Dans la collection de ayrton 
Becdor par José Cabrero Arnal, Pierre Camus - Illustration originale
43 

Becdor

Illustration originale
1947
Encre de Chine
24 x 16 cm (9.45 x 6.3 in.)
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Couverture de l'album
4Ème de couverture de l'album
Début dans l'Humanité du 17/04/1947
Becdor dans l'Humanité du 03/07/1947
Annonce pour l'album dans l'Humanité du 18/09/1947
Becdor dans Pif 3ème série n°14
Fascicule Becdor pages 20-21

Description

Becdor au royaume des animaux
Illustration n°19
Encre de Chine
Prépublication L'Humanité du 03/07/1947
Album "Supplémént à l'Humanité" paru en septembre 1947
Nouvelle publication dans le mensuel Les aventures de Pif, 3ème série, n°14 d'avril 1959

Inscriptions / Signatures

Non

Commentaire

Arnal, UN PEU DE CHRONOLOGIE :

• 30/05/1945 : arrivée à Paris, quasi-mourant, après 4 ans et 4 mois passés à Mauthausen
• 24/01/1946 : 1ère BD d’Arnal parue en France dans le n°48 de Vaillant
• 16/05/1946 : création de Placid et Muzo dans le n° 56 de Vaillant
• 26/06/1946 : 1er dessin dans l’Humanité, quotidien du parti communiste français (caricature de Charlot)
• 16/01/1947 : début de Becdor au royaume des animaux dans l’Humanité
• 28/03/1948 : 1er strip de Pif le chien dans l’Humanité
• décembre 1948 : premières planches de Pif dans l’Almanach ouvrier-paysan 1949
• décembre 1950 : 1er numéro de Roudoudou
• 21/12/1952 : premières planches de Pif dans le n°397 de Vaillant

LE COIN DES ENFANTS :

Le 27/06/1946 débute dans l’Humanité une rubrique enfantine hebdomadaire paraissant le jeudi (jour de congé des écoliers) sur 1/4 de page d’un journal qui n’en a que quatre. Arnal en sera l’illustrateur principal avant d’être suppléé par Roger Mas. Jeux, strips humoristiques, textes illustrés sont au programme mais la rubrique sera parfois réduite ou supprimée en fonction de l’actualité, parfois elle ne paraît pas pendant les 3 mois de vacances d’été. On note une grande volonté d’interactivité avec les enfants : courrier des lecteurs, concours de dessins, référendums. Elle sera publiée jusqu’en janvier 1951.

BECDOR :

Ce charmant canard est déjà là le 27/06/1946, présenté par « Jean-Claude »(1), rédacteur quasi-unique de la rubrique, qui demande aux enfants de lui trouver un nom. Deux semaines plus tard ils ont, paraît-il, choisi de l’appeler Oscar. On peut supposer qu’il y a eu une vive protestation de la Société Parisienne d’Edition (SPE) qui republiait depuis mai le journal Fillette dont le personnage vedette était Oscar le petit canard, de Mat. C’est pourquoi le 26/09, apparaît une fée qui transforme notre volatile en l’habillant en page moyenâgeux, en le dotant d’un épée magique et en le rebaptisant Becdor(2).
Oscar vivait des aventures prosaïques (trouver à manger et ne pas être mangé), celles de Becdor, toujours sous la forme de textes illustrés, seront plus échevelées. Outre Becdor au royaume des animaux, il y aura Becdor aviateur (il va même sur la lune!), Becdor vagabond, Le tour du monde de Becdor et d’autres..La série durera jusqu’en juin 1950, illustrée par Mas à partir du 27/05/1948.

BECDOR AU ROYAUME DES ANIMAUX :

Becdor sauve un innocent de la potence, est fait prisonnier par les soldats-chiens du roi-lion Leo IV, est délivré par les « compagnons de la liberté « , opposants au régime, et ensemble ils renversent le tyran.
Ce texte est bien sûr fortement imprégné du souvenir de la Résistance.
Histoire publiée du 17/04 au 17/07/1947. Ce sera la seule à bénéficier d’un album(3)qui sortira en septembre 1947, présenté comme un « supplément à l’Humanité (4)», vendu par correspondance ou colportage, au prix de 30 francs(5). Il a 24 pages noir et blanc ou couleurs, 24 illustrations d’Arnal reproduites au format de réalisation, une par page (d’où les numéros en haut des originaux, rajoutés pour l’imprimerie).
À cause du manque d’espace le texte paru dans le journal est une version abrégée du texte final qui est plus détaillé, plus littéraire, et aussi plus incisif(6). Seules 21 illustrations ont été publiées dans le quotidien communiste ( manquent les n° 7, 21 et 22, le texte qui va avec elles manque aussi ce qui donne lieu à de curieuses ellipses narratives qui ont dû laisser perplexe plus d’un jeune lecteur).
L’histoire reparaît dans les n° 9 à 14 de la 3ème série du mensuel Les aventures de Pif ( novembre 1958 à avril 1959) dans la version Humanité à peine remaniée et avec 22 illustrations.


