l’hebdomadaire Tintin (ou le n°176 si on considère la numérotation française au lieu de celle de nos amis belges).
Étonnamment, un autre hebdomadaire belge va avoir droit à la prépublication de cette aventure, avec seulement un jour de décalage par rapport à Tintin. Il s’agit de Junior, le supplément jeunesse du magazine « Chez nous ».
La publication en album se fera en mai de l’année suivante. Il existe deux éditions originales sorties simultanément : celle du Lombard en Belgique et celle de Dargaud qui bénéficiait à l’époque des droits de diffusion pour la France (sous copyright Editions du Lombard).
À noter que la case 3 a été utilisée pour la couverture du magazine Junior n°5 du 1er février 1979 ainsi que celle de la revue Reflets n°39 de septembre 1996.
Et tout récemment, le site bdzoom a utilisé cette planche (ainsi que ma planche d'Attanasio) pour illustrer son article sur la mort d'Henri Vernes :
http://bdzoom.com/169569/actualites/henri-vernes-dernier-voyage-pour-%c2%ab-l%e2%80%99aventurier-%c2%bb/

Mise à jour au 09/07/2020 : nouvelles photos additionnelles et nouveau commentaire (parce qu’elle le vaut bien !)
Pour ce qui sera son ultime aventure de Bob Morane, William Vance a eu le droit d’adapter lui-même le roman d’Henri Vernes, L’Empereur de Macao, comme il l’avait déjà fait brillamment pour l’épisode précédent, L’empreinte du crapaud. De plus, sur cet album, il n’a pas du tout sollicité Coria (son beau-frère, le futur repreneur de la série), qui avait l’habitude de l’aider pour les crayonnés ainsi que les décors.
C’est probablement cette totale liberté qui va permettre à William Vance de signer ce qui est pour moi le meilleur album de Bob Morane de tous les temps (et quand on lit son interview dans le Sapristi n°36 consacré à Vance, il semble bien qu’Henri Vernes soit d’accord avec moi).
Pourtant, je dois avouer que la première fois que je l’ai lu, au sein de l’intégrale, je n’ai pas vraiment flashé. En fait, autant je suis un immense fan des romans d’Henri Vernes, autant les BD m’avaient toujours laissé perplexe.
L’explication en est assez évidente : les couleurs de tous ces albums sortis dans les années 70 sont absolument horribles ! Elles étaient peut-être à la mode à l’époque, mais aujourd’hui, ce n’est tout simplement plus possible ! Et L’Empereur de Macao ne déroge pas à la règle : du violet et du rouge d’une laideur affligeante, sans compter un bleu omniprésent jusque dans les yeux de Bob Morane dont tous les fans savent pertinemment qu’il a les yeux gris acier !
Et puis, il suffit de regarder la couverture du magazine Junior du 1er février 1979 pour confirmer que c’était vraiment un effet de mode. Non mais vous avez vu le traitement réservé au sublime portrait du héros ! À se demander si le coloriste n’était pas sous acide !
D’ailleurs, William Vance lui-même pensait probablement la même chose puisque, suite à la réédition dans les années 90 de tous ses Bob Morane sous la forme d’une intégrale en six tomes, il a refusé que sa série Bruno Brazil subisse ce même traitement à la va-vite. Pour la réédition, sa femme Petra s’est donc chargée de refaire toute la mise en couleur, William Vance supervisant lui-même la maquette. Et c’est ainsi que Bruno Brazil a pu retrouver une seconde jeunesse.
Et donc, malheureusement, aujourd’hui, le seul moyen de profiter pleinement de ce chef d’œuvre qu’est L’Empereur de Macao est de baver devant l’édition en format 1/1 et en noir et blanc qui avait été publiée par Claude Lefrancq en 1996 pour les 10 ans du Club Bob Morane. Mais, 150 exemplaires numérotés et signés par Vernes et Vance, plus 50 malheureux exemplaires d’auteur : j’aime autant vous dire qu’il est depuis longtemps introuvable de chez introuvable !
A moins qu’on attende que l’intégralité des planches ne se retrouvent sur 2DG ? Allez, encore un effort : pour l’instant, on en est à 11 sur 46 !
En tout cas, il est clair que cet album fait partie de ces œuvres qui perdent toute leur magie avec la mise en couleur. Ça aurait été chouette de fêter les 40 ans de la première parution avec une réédition en noir et blanc accessible à tous ! Allez, soyons optimistes : ce n’est que partie remise pour les 50 ans…
Et sinon il y a la solution des parutions étrangères.
Malheureusement, en Allemagne, l’histoire a été publiée avec les mêmes couleurs dans le mensuel COMIC SPIEGEL (8 épisodes entre juillet 1989 et février 1990).
Je pensais avoir plus de chance avec nos amis transalpins ! Mais il se trouve que l’hebdomadaire SKORPIO qui a lui aussi publié cette histoire (3 épisodes entre le 21 octobre et le 4 novembre 1982) a opté pour une alternance de noir et blanc et de couleurs maison qui, sans être pires que celles d’origines, n’en demeurent pas moins… discutables.
Bonne nouvelle : il semblerait que cette histoire ait eu droit au noir et blanc dans la revue bimensuelle FANTOMET (3 épisodes entre fin septembre et fin octobre 1982). Il y a juste un léger problème : c’est en Danois… Et en plus, malgré de longues recherches, je n’ai pas réussi à mettre la main sur un exemplaire.

Quoiqu’il en soit, cette planche que j’ai eu l’immense chance de pouvoir acquérir en 2001 représente pour moi la quintessence de Bob Morane en BD. Si notre héros ne devait avoir qu’un visage, ce serait évidemment cet extraordinaire portrait de la case 3. A-t-on déjà vu plus belle représentation du personnage d’Henri Vernes ?
Quant à la première case, elle n’est pas sans évoquer l’illustration mythique qui ornera les pages de gardes des six derniers albums dessinés par William Vance. Avec, en plus, deux sales trognes « à la Vance », ainsi qu’un petit effet de brume de derrière les fagots !
On peut aussi parler de ce découpage très cinématographique qui nous donne ce zoom en case 2, puis un second en case 4, avec ce fabuleux regard du héros qui n’a peur de rien.

Ce n’est pas pour rien que le dessinateur a mis très longtemps avant d’accepter de se séparer de cette planche qui occupait régulièrement une place de choix dans les expositions consacrées soit à Vance, soit à Bob Morane !
D’ailleurs, en conclusion, j’en profite pour préciser que, contrairement à lui, rien ne pourra me faire changer d’avis : je garderai cette merveille jusqu’à mon dernier souffle !