ILLUSTRATION n°19 :

Les soldats-chiens précipités dans l’eau après le sabotage de la passerelle.
Le texte de l’album est plus explicite que celui du journal sur le sort des soldats : tous noyés !
La finesse et l’élégance du trait sont remarquables.
L’inspiration d’Arnal est évidemment à rechercher du côté des dessins animés américains, Walt Disney en tête mais aussi Felix le chat. Il faut rappeler qu’avant la guerre civile, il avait travaillé pour la version espagnole du Journal de Mickey.
Chaque original est annoté au crayon de papier en haut ou au verso. Les fautes et les tournures hispanisantes de ces lignes permettent de les attribuer à Arnal toujours en apprentissage du français(7).


POUR FINIR:

Ces petits dessins, aussi modestes qu’ils puissent sembler, sont le témoignage émouvant des débuts en France d’un grand dessinateur qui a eu beaucoup plus d’influence sur la BD européenne que ce qu’en disent les historiens. Placid et Muzo et même par moments, Pif , c’était sacrément délirant !!
Un grand bonheur de les avoir dans ma collection.


(1) Pierre CAMUS (1897-1955), journaliste à l’Humanité depuis 1930, signait ses papiers du pseudonyme de Jean-Claude.
(2) Il fallait expliquer ça aux petits lecteurs, le texte exact des paroles de la fée est : « je sais que de nombreux petits amis t’ont baptisé Oscar, ce qui est bien joli. Mais ils ne savaient pas -et il faut les en excuser – qu’il existait déjà un autre Oscar, plus destiné à amuser les fillettes. Alors tu comprends, il ne faut plus qu’il y ait de confusion ». Message surtout destiné à la SPE ?
La question c’est : l’ont-ils fait exprès ? On peut leur laisser le bénéfice du doute mais, quand on sait que le journal Vaillant s’est appelé ainsi pour concurrencer l’hebdomadaire catholique Coeurs Vaillants, et que dans cette rubrique enfantine de l'Humanité il y eut un éphémère personnage baptisé...Tintin ! (les aventures de Titine et Tintin, l’Humanité du 6/07/1950) …
(3) Album annoncé dès la parution du 17/04 où la couverture est déjà montrée. Les enfants demandèrent immédiatement à acheter un fascicule qui n’était ni imprimé ni même dessiné.
(4) Peut-être une astuce pour échapper à l’obligation légale de demander une autorisation de publication et l’attribution d’un stock de papier (on est toujours en plein rationnement).
(5) C’est assez cher. En comparaison, un album des Pieds Nickelés valait 45 francs pour une pagination deux fois supérieure. Et c’était beaucoup plus marrant !
(6) Par exemple, la version Humanité «  Le roi-lion fait régner la terreur et ceux qui le servent ne valent pas mieux que lui. Pour avoir la paix nous devons les mettre tous à la raison » devient dans le fascicule « Pour avoir la paix nous devons anéantir la dynastie ».
Voilà, c’est comme ça qu’on forme les petits communistes
 
!:)
(7) Ici, le texte au dos est «  de façon qu’il s’ecroule a son passage et tous perissent dans les tumultueuses eaux du fleuve »

PS : Les reproductions de l’Humanité ont pour source : gallica.bnf.fr/Bibliothèque Nationale de France.
Les curieux pourront consulter le livre de Philippe Guillen « José Cabrero Arnal » (Editions Loubatières, 2011) plus centré sur l’homme, son parcours, la période espagnole, les années de guerre, que sur l’oeuvre dessinée  en France; et aussi le hors-série Pif Pop Culture de mars 2024.

Publications

  • Becdor au royaume des animaux
  • L'humanité
  • 09/1947
  • Page intérieure
  • 3e série T.14
  • Vaillant
  • 04/1959
  • Page intérieure

Voir aussi :   Pif le chien

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A propos de José Cabrero Arnal

José Cabrero Arnal est un dessinateur de bande dessinée espagnol. Il est le créateur du personnage Pif le chien